La France propose 15 milliards de dollars de pré-achat de pétrole iranien pour sauver l’accord
Les médias internationaux reprennent des informations de la presse iranienne selon lesquelles la France aurait proposé à l’Iran une ligne de 15 milliards de dollars de pré-achat de pétrole. En échange Téhéran renoncerait à sortir de l'accord.
L’agence de presse iranienne Irna rapporte qu’une délégation iranienne de haut niveau s’est rendue à Paris le 1er septembre pour discuter d’une proposition française visant à contribuer à la restauration partielle des exportations de pétrole de l’Iran, pilier de son économie. Elle rassemblait une équipe d’économistes et de représentants de la banque centrale, ainsi qu’Abbas Araghchi, adjoint du ministre des Affaires étrangères Mohammad Djavad Zarif, en déplacement à Moscou.
C’était le deuxième voyage du vice-ministre dans la capitale française en moins de six semaines, dans le cadre des négociations les plus substantielles entre l’Iran et une puissance occidentale depuis la sortie de l’accord sur le nucléaire iranien décidée par le président des Etats-Unis et l’entrée en vigueur de sanctions contre le secteur pétrolier iranien.
Le porte-parole de Mohammad Djavad Zarif, Abbas Moussavi, a précisé que des pourparlers relatifs à l'accord avaient également eu lieu à Vienne.
Tasnim, journal proche du pouvoir iranien, citant un entretien avec le député conservateur Ali Motahari rapporte que la proposition française – élaborée au terme de plusieurs heures de négociations téléphoniques entre le président iranien Hassan Rouhani et le président français Emmanuel Macron, et lors d'une récente réunion avec Mohammad Djavad Zarif – prévoit une ligne de crédit de 15 milliards de dollars (13,7 milliards d’euros) à l'Iran sous forme de pré-achat de pétrole iranien.
Ali Motahari précise que la France aurait proposé un paiement en trois versements. En contrepartie, l'Iran lèverait sa menace d'accélérer ses activités d’enrichissement à partir du 5 septembre et s’engagerait à respecter pleinement l'accord.
Selon les calculs du New York Times, la ligne de crédit proposée par Paris représente la moitié des revenus annuels que l’Iran pourrait tirer de son pétrole sans le régime de sanctions.
«Les points de vue de l'Iran et de la France se sont rapprochés», a déclaré à la presse Ali Rabiei, porte-parole du gouvernement iranien, lors d'une conférence de presse à Téhéran, ajoutant que l'Iran «allait de l’avant et faisait des progrès» dans ses efforts pour résoudre la crise par la voie diplomatique.
A Moscou, le ministre des Affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov, a déclaré le 1er septembre au cours d’une conférence de presse avec son homologue iranien, Mohammad Djavad Zarif, que la Russie soutenait «l’attitude du président français dans la mesure où celle-ci vise à faire respecter l’accord dans sa totalité, sans ajouts et sans exemptions».
Abbas Araghchi, cité par ISNA, autre agence de presse iranienne, avait en outre affirmé le 31 août que les discussions entre Donald Trump et Emmanuel Macron lors du sommet du G7 avaient «montré une flexibilité en ce qui concerne le pétrole iranien».
Toutefois, dans son édition datée du 2 septembre, le New York Times, rapporte des commentaires de «sources au sein de l’administration [américaine]», estimant que «la démarche française, qui semble avoir le soutien d’autres nations européennes, sape les efforts de l’administration pour exercer ce que [Donald] Trump appelle une "pression maximale" sur Téhéran».
Le retrait des Etats-Unis en mai 2018 de l’accord sur le nucléaire iranien, aussi connu sous le nom de Plan d’action global commun, ainsi que les sanctions imposées à l’économie iranienne ont déclenché une crise sécuritaire qui a secoué la région du golfe Persique avec des attaques de pétroliers et la destruction de drones militaires.
Les actions de Washington ont également poussé l’Europe à chercher un moyen efficace de maintenir l’accord en vie sans se heurter aux sanctions américaines.
Jean-François Guélain