Au lendemain du Congrès de Versailles, la porte-parole des Républicains, Lydia Guirous, accuse le président Emmanuel Macron d'instrumentaliser le vocabulaire de la droite pour mieux servir aux Français les «vieilles lunes» de la gauche.
Il est comme ça le président Macron, il a l’art de présenter avec grandiloquence et fausse bienveillance des réformes qui sont de vraies régressions : pensions de réversion pour les futurs retraités, politique du logement, sécurité... En parallèle, il fait preuve d’un aplomb et d’une arrogance extraordinaire pour défendre ses échecs en matière de politique migratoire, de lutte contre l’islamisme mortifère, le communautarisme et le recul de la voix de la France à l’international. Ce cynisme et cette volonté ultra-libérale de vendre le système social de la France à la découpe est sans doute un héritage de ses années comme banquier d’affaires chez Rothschild. On aurait préféré qu’il retienne de ses mentors, la culture de l’efficacité et de la clarté…
Mais Emmanuel Macron a choisi une autre voie, celle du double discours. Pour mieux endormir le bon peuple, pour que celui-ci se perde et ne parvienne plus à le suivre, il faut l’assommer de mots. Des mots parfois empruntés aux champs sémantique de la droite : «autorité», «droits et devoirs», «mérite», «ordre», «sécurité pilier de l’ordre républicain»… On pourrait être a priori séduit. Mais là est le piège, le machiavélisme macroniste : les mots de droite sont instrumentalisés pour servir une soupe indigeste d’actions reprenant de vieilles lunes de gauche.
Des mots forts pour masquer des actes faibles et lâches
Nantes brûle, Marseille voit se multiplier les règlements de compte à coups de kalachnikov, Notre-Dame-des-Landes est un échec où ceux qui ne respectent pas la loi ont gagné et le communautarisme s’affiche toujours plus triomphant... Face à cela, Emmanuel Macron détourne les mots de droite pour servir des solutions inefficaces de gauche. Il pense le tour de passe-passe suffisant pour berner les Français. Ainsi, il nous sert la «police de sécurité du quotidien» pour endiguer l’explosion de la violence dans les quartiers cédés par la République aux caïds et aux intégristes. Des mots forts pour masquer des actes faibles et lâches. Voilà comment pourrait se résumer la présidence Macron.
Derrière cette ambivalence et cette intention constante de brouiller les pistes, c’est la volonté de flouer nos concitoyens qui domine chez Emmanuel Macron. Au fond, il peine à cacher son profond mépris pour les Français et leur intelligence. Il devrait se méfier car les Français ne s’y trompent pas. Les derniers sondages le démontrent. Il y atteint des niveaux de rejet et de défiance terriblement bas pour un président qui a, contrairement à ses prédécesseurs, bénéficié d’une certaine bienveillance de la part des médias. Le réveil pour Emmanuel Macron sera difficile, «ceux qui ne sont rien», «les alcooliques» «les analphabètes» sauront lui rappeler qu’ils méritent le respect et la considération.
L’ambiguïté, dont il a fait sa ligne de conduite, mène toujours à l’échec. A plusieurs reprises le président a attaqué les rumeurs, les fausses polémiques, notamment au sujet des pensions de réversions : «Faire croire que nous voudrions supprimer les pensions de réversion est une rumeur malsaine, visant à faire peur. Je le dis clairement : rien ne changera pour les retraités d'aujourd’hui.» Voilà en une phrase tout l’art macroniste de l’enfumage. Le diable se cache dans les détails… On pourrait s’arrêter à «rien ne changera pour les retraités» et être satisfait. Mais il précise rapidement qu’il s’agit «des retraités d’aujourd’hui». Autrement dit, une personne de 55 ans qui sera retraitée dans cinq ou 10 ans, a un risque de ne pas pouvoir bénéficier de la pension de réversion de son époux ou épouse en cas de veuvage. La remise en cause des pensions est une véritable régression et une casse sociale d’une brutalité inédite qui frappera les femmes en premier lieu.
De la même manière, Emmanuel Macron nous a tenu des propos généraux sur la laïcité. Quand c’est flou, c’est qu’il y a un loup… Et c’est sans aucun doute un président qui ne comprend pas l’identité politique et culturelle de la France qui s’est exprimée hier. D’ailleurs, il y un an, alors qu’il était encore en campagne, c’est le même Emmanuel Macron qui avait déclaré qu’il «n’y avait pas de culture française !» Hier, il a tenté de parler de culture française mais ce ne fut pas convaincant... la sincérité ne se feint pas, elle. Le président semblait désincarné et lointain lorsqu’il a évoqué ces sujets. Les mots, les formules, étaient, certes, parfois bien choisis, mais ceux-ci ont, comme toujours, débouché sur des propositions faibles et lâches.
Le macronisme est un vide de la pensée, une soumission à l’ère du temps et à la culture de l’instantané
Face à l’entrisme islamiste à l’école publique, Emmanuel Macron propose des formations pour les professeurs… Une faiblesse des actes, fruit de la déconnexion du président avec un pays qu’il ne connaît qu’à travers des notes et dont le modèle est profondément communautariste et anglo-saxon. Une faiblesse, qui face à l’islamisme politique devient coupable. Monsieur le président, pour défendre la laïcité, nul besoin d’adjectifs, de mots, il faut des actes concrets : interdire le prosélytisme et combattre le communautarisme islamique qui s’exprime par exemple à travers la présence du voile chez certaines mères accompagnatrices lors des sorties scolaires.
Le plus terrible dans le discours du Congrès de Versailles est finalement que le président ait si peu parlé des Français et de leur quotidien et tellement de lui et de son nouveau monde fictif qui ne séduit plus. Le macronisme est un vide de la pensée, une soumission à l’ère du temps et à la culture de l’instantané. Le macronisme ne se définit pas nous dit le président… Il serait au-dessus «des clivages», au-dessus «des partis», au dessus «des références du vieux monde». Une expression supplémentaire de la prétention et du mépris propre aux adeptes de ce mouvement hors-sol. Je crois surtout que le macronisme ne se définit pas car il est l’aboutissement de cette ère du vide dans laquelle l’hyper-individualisme, l’instantané et le consumérisme sans limite nous ont conduits.
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