L'intervention militaire russe en Ukraine «durera [et] il faut nous y préparer», a averti Emmanuel Macron au salon de l'agriculture ce 26 février, en indiquant que le gouvernement préparait «un plan de résilience» pour faire face aux conséquences économiques de cette crise.
«La guerre est revenue en Europe. Cette guerre a été choisie unilatéralement par le président Poutine [...] De manière certaine, il y aura des conséquences dans nos exportations pour les grandes filières», comme celles du vin, des céréales et de l'alimentation du bétail, a déclaré le chef de l'Etat à des responsables agricoles en inaugurant le salon à Paris.
La France fournit à la Russie 780 millions d'euros par an de produits agroalimentaires
«Nous sommes en train de bâtir un plan de résilience, d'abord pour sécuriser pour nos filières nos intrants, ensuite pour bâtir des boucliers en termes de coûts [...] et apporter des réponses dans la durée», a cependant garanti Emmanuel Macron. Il faut «vous accompagner en termes de revenus, et accompagner nos compatriotes aussi sur les impacts en termes de coûts immanquablement», a-t-il insisté en s'adressant aux responsables des filières et des syndicats agricoles.
Emmanuel Macron s'est exprimé pendant une vingtaine de minutes devant les dirigeants des organisations professionnelles. Sa visite au salon est écourtée en raison de la crise internationale, et le Premier ministre Jean Castex doit prendre son relais dans les allées du salon après l'inauguration vers 9h.
Les professionnels de l'alimentation redoutent des mesures de rétorsion russes en réaction aux sanctions occidentales, qui viendraient perturber les échanges. La France est le neuvième fournisseur de la Russie en produits agroalimentaires, pour 780 millions d'euros par an, selon l'association française de l'agro-industrie Ania. Plusieurs grands groupes sont implantés en Ukraine, en particulier dans le secteur laitier, des céréales et des semences. Lactalis (groupe français présent notamment dans l'industrie laitière), qui a un stand au salon, compte trois sites de production dans l'ex-république socialiste.
Après les tractations sans succès de ces derniers mois entre la Russie et des chancelleries occidentales sur le dossier ukrainien, l'armée russe a entamé le 24 février une intervention militaire dans le pays voisin, donnant lieu à de nombreuses condamnations sur la scène internationale, les Occidentaux dénonçant une «invasion». L'opération militaire vise, selon Vladimir Poutine, à défendre les Républiques populaires autoproclamées de Donetsk et Lougansk (reconnues comme indépendantes par la Russie) contre Kiev, mais également à «démilitariser» et «dénazifier» l'Ukraine, selon ses termes. Elle a fait, dans des capitales occidentales mais aussi en Russie, l'objet de manifestations de contestation.