Emmanuel Macron à Versailles : un Congrès aux airs... de meeting LREM ?
Devant quelque 800 parlementaires réunis en Congrès à Versailles, Emmanuel Macron a défendu sa politique et celle des élus LREM. Un exercice ponctué par les acclamations de sa majorité, ce qui a eu le don d'exaspérer l'opposition.
Plaidoyer de la politique conduite par l’exécutif et la majorité, annonces de nouvelles réformes : Emmanuel Macron s’est exprimé ce 9 juillet sous les ors de Versailles, devant les parlementaires réunis dans la salle du Congrès. Le chef de l’Etat, vivement critiqué par l’opposition de gauche comme de droite, notamment sur sa politique économique et sociale, n’a pas eu de réelles difficultés à éclipser les voix discordantes.
En effet, à moult reprises, ses déclarations ont eu droit à des applaudissements nourris des députés et sénateurs La République en marche (LREM) qui représentaient à eux seuls, près d’un tiers des personnes ayant assisté à cet événement. Parmi ces déclarations, une métaphore sur les inégalités sociales a connu un succès dans les rangs de la majorité : «Si on veut partager un gâteau, la première condition est qu'il y ait un gâteau.» Un succès cocasse auprès des élus macroniens, au regard de la difficulté du chef de l'Etat à se départir de l'image de «président des riches» auprès de l'opinion publique. En mai dernier, en effet, un sondage révélait que 70% des Français considéraient ce surnom comme pertinent.
Macron défend sa politique économique : "Si on veut partager un gâteau, la première condition est qu'il y ait un gâteau" (applaudissements)#CongresVersailles
— Frédéric Says (@FredericSays) 9 juillet 2018
«Troupeau LREM» : de LFI à RN, l'opposition exaspérée par les applaudissements de la majorité
Les salves d’applaudissements de la majorité ont en tout cas provoqué l'irritation de certains élus, qui mettent ainsi à mal l’image d’un Parlement unanimement rangé derrière le président de la République. Jean-Luc Mélenchon, qui comme ses collègues de La France insoumise (LFI) a boycotté le Congrès de Versailles, a qualifié sur Twitter les soutiens du président de la République d’«automates applaudisseurs».
Un discours en phase avec son décor: faux marbres et phrases creuses. Étrange plainte sur les conséquences de ses propres choix.Étrange hémicycle peuplé d'automates applaudisseurs. Versailles, souvenir d'une monarchie. Macron, promesse d'une autre.#MacronMonarc#CongresVersailles
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) 9 juillet 2018
A droite, le député Les Républicains (LR) Philippe Gosselin, a qualifié l'exercice du discours présidentiel de «calinotherapie» à l'adresse des élus LREM. «Manifestement vu les applaudissements réguliers de la majorité, celle-ci, en plein doute, avait besoin d’entendre Macron», a-t-il raillé.
#congresdeversailles. Manifestement vu les applaudissements réguliers de la majorité, celle ci, en plein doute, avait besoin d’entendre #Macron. Tient plus de la calinotherapie que de l’Adresse à la Nation.
— Philippe GOSSELIN (@phgosselin) 9 juillet 2018
Même tonalité du côté du président de Debout la France (DLF), Nicolas Dupont-Aignan, qui a déploré le suivisme des parlementaires LREM. «Les LREMoutons applaudissent mais le mirage Macron s'évanouit», a-t-il tweeté, estimant que le chef de l'Etat multipliait les lieux communs.
A force d'enfoncer des portes ouvertes, E. #Macron va prendre le mur de la réalité en pleine figure. Il multiplie les concepts prétentieux pour maquiller un discours aussi creux qu'interminable. Les LREMoutons applaudissent mais le mirage #Macron s'évanouit #CongrèsVersailles
— N. Dupont-Aignan (@dupontaignan) 9 juillet 2018
«Avec leurs applaudissements permanents sur de l’insignifiant, les députés-laquais d’En Marche se croient probablement à un meeting», a tweeté pour sa part Florian Philippot, leader des Patriotes.
Avec leurs applaudissements permanents sur de l’insignifiant, les députés-laquais d’En Marche se croient probablement à un meeting...#CongresVersailles
— Florian Philippot (@f_philippot) 9 juillet 2018
Enfin, du côté du Rassemblement national (RN, ex-Front national), Jean Messiha, délégué national du parti, s'est montré encore plus taquin, déclarant que «les applaudissements incessants du troupeau LREM» lui rappelaient «les Congrès du PCUS (Parti communiste de l’Union soviétique) des années Andropov»...
Macron au Congrès : discours fleuve aussi grandiloquent sur la forme que creux et attrape-tout sur le fond ; et ces applaudissements incessants du troupeau LREM... Ça me rappelle les Congrès du PCUS (Parti Communiste de l’Union Soviétique) des années Andropov !#CongresVersailles
— Jean MESSIHA (@JeanMessiha) 9 juillet 2018
Lire aussi : Congrès de Versailles : Emmanuel Macron devant les députés et les sénateurs