A contre-courant de l'UE, l'Italie s'apprête à rejoindre la «nouvelle route de la soie»

A contre-courant de l'UE, l'Italie s'apprête à rejoindre la «nouvelle route de la soie»© Xinhua / Xu Fudi Source: www.globallookpress.com
Le pont de l'amitié Chine-Maldives, qui fait partie du projet des nouvelles routes de la soie (image d'illustration).
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A l'occasion de la visite du président chinois Xi Jinping en Italie, Rome va s'engager dans le vaste projet des nouvelles routes de la soie mis en place par Pékin. Une première pour un membre du G7, à rebours des positions européennes et américaines.

Le président chinois Xi Jinping amorce le 22 mars une visite en Italie, qui pourrait poser les bases d'un véritable virage économique pour Rome, et peut-être au delà. «Insuffler un nouvel élan aux relations Chine-Europe» : tel est, selon l’agence Chine Nouvelle, l’objectif de la visite du chef d'Etat chinois, qui se rendra dans la foulée dans la principauté de Monaco et en France. 

C'est dans cette optique que le gouvernement italien va signer un mémorandum non contraignant, qui lui fera officiellement intégrer le gigantesque projet des «nouvelles routes de la soie» développé par Pékin depuis 2013.

Baptisé «la Ceinture et la Route», ce vaste programme de prêts chinois est destiné à financer, partout dans le monde, la construction de ports, de voies de chemin de fer ou encore de nouvelles routes, afin de faciliter les échanges commerciaux entre Pékin et ses partenaires. La décision de Rome est d'autant plus marquante qu'elle fera de l'Italie le premier pays du G7 à rejoindre cette initiative, alors que que ses partenaires européens, France en tête, refusent de s'y engager.

Paris sceptique

En visite à Nairobi au Kenya le 20 mars, le président français Emmanuel Macron n'a d'ailleurs pas caché son opposition à la démarche italienne, tout en s'appliquant à le faire savoir sur un ton diplomatique, pour ne entamer plus encore les relations déjà tendues entre Paris et Rome. «Il appartient à chaque Etat d'avoir sa politique vis-à-vis de la Chine», a-t-il ainsi confié en préambule à sa réponse, avant d'expliquer que lui-même souhaiterait, au contraire, une «approche coordonnée au niveau de l'Union européenne» sur la stratégie à adopter à l'égard de Pékin.

Le problème étant, pour le chef d'Etat français, les conditions posées par Pékin pour construire ces infrastructures, qui mettent selon lui en péril la souveraineté des Etats. La Chine finance en effet ces grands projets avec des clauses d'endettement contre capital, qui peuvent lui permettre, à terme, de détenir les infrastructures ainsi financées. C'est ce qu'ont découvert les Sri Lankais en 2017 quand leur pays s'est retrouvé en défaut de paiement après avoir accepté d’importants prêts chinois. Le Sri Lanka a alors été contraint de céder pour 99 ans la gestion du port en eaux profondes de Hambantota à Pékin, suscitant la colère des habitants.

«Je crois à la souveraineté des peuples, entièrement. Entièrement», a martelé le président français lors de son intervention à Nairobi sur le sujet. «Les équilibres supposent le respect des souverainetés et la juste modération. Je sais que c'est dans cet esprit que la Chine compte avancer», a-t-il souligné.

Washington, farouche opposant

Si Paris ne cache pas ses réticences au projet chinois, Washington, en pleine guerre commerciale avec Pékin sur fond de tarifs douaniers, n'est pas en reste non plus. Donald Trump est jusqu'à présent resté discret, mais le porte-parole du Conseil de sécurité nationale des Etats-Unis, Gareth Marcos, s'est chargé de livrer le sentiment de la Maison-Blanche sur le sujet. «L’Italie est une grande puissance mondiale et a une multitude de choix de pays pour investir. Le gouvernement italien n’a pas besoin de donner de la légitimité au projet ambitieux de la Chine», a-t-il ainsi écrit dans un tweet début mars.

Avec plus de 150 pays sur les cinq continents participants – auxquels la Grèce, le Portugal ou encore la Hongrie pourraient bientôt s'ajouter – la légitimité du projet n'est pourtant plus à prouver, ce qui inquiète vraisemblablement Washington. Interrogée par RT, la journaliste italienne Alessandra Bocchi soutient que la décision de Rome de ne pas tenir compte des avertissements américains montre un «changement de politique étrangère» et prouve que les Etats-Unis «n'ont plus le même pouvoir en Europe». Pour la journaliste, la décision italienne pourrait même «déclencher un effet domino», et placer de fait l’Europe au centre du «champ de bataille» de la guerre commerciale entre Washington et Pékin.

L'inquiétude pour les Etats-Unis est d'autant plus grande que le potentiel géopolitique que le projet renferme est énorme. A l'occasion d'une cérémonie consacrée au cinquième anniversaire du rattachement de la Crimée à la Russie, qui s’est tenu le 18 mars à l’ambassade de Russie à Pékin, un responsable chinois a ainsi évoqué la possibilité de développer des projets dans la péninsule russe dans le cadre de «la Ceinture et la Route». Ce qui constituerait un véritable pied-de-nez à Washington, la Crimée étant sous le coup de sanctions américaines et européennes depuis son rattachement à la Russie en 2014.

Lire aussi : Entre Chine et Etats-Unis, la hache de guerre est loin d’être enterrée

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