Un mois d'antenne pour RT France : ce qui n'a pas changé et ce qui a changé
Le lancement de RT France le 18 décembre en aura rassuré ou conquis certains. Pour d'autres, rien n'a changé et les attaques demeurent. Quoi qu'il en soit, dans le viseur de l'Elysée comme de certains titres de presse, il aura fait bouger les lignes.
Il y a un mois jour pour jour, RT France prenait l'antenne. Un mois d'une actualité chargée en France, dans le monde... mais aussi pour nous ! Si notre arrivée sur les ondes était attendue avec impatience par de nombreux téléspectateurs français, elle l'était tout autant par certains médias, responsables politiques ou institutions. De la simple critique teintée de malhonnêteté à l'entrave à la liberté de la presse, nos journalistes ont dû faire face à des obstacles parfois conséquents. Mais ces embûches n'ont fait que les conforter dans leur volonté d'accomplir au mieux la mission qu'ils se sont fixée : traiter l'information autrement et vous permettre de questionner l'actualité.
Pour certains, ce mois semble avoir été fort pénible, à l'instar de Sylvie Kauffmann. «Depuis le Nouvel An, j’ai regardé RT France chaque jour, et je me suis ennuyée», explique-t-elle dans Le Monde. Il faut dire que le quotidien nourrissait de grandes attentes et semblait compter sur nous pour avoir sa dose de frissons quotidienne. Alors même que nous n’émettions pas encore, Le Monde nous affublait en effet du charmant qualificatif d'«arme du soft-power russe».
Si Le Monde est passé de la peur à l'ennui, cela ne l'a pas empêché de publier une tribune le 21 décembre exigeant ni plus ni moins l'interdiction de RT France, rédigée par une dizaine de personnalités se présentant comme spécialistes de la Russie. Un média demandant l'interdiction d'un autre média en France, sans doute est-ce du jamais vu. Mais demander l'interdiction d'un média «ennuyeux», voilà qui est bien cocasse ! A cela s'ajoute le concert quelque peu redondant des médias nous qualifiant unanimement d'«ORTR» (Causette, le 8 janvier), d'«arme fatale de Poutine» (L'Express, le 17 janvier) ou même de «chaîne de combat» (Le Temps, le 22 décembre). A bien y regarder, il semble bien que l'arrivée de RT France ressemble tout de même à une petite révolution, tout du moins dans la sphère médiatique.
Aujourd’hui la presse était conviée à un briefing sur le déplacement d’Emmanuel Macron à Calais demain. Problème, malgré la présentation d’une carte de presse, les journalistes travaillant pour @RTenfrancais ne « sont pas journalistes ». Vive la liberté de la presse...
— @KEVIN_RT (@KEVINBERG_RT) 15 janvier 2018
En effet, ce mois écoulé nous conforte dans la conviction que RT France fait souffler un vent nouveau sur l'information. Un souffle de nouveauté qui semble déranger jusqu'à l'Elysée lui-même, qui a refusé à plusieurs reprises à nos journalistes l'accès à des événements médiatiques. Des journalistes, pourtant titulaires de leur carte de presse, congédiés par les services du président de la République, un texte de loi pour contrôler la production d'informations... A l'heure où la liberté de la presse et la liberté d'expression sont au cœur des débats en France, voilà qui a de quoi faire réfléchir. Rien qu'en cela, nous n'avons pas trahi notre promesse de vous pousser à «oser questionner».
Le métier de journaliste n'est pas sans embûches. Celles déjà nombreuses que RT France a rencontrées ne font que confirmer la nécessité de traiter l'information d'une manière différente. La diversité des points de vue n'est d'ailleurs pas une valeur que nous sommes les seuls à partager. Ainsi l'hebdomadaire Marianne, qu'on ne saurait soupçonner de proximité avec RT, a eu le recul nécessaire pour constater que le «tri entre les cartes de presse» auquel se livre l'Elysée n'est pas des plus rassurants pour la liberté de la presse. Les accusations à peine voilées portées contre RT France par l'exécutif ont conduit plusieurs voix à se faire entendre, à droite comme à gauche, qui s'interrogent sur la pertinence de cette obstination.
Les lignes bougent, de nouvelles questions émergent et RT France est fière de contribuer à l'enrichissement du débat médiatique. Comme nous l'avons fait depuis un mois, et comme nous continuerons à le faire.