Au côté de Trump, Macron révèle les dessous de la visite surprise de l'Iran au G7 de Biarritz
Coup de poker manqué, tentative de mettre les Etats-Unis au pied du mur ? En conférence de presse pour la clôture du G7, le chef d'Etat français a révélé comment s'était organisée la venue, à la surprise générale, de Mohammad Javad Zarif à Biarritz.
Le 25 août, un avion transportant le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, se posait à Biarritz à la surprise générale. Organisée par la diplomatie française, cette visite inattendue faisait couler beaucoup d'encre, notamment après que Washington eut refusé de rencontrer la délégation iranienne. Emmanuel Macron, de son côté, faisait machine arrière après des informations de la diplomatie française selon laquelle un message commun du G7 devait être communiqué sur l'Iran. Un contexte pour le moins flou, qui a inspiré la question pour le moins directe d'un journaliste américain à Emmanuel Macron, en conférence de presse le 26 août à Biarritz : «Avez-vous demandé la permission du président Trump avant d'inviter le ministre des Affaires étrangères [...] Mohammad Javad Zarif ?»
Iran's active diplomacy in pursuit of constructive engagement continues.
— Javad Zarif (@JZarif) August 25, 2019
Met @EmmanuelMacron on sidelines of #G7Biarritz after extensive talks with @JY_LeDrian & Finance Min. followed by a joint briefing for UK/Germany.
Road ahead is difficult. But worth trying. pic.twitter.com/oXdACvt20T
Pris au dépourvu, le président français, au côté de Donald Trump, a réagi : «Je vais être tout à fait clair [...] Nous ne nous sommes jamais exprimés au nom des autres pays, nous avons simplement testé différentes solutions et essayé de voir si nous trouvions un accord avec différents pays.»
«J'ai décidé d'inviter, en tant qu'ami, le ministre Zarif et avant de le faire, j'en ai informé le président Trump», a affirmé Emmanuel Macron, soulignant qu'il s'agissait de son idée d'agir séparément sans «impliquer les Etats-Unis» et sans «dire que c'était au nom de tout le G7».
«C'est donc une initiative française mais dont le président américain a été informé a l'avance, et nous avons également informé les trois leaders européens», a affirmé Emmanuel Macron, ajoutant que son idée était de rendre possible des réunions entre ministres des Affaires étrangères en cas de «mouvement structurel» ou si des «solutions appropriées» étaient trouvées lors des négociations.
Avant cette prise de parole, le président américain Donald Trump avait confié aux médias qu'il était au courant. Indiquant ne pas avoir été surpris par la venue de Mohammad Javad Zarif, il précisait que le président français lui avait demandé son accord. «J'étais au courant de tout ce qu'il faisait et j'ai approuvé», expliquait le président américain.
Imbroglio et démentis
Si le récit de cette visite surprise est désormais lisse, il était, dans les premières heures, plus chaotique. En fin de matinée le 25 août, quelques heures avant l'arrivée de l'avion iranien sur le sol français, une source diplomatique avait confié à l'AFP que les dirigeants du G7 avaient «convenu de mandater» le président français pour mener le dialogue avec Téhéran, et qu'Emmanuel Macron aurait pour mission «d'adresser un message» à l'Iran sur la base des échanges ayant eu lieu lors de ce sommet. Une information majeure mais très surprenante, Paris et Washington défendant des positions très différentes dans ce dossier, le président américain ayant en outre déjà reproché à plusieurs reprises à son homologue français de vouloir parler au nom des Etats-Unis sur ce sujet.
«Je n'ai pas discuté de ça», avait laconiquement répondu Donald Trump à des journalistes qui l'interrogeaient sur cet éventuel message commun à l'Iran, sans même évoquer un quelconque mandat du président français sur ce dossier.
Quelques minutes plus tôt, sur la chaîne d'information LCI, Emmanuel Macron avait pourtant confirmé qu'il y aurait bien une «communication commune» du G7 au sujet de l'Iran, tout en se gardant bien d'évoquer le soi-disant mandat qui lui aurait été accordé. Face à la réaction de Washington, il a finalement opéré un virage à 180 degrés sur les deux sujets, assurant d'une part très clairement qu'il n'avait pas reçu «de mandat formel du G7» pour discuter avec Téhéran, et laissant d'autre part planer le doute sur une éventuelle déclaration commune, puisque, selon lui, tous les participants allaient «continuer à agir chacun dans son rôle».