Franck Pallet, consultant juridique et doctorant, réagit à l'attentat islamiste de Conflans-Sainte-Honorine, relevant notamment que la France est gangrénée par «les communautarismes, les divisions, les haines depuis plus de 30 ans».
Le 16 octobre 2020, à 17 heures, un professeur de collège qui ne faisait qu'accomplir sa noble tâche, celle de transmettre un savoir à ses élèves et leur inculquer la liberté de la presse en leur présentant des caricatures de Charlie Hebdo, a été lâchement assassiné. Certains parents d'élèves qui n'ont pas apprécié cette «prétendue» déviance par rapport au programme officiel avaient déposé plainte quelques semaines auparavant à l'encontre de cet enseignant. Il est mort décapité par un assaillant fanatique en pleine rue, à proximité du collège où il était affecté, pour avoir accompli son devoir, celui d'enseigner les valeurs de la République et son histoire.
A travers ce crime gratuit et d'une violence inouïe, c'est le cœur de la France entière qui a été ainsi frappé.
La France des Lumières, de Voltaire, Rousseau, Zola, Anatole France.
La France entière crie son indignation et son effroi. Elle pleure pour ce professeur mort pour avoir servi par son courage notre pays en inculquant à ses élèves la liberté de pensée et de jugement, sans parti pris, sans haine et en toute neutralité au nom de la laïcité.
Les enfants de la République que nous sommes, celle qui a triomphé de plusieurs tentatives de coup d'Etat sous la IIIe république, de deux guerres mondiales, celle qui a survécu grâce au Général De Gaulle en 1958 grâce à l'adoption par référendum d'une nouvelle constitution dans le contexte d'une guerre d'Algérie interminable, sont aujourd'hui frappés d'effroi face à un tel crime.
Par delà l'abject, c'est le cœur de notre démocratie déjà fragilisée qu'on tente d'abattre au nom d'une idéologie de guerre et de haine contre la civilisation occidentale.
Cet événement tragique et traumatisant pour notre pays, par delà l'horreur qu'il suscite, doit conduire à nous interroger.
Comment un individu et sans doute d'autres complices qui l'ont encouragé à commettre cet assassinat barbare, de surcroît connu des services de Police, pouvaient-ils encore être présents sur notre territoire national ? N'est-il pas du devoir du ministre de l'Intérieur de procéder à l'expulsion de personnes étrangères indésirables présentant un risque évident pour l'ordre public ou une menace pour la sécurité nationale ? N'est-ce pas le devoir de la Justice d'appliquer la loi et de prononcer des condamnations exemplaires ? N'y a-t-il pas une obligation pour l'Etat d'assurer la sécurité de ses concitoyens, laquelle constitue la première des libertés fondamentales?
Au delà des efforts déployés par le gouvernement pour déjouer des tentatives d'attentats quasi quotidiennes grâce aux services de la DCRI, c'est l'Etat qui est affaibli au travers une police disposant de moyens insuffisants et même méprisée et peu reconnue pour tout le travail qu'elle accomplit chaque jour.
Sans doute est-ce une certaine administration que je ne nommerai pas ici, mais elle se reconnaîtra, les yeux rivés sur les indicateurs budgétaires sous la pression d'une Europe technocratique incarnée de manière éclatante par la Commission, qui a décidé par-delà les gouvernements successifs de baisser les crédits de la sécurité. Lorsqu'un Etat n'est plus en mesure de remplir les fonctions régaliennes les plus essentielles, c'est l'Etat de droit qui n'existe plus.
Saisi par l'émotion, le chef de l'Etat a prononcé ces mots à propos des terroristes islamistes : «Ils ne passeront pas».
Certes, ceux-ci sont fort et symboliques, sans doute bien pesés, mais il est déjà trop tard. Ces fanatiques sont déjà passés, infiltrés dans notre société, dans notre administration pour certains d'entre eux, dans certaines universités, sous des oripeaux respectables, insoupçonnés ou insoupçonnables.
Notre pays est gangréné par l'islamisme religieux le plus fanatique, les communautarismes, les divisions, les haines depuis plus de 30 ans. Cela a commencé par l'affaire du foulard islamique dans un lycée parisien en 1989 et depuis lors la laïcité n'a eu de cesse d'être mise à mal en dépit de la loi de 2004 et de sa consécration constitutionnelle.
Je ne suis qu'un simple citoyen, sans pouvoir ni influence sur les choses, un simple observateur de l'actualité. Je ne connais pas ces gens et ne veux pas les connaître ni comprendre les raisons de leurs actes. Je les méprise au plus profond de mon être.
Les parents de ces criminels sont sans doute responsables, mais également la société toute entière, l'aveuglement des gouvernements successifs qui n'ont pas anticipé l'évolution de notre société ou qui ont refusé de la voir, l'éducation nationale qui n'a pas su faire les réformes nécessaires pour remédier à l'inégalité devant l'enseignement. La précarité, la ghettoïsation des quartiers, la création de zones de non-droit constituent le principal terreau de la radicalisation et du terrorisme.
Le combat contre ce fléau du XXIe siècle est l'affaire de tous par-delà celle de l'Etat. Dans ces moments terribles, l'union sacrée doit être le maître mot afin d'éradiquer cette idéologie meurtrière de la surface de la terre. Nous en avons les moyens et nous devons lutter pour la préservation de nos libertés les plus fondamentales. Le courage de cet homme doit être salué par l'ensemble de la nation qui doit rester éternelle. Le meilleur hommage que nous puissions lui rendre est de vaincre l'infâme.
Franck Pallet
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