La France a décidé le 26 février de livrer davantage d'équipements militaires à l'Ukraine et de renforcer les sanctions économiques et financières contre la Russie, au moment où les conséquences économiques de l'opération militaire russe en Ukraine lancée le 24 février inquiètent les candidats à la présidentielle française.
Un conseil de défense réuni en fin de journée a acté que les sanctions économiques seront renforcées «en coordination avec les Européens et les Américains». Ont été décidées «des mesures nationales de gel des avoirs financiers de personnalités russes», et de «nouvelles mesures», devant être prises «avec les partenaires européens concernant la facilité Swift».
Avant même le début de l'opération militaire russe en Ukraine, l'accélération de l'inflation avait déjà mis le pouvoir d'achat au premier rang des préoccupations des Français dans cette campagne présidentielle, poussant les candidats à multiplier les propositions en faveur de hausses de salaires, baisses de charges ou économies d'énergie pour réduire la facture.
Or, le début du conflit s'est traduit immédiatement par un bond des cours mondiaux du pétrole, du gaz et de certaines matières premières dont le blé, et la crainte est désormais que Moscou instaure des mesures de rétorsion aux sanctions occidentales.
Craintes pour l'économie française
Le candidat de La France insoumise (LFI) Jean-Luc Mélenchon a critiqué la réponse du président aux agriculteurs. «Les conséquences, on [ne] pouvait pas y réfléchir avant ?», a-t-il interrogé depuis l'île de La Réunion, dénonçant «une mauvaise blague». Le matin du 26 février, le chef de l'Etat avait notamment annoncé devant des responsables agricoles au Salon de l'agriculture un prochain «plan de résilience» pour «sécuriser» les filières et «bâtir des boucliers en termes de coûts [...], dans la durée», face à la situation en Ukraine.
La candidate du Rassemblement national (RN) Marine Le Pen a, elle, alerté sur les conséquences des sanctions sur le pouvoir d'achat des Français, qui pourraient selon elle être «terrifiantes».
«Les sanctions en elles-mêmes seront inefficaces [et] toucheront [les] intérêts [français]», avait abondé son concurrent Eric Zemmour le 25 février lors d'un meeting à Chambéry, en Savoie.
La candidate LR Valérie Pécresse est quand à elle favorable à la définition au niveau européen des «productions stratégiques» à soutenir. En perte de vitesse, elle a saisi en Normandie l'occasion d'attaquer les candidats à l'Elysée «qui ont défendu» la Russie, désormais selon elle «discrédités pour gouverner la France» – comprendre Marine Le Pen, Eric Zemmour et Jean-Luc Mélenchon.
La candidate socialiste Anne Hidalgo a pour sa part proposé lors d'un meeting à Bordeaux un «blocage des prix de l’énergie» en France et une «politique européenne de sécurité et de défense» plus «solide».
La campagne présidentielle – qui avait du mal à décoller, asphyxiée par la crise sanitaire et l'absence dans l'arène du président sortant – est donc désormais chamboulée par la situation en Ukraine.
Le 24 février, le président russe Vladimir Poutine a annoncé tôt une opération militaire en Ukraine, qui vise selon lui à défendre les Républiques populaires autoproclamées de Donetsk et de Lougansk, dont il a reconnu l'indépendance trois jours plus tôt, et à «démilitariser et dénazifier l’Ukraine». Cette opération a été dénoncée notamment par la Turquie et les pays occidentaux, dont certains ont déjà annoncé de nouvelles sanctions.