Coronavirus : la BCE dévoile un plan de soutien à l’économie européenne de 750 milliards d’euros
Après un faux pas la semaine passée, la Banque centrale européenne a annoncé un plan massif de rachat de dette censé rassurer les marchés financiers. Si la nouvelle a été bien accueillie par le secteur, la méthode semble montrer ses premières limites
Après une semaine très difficile, la Banque centrale européenne (BCE) semble avoir réussi à rassurer les marchés financiers, au moins de façon momentanée. En pleine pandémie mondiale de coronavirus, et alors que le bilan des victimes ne cesse de s’alourdir d’heure en heure, la principale instance financière de l’Union européenne a annoncé un gigantesque plan d’urgence de soutien à l’économie d’une somme de 750 milliards d’euros.
La nouvelle a été rendue publique par la BCE le 18 mars en fin de soirée dans un communiqué de presse mis en ligne sur son site. «Ce nouveau Pandemic Emergency Purchase Programme [Programme d’Achat d’Urgence en cas de Pandémie] disposera d’une enveloppe de 750 milliards. Les achats seront conduits jusqu’à la fin 2020 et incluront toutes les catégories d’actifs éligibles dans le cadre du programme d’achat d’actifs (APP)», peut-on lire dans le document.
Press release: ECB announces €750 billion Pandemic Emergency Purchase Programme (PEPP) https://t.co/gcU39zZR4O
— European Central Bank (@ecb) March 18, 2020
L’UE aura finalement mis plus d’une semaine à rectifier le tir. En effet, la nouvelle présidente de la BCE, Christine Lagarde, avait dans un premier temps complètement raté son entrée en fonction, pour la première grande crise de son mandat. Interrogée par une journaliste sur le plan dévoilé le 12 mars par la BCE, jugé insuffisant en regard de celui de la Réserve fédérale (Fed) aux Etats-Unis par exemple, l’ancienne ministre française n’avait pas hésité à être directe, expliquant que «la BCE n’a pas pour rôle de réduire les spreads [les écarts entre les différents taux d’emprunt des pays de l’UE]». Si elle avait bien tenté de rattraper le coup quelques minutes plus tard sur CNBC, les marchés financiers avaient très mal réagi à cette annonce.
Un «bazooka» pour quel résultat ?
Ce plan d’urgence, vu par beaucoup d’analystes comme un «bazooka» et censé rassurer définitivement les marchés, frappe par son montant de 750 milliards d’euros mais aussi par les nouvelles procédures permettant ces injections massives de liquidités afin de fluidifier le marché et maintenir la confiance, pierre angulaire du système financier.
La BCE pourra désormais se procurer des obligations grecques, ce qui n’était pas le cas dans le cadre de l’APP, mais également acheter des titres de dette à court terme émis par les entreprises. Une nouveauté qui permettrait, selon la BCE, de rouvrir un marché se rapprochant de l’atonie. Enfin, l'institution a précisé vouloir rendre plus flexibles les règles au sujet des créances qu’elle accepte en garantie et ainsi inclure une partie plus importante de crédits accordés aux entreprises. Un signe fort de soutien à l'économie.
«Le Conseil des gouverneurs est pleinement disposé à accroître la taille de ses programmes d'achat d'actifs et à ajuster leur composition, autant que nécessaire et aussi longtemps que nécessaire. Il explorera toutes les options et toutes les éventualités pour soutenir l'économie à travers ce choc», a prévenu l’institution comme un avertissement aux marchés. «La BCE ne tolérera aucun risque dans la bonne transmission de sa politique monétaire dans toutes les juridictions de la zone euro», est-il encore souligné.
Un message de fermeté repris par sa présidente sur Twitter. «Des temps extraordinaires nécessitent une action extraordinaire. Il n’y a pas de limites à notre engagement envers l’euro. Nous sommes déterminées à utiliser le plein potentiel de nos outils, dans le cadre de notre mandat», a fait savoir celle qui fut ministre de l’économie de 2007 à 2011.
Extraordinary times require extraordinary action. There are no limits to our commitment to the euro. We are determined to use the full potential of our tools, within our mandate. https://t.co/RhxuVYPeVR
— Christine Lagarde (@Lagarde) March 18, 2020
Reste à espérer pour l’économie de la zone euro que l’usage qui sera fait de ce «bazooka» par le marché suivra les directives énoncées par la BCE. Après ces annonces, le CAC 40 a ouvert en légère hausse (+3.36% à 9h50) ce 19 mars, signe que les marchés ont été en partie rassurés par les mesures de la banque centrale.
Alexis Le Meur