La mort de Saleh, promesse d’un nouvel enfer pour le Yémen

La mort de Saleh, promesse d’un nouvel enfer pour le Yémen© Patrick Kovarik / AFP Source: AFP
L'ex-Premier ministre du Yémen Ali Abdullah Saleh
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La soudaine mort de l'ancien président yéménite, Ali Abdullah Saleh est un véritable coup de tonnerre. Le journaliste George Oborne y voit la promesse de nouvelles souffrances pour ce pays en guerre depuis déjà trois ans.

On se souviendra de l’ancien président yéménite Ali Abdullah Saleh, qui vient d’être tué dans une embuscade, comme l’un des quatre dictateurs tombés durant les «Printemps arabes» il y a cinq ans. Les trois autres étaient Kadhafi en Libye, Ben Ali en Tunisie et Moubarak en Egypte.

Pendant longtemps, Saleh avait semblé être le plus malin d’entre eux. Il avait évité d’être tué comme Kadhafi, emprisonné comme Moubarak ou exilé comme Ben Ali.

Après les évènements des «Printemps arabes», Ali Abdullah Saleh resta au Yémen. Et mieux encore. S’il abandonna le titre de président, il ne quitta jamais les arcanes du pouvoir. Saleh a tout simplement changé de côté – ce qui n’était pas une première dans une carrière de plus de quatre décennies.

Avant les «Printemps arabes», Saleh avait survécu en expliquant que les Etats-Unis étaient le plus proche allié du Yémen dans sa «guerre contre la terreur», tout en passant, à côté, des marchés  avec Al-Qaida. Au moment où les Américains décidèrent de le laisser tomber, il pris tout le monde de court en passant une alliance avec les rebelles houthis qui prirent contrôle de la capitale, Sanaa, en septembre 2014.   

Cette alliance était aussi extraordinaire et peut-être encore plus cynique que le pacte Molotov-Ribbentrop, qui annonçait le marché entre Adolf Hitler et Joseph Staline, respectivement leaders de l’Allemagne nazie et de l’Union soviétique à la veille de la Seconde Guerre mondiale en 1939.

Quand Saleh était président, il avait mené (et perdu) six guerres d’une grande brutalité contre les Houthis, clan du nord du Yémen. Mais Saleh et les Houthis se découvrirent un ennemi commun, l’Arabie saoudite, et les soutiens à cette dernière : l’Angleterre, la France, et les Etats-Unis.

Saleh apporta à cette nouvelle alliance la loyauté de l’armée, dont les soldats, il y a encore peu, s’occupaient gaiement de points de contrôle avec les milices houthis dans la capitale, Sanna. En parallèle, des ministres houthis occupaient la plupart des sièges du gouvernement et affrontaient les Saoudiens dans le nord.

C’était un mariage infernal. La semaine dernière, il explosa en vol, les deux côtés reprenant leur affrontement. Tout cela semble annoncer une nouvelle catastrophe pour le Yémen, une catastrophe qui pourrait prendre la forme d’une famine historique contre laquelle les Nations unies ont mis en garde depuis des mois.

Pendant trois ans, l’entente entre Saleh et les Houthis avait installé une sorte de stabilité dans de vastes parties d’un pays ravagé par la guerre. Dans les régions sous son contrôle, du moins, on pouvait y trouver ordre et stabilité. Les camions de ravitaillement pouvaient circuler, les hôpitaux pouvaient fonctionner.  

Plus maintenant. Il est trop dangereux pour les organisations humanitaires de travailler. Les hôpitaux ferment. Il n’y a pas d’aliments de base dans les magasins. Et même si ces derniers étaient ouverts, les gens n’oseraient pas sortir de peur d’être pris entre deux feux. La crise humanitaire, déjà très grave, va empirer, et très vite, si n’est pas mis fin aux violences.

Maintenant que Saleh est mort, maintenant que la désescalade semble encore plus improbable. Sa prise de distance avec les Houthis donnait quelque espoir de voir le conflit yéménite être résolu. Des observateurs entrevoyaient les forces de Saleh, avec l’aide saoudienne, repousser les Houthis jusqu’à leur bastions tribaux du nord. Ils espéraient que cela serait amplement suffisant pour que le prince Mohammed Ben Salmane crie victoire, ordonne la fin des bombardements saoudiens et du blocus des ports yéménites.

En effet, et c’est un secret de polichinelle depuis des mois, Salmane désespère de résoudre la terrible guerre du Yémen qui a coûté à l’Arabie saoudite des milliards de dollars. C’est toujours possible. Mais ce sera désormais bien plus difficile pour Salmane.

La guerre du Yémen pourrait bien empirer avec la mort de Saleh, qui suscitera une nouvelle vague de revendications et de vengeances. Il n’est pas difficile d’imaginer les frappes aériennes saoudiennes s’intensifier et l’Iran être un peu plus empêtré dans cette guerre.

Abdullah Ali Saleh a été la personnalité politique dominante au Yémen pendant 40 ans. Ce vieux et rusé renard était un garant de la stabilité du pays. J’espère me tromper, mais sa mort semble être la promesse d’un nouvel enfer pour le Yémen.

Les opinions, assertions et points de vue exprimés dans cette section sont le fait de leur auteur et ne peuvent en aucun cas être imputés à RT.

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