Bruno Le Maire : si elle n’aide pas l’Italie face au coronavirus, «l'Europe ne s’en relèvera pas»
Le ministre français de l'Economie et des Finances a estimé que si elle n'aidait pas l'Italie, l'UE ne s'en relèverait pas. Il a aussi appelé les Etats membres à «se rassembler» pour faire face à la crise du coronavirus.
«Si c'est le chacun pour soi, si on laisse tomber certains Etats, si on dit à l'Italie, par exemple "débrouillez-vous tout seuls", l'Europe ne s'en relèvera pas», a affirmé le vendredi 20 mars le ministre français de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire sur la chaîne télévisée d’informations en continu LCI.
«Si nous ne sommes pas capables de nous rassembler, c'est le projet politique européen qui sera emporté par cette crise», a-t-il ajouté, appelant l'UE à suivre l'exemple de la Banque centrale européenne (BCE), qui a annoncé mercredi un plan d'urgence de 750 milliards d'euros.
«On voit que la solidarité de la zone euro se reconstitue, que les écarts des taux d'intérêts se réduisent», a estimé Bruno Le Maire.
«Nous sommes sur la bonne voie et il faut continuer dans la durée à manifester cette solidarité européenne pour que le continent européen puisse sortir plus fort de cette crise», a-t-il ajouté, sans préciser les mesures que devraient prendre les Etats membres.
Dans un entretien accordé vendredi au Financial Times, le Premier ministre italien Giuseppe Conte avait été plus explicite. Il a ainsi demandé à l'UE d'utiliser «toute la puissance» du Mécanisme européen de solidarité (MES) de la zone euro face à la crise «sans précédent» que constitue l’épidémie de Covid-19.
Selon lui, la voie à suivre consiste à ouvrir toutes les lignes de crédit du fonds de secours à tous les Etats membres «pour les aider à lutter contre les conséquences de l'épidémie de Covid-19, avec pour condition que chaque Etat soit transparent et rende des comptes sur la manière dont sont dépensées les ressources».
Ce mécanisme a été mis en place en 2012 lors de la crise de la dette de la zone euro. Doté d'une réserve de 410 milliards d'euros, le MES fournit des crédits aux pays en difficulté. En échange, les Etats – comme ce fut le cas pour la Grèce – doivent se soumettre à certaines conditions.
La Grèce a par exemple été contrainte à un programme de rigueur budgétaire sévère, ainsi qu’à des privatisations qui l’ont dépossédée d’une quinzaine d’aéroports régionaux, de ports et d’infrastructures dans le domaine de l’énergie notamment.