«Guerre du gaz» : la Commission européenne et le russe Gazprom vont-ils enfin s'entendre ?
Après plusieurs années de bras de fer, le géant gazier russe Gazprom et la Commission européenne pourraient trouver un terrain d'entente. Difficile d'imposer des sanctions au géant gazier russe, qui fournit un tiers du gaz indispensable à l'Europe.
La Commission européenne s'est dite satisfaite des engagements du géant gazier Gazprom, contrôlé par l'Etat russe, en vue d'un accord à l'amiable dans l'enquête qui le vise pour abus de position dominante dans huit Etats membres de l'Union européenne. Cette dernière veille au grain afin de faire respecter l'interdiction de tout accord bilatéral entre Etats qui ne passerait pas par la Commission, les privant ainsi de fait de toute politique énergétique nationale.
Dans ses engagements, afin de mettre un terme à la «guerre du gaz», Gazprom promet notamment de supprimer «tous les obstacles contractuels à la libre circulation du gaz» et à prendre «des mesures concrètes pour permettre une meilleur intégration» des marchés concernés.
«Ces engagements répondent à nos préoccupations en matière de concurrence», s'est réjouie la commissaire européenne à la Concurrence, Margrethe Vestager, une Danoise de 49 ans désignée par le Conseil européen en 2014.
#Gazprom bat les records d’exportation de #gaz en raison des basses températures en #Europehttps://t.co/vZdvOvZZB7pic.twitter.com/SvsVZyQPIH
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En 2015, l'exécutif européen était en effet passé à l'attaque contre le géant gazier russe, lui reprochant d'imposer des interdictions d'exportation et des clauses limitant l'utilisation du gaz acheté à un seul et unique territoire. Un cloisonnement des marchés pratiqué dans huit Etats membres : la Bulgarie, la République tchèque, l'Estonie, la Hongrie, la Lettonie, la Lituanie, la Pologne et la Slovaquie. Selon l'Union européenne, Gazprom en aurait profité pour facturer des prix inéquitables dans cinq d'entre eux.
L'Ukraine contournée par de nouveaux gazoducs
En réalité, les concessions de Gazprom apparaissent comme une démarche diplomatique ayant pour but de débloquer un conflit ayant pour toile de fond la crise ukrainienne. Passage obligé du gaz russe à destination du marché européen, en raison de la présence sur son territoire de gazoducs, l'Ukraine est en passe d'être contournée.
Deux projets d'acheminement du gaz, l'un par la mer Baltique (Nord Stream 2) – l'autre au sud via la Turquie (Turkstream), permettront à terme de contourner l'Ukraine, qui depuis 2005, et plus encore depuis la révolution colorée de Maïdan en 2014, utilise le gaz russe comme moyen de chantage, menaçant tout à la fois la Russie de couper les vannes, et les consommateurs européens de ne plus livrer le gaz.
Après un long entretien, #Poutine et #Erdogan trouvent un accord sur #TurkStream: que connaissez-vous de ce projet ? https://t.co/9GVXe4uQispic.twitter.com/UVEtIHXT1K
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Comme l'écrit Les Echos, «Si l'Ukraine n'est plus un pays de transit, cela supprime un point de tension entre la Russie et l'Union», avant d'ajouter : «A Bruxelles, certains ont intérêt à maintenir ce conflit gazier, prétexte économique pour des mesures politiques. D'autres voient au contraire une chance pour initier un nouveau dialogue avec Moscou». Une détente qui vaut bien un premier pas de la part de Gazprom.
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