Fake news : «Pourquoi ne pas faire confiance aux gens eux-mêmes ?», Mélenchon interpelle Macron
Dans une vidéo, le chef de file des Insoumis, Jean-Luc Mélenchon, interpelle le gouvernement à propos de la lutte contre les fausses nouvelles. Le député a décidé «de prendre au mot le président de la République» et veut le rencontrer à ce sujet.
Dans sa 50e chronique vidéo hebdomadaire, publiée le 10 janvier sur YouTube, Jean-Luc Mélenchon, leader de La France insoumise (LFI) revient sur la proposition d’Emmanuel Macron de lutter contre les «fake news» et alerte sur les risques que cette mesure ferait peser, selon lui, sur la liberté de la presse et la liberté d’expression.
L'impudeur absolue, le mensonge pratiqué tranquillement et sans honte, sans rougir, sont le lot quotidien de la sphère médiatique
L'élu des Bouches-du-Rhône a tout d'abord tenu à rappeler sa position sur «le monde des médias» : «Ce n'est pas moi qui vais vous dire que le monde des médias est un monde de vérité objective, d'honnêteté intellectuelle et même de dignité, tout simplement, parce que [...] l'impudeur absolue, le mensonge pratiqué tranquillement et sans honte, sans rougir, sont le lot quotidien de la sphère médiatique.»
Mais le leader insoumis a ensuite estimé que les mesures annoncées par Emmanuel Macron n'allaient pas dans le bon sens : «Pour autant, il faut faire très attention ; ce n'est pas parce [qu']on demande des droits de réponse que [l']on va commencer à dire "on va réduire la liberté de la presse" [...] On ne doit pas accepter que des contrôles viennent à réduire la liberté de penser et c'est ce qui va se passer.»
Qu'est-ce qu'une fausse nouvelle ? Cela dépend des points de vue
Jean-Luc Mélenchon a également exprimé toute sa circonspection vis-à-vis des propositions du gouvernement en matière de lutte contre les fausses nouvelles : «Je suis très intrigué par ce qu'il [Emmanuel Macron] a proposé pour combattre les fausses nouvelles.» Le député a par ailleurs rappelé qu'il existait «déjà une loi qui combat les fausses nouvelles», mais qu'elle était difficile à manier, parce que, s'est-il interrogé : «Qu'est-ce qu'une fausse nouvelle ? Cela dépend des points de vue.»
Jean-Luc Mélenchon en prend pour preuve un récent sondage sur le rapport des Français au «conspirationnisme» : «Alors, ça me fait rigoler, parce qu'ils mettent sur le même plan les gens qui pensent que la Terre est plate et les gens qui pensent que l'industrie chimique pèse sur le ministère de la Santé. [...] Croire que les médias mentent, c'est être un complotiste. Donc vous voyez comme certains arrivent à embrouiller l'esprit public.»
Je ne suis pas d'accord pour qu'il y ait un organisme officiel de l'Etat qui décide ce qui est vrai et ce qui est faux
Précisant sa pensée, le chef de file des Insoumis tempête alors : «Imaginez-vous à présent que ces gens-là prétendent dire ce qui est une vraie ou une fausse nouvelle. Moi je suis contre. Je ne suis pas d'accord pour qu'il y ait un organisme officiel de l'Etat qui décide ce qui est vrai et ce qui est faux.»
«Pourquoi ne pas faire confiance aux gens eux-mêmes ?»
Et l'Insoumis, enfin, de lancer un défi au gouvernement : «On va essayer de prendre au mot le président de la République et de faire le pari du dialogue. Donc j'ai demandé à le rencontrer. [...] Parce que je veux aller lui dire "écoutez, je ne comprends pas : plutôt que de faire confiance à je ne sais quel comité Théodule, qui va aller vérifier la vraie vérité, pourquoi ne pas faire confiance [...] aux gens eux-mêmes ?»
Journalisme : #Macron annonce un projet de loi pour lutter contre la «#propagande» et les «#FakeNews»
— RT France (@RTenfrancais) January 4, 2018
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Dans sa volonté affichée de lutter contre «le complotisme et le populisme», le président de la République a annoncé le 3 janvier à l'occasion de ses vœux à la presse un projet de loi visant à «protéger la vie démocratique». Evoquant «la vérité» ou encore «la liberté d'expression», le locataire de l'Elysée a expliqué que l'Etat souhaitait surveiller la façon dont les informations étaient produites.
D'après les grandes lignes de cette loi annoncée le 3 janvier, un juge pourra notamment être saisi afin de dé-référencer, voire bloquer un site.
L'annonce de ce projet de loi, néanmoins, avait provoqué une vigoureuse levée de boucliers sur Twitter, nombre d'internautes estimant que le président cherchait en réalité à museler les voix discordantes.