«Super Follow» : Twitter envisage de diversifier ses revenus via des abonnements payants
- Avec AFP
Le réseau social envisage de doubler son chiffre d'affaires en proposant de nouveaux services, dont des abonnements payants à certains comptes. Ceux-ci constitueraient une source de revenus alternative à la publicité.
Twitter envisage de proposer à ses utilisateurs des abonnements et services payants. A l'heure où le modèle économique de nombreux géants du web aux services «gratuits» reposant sur la publicité semble de plus en plus remis en cause, il s'agirait pour le réseau à l'oiseau bleu d'un moyen de diversifier ses revenus.
Le 25 février 2021, Twitter a présenté les Super Follows (les «super abonnés») lors de son rendez-vous annuel pour les investisseurs. Il s'agit pour les utilisateurs d'un abonnement optionnel payant (de l'ordre de quelques dollars par mois) à certains comptes de créateurs de contenu, qui leur permettra d'avoir accès à des bonus exclusifs ou à un groupe privé, ou encore d'obtenir des remises sur des produits dérivés et recevoir des newsletters. La date de lancement éventuelle de ce nouveau service n'a pas été communiquée et Twitter devrait donner de plus amples informations sur ce projet dans les prochains mois.
«Nous explorons des opportunités de financement par le public comme les Super Follows qui permettront aux créateurs et publications d'être soutenus directement par leurs audiences et les encouragera à continuer de créer des contenus que leur public adore», a expliqué un porte-parole du groupe californien à l'AFP, le 25 février.
Avec Super Follow, Twitter envisagerait donc de recourir au modèle du petit mécénat, largement popularisé par des plateformes comme Patreon, Twitch ou YouTube (propriété de Google). Sur ces plateformes, les divers systèmes d'abonnements et de pourboires – combinés parfois avec la publicité – ont permis la création d'une industrie des influenceurs.
Innover pour doubler le chiffre d'affaires
Dans son discours d'ouverture du rendez-vous, le fondateur et président de Twitter Jack Dorsey a exposé la situation en ces termes : «Nous sommes critiqués pour trois raisons. Nous sommes lents, nous ne sommes pas innovants et on ne nous fait pas confiance». Des problèmes auxquels il entend remédier grâce à Super Follow, mais aussi à d'autres services tels que Communities qui permettra de créer des groupes plus restreints de conversation sur un sujet spécifique, comme l'indique le site spécialisé Cnet – mais aussi les «fleets» déjà existants (des tweets éphémères, inspirés des «stories» de Snapchat et d'Instagram) et les salons audio (sans doute inspirés de Clubhouse, l'étoile montante des réseaux sociaux).
Avec ces innovations, Twitter souhaite atteindre 315 millions d'utilisateurs «monétisables» d'ici 2023, contre 192 millions actuellement. Une performance qui lui permettrait de parvenir à son objectif de 7,5 milliards de dollars de chiffre d'affaires annuel, soit plus du double des 3,7 milliards engrangés en 2020.
C'est la première fois que Twitter fait part d'objectifs financiers sur le long terme, et cet optimisme a provoqué un bond du cours de son action à Wall Street, celle-ci passant de 71,91 dollars à la fermeture le 24 février à 79,28 dollars le lendemain à 11h30.
Ces ambitions nécessitent cependant des investissements majeurs, alors que les régulateurs, les annonceurs et la société civile attaquent le modèle des grandes plateformes internet qui fournissent des services gratuits en échange des données d'utilisateurs que les marques achètent pour cibler les bons profils, à grande échelle et de façon personnalisée. Or, les autorités ont entrepris de réguler la confidentialité des informations personnelles et le pistage des internautes dans leur navigation. Apple, qui contrôle l'une des deux plateformes mobiles dominantes (iOS/iPadOS sur les iPhone et iPad, notamment), a par exemple prévu d'imposer aux éditeurs d'apps de demander à leurs utilisateurs la permission de récolter leurs données.
Ce changement de paradigme, «toute l'industrie va le sentir passer», a reconnu Bruce Falck, directeur des revenus chez Twitter cité par l'AFP, tout en assurant que son entreprise était bien préparée à la mise à jour qui suscite la colère de nombreux voisins de San Francisco et de la Silicon Valley, à commencer par Facebook. La société de l'oiseau bleu ne détient cependant que 0,9% du marché de la publicité numérique mondiale, d'après le cabinet eMarketer, loin derrière Google et Facebook (30% et 24% respectivement).
En janvier dernier, l'action Twitter avait par ailleurs payé le prix d'une politique de modération de contenus stricte, allant même jusqu'à suspendre définitivement le compte de l'alors président américain Donald Trump.