La guerre en Ukraine ne s’est jamais arrêtée, a confié à RT l’analyste politique Alexandre Pavic. La conclusion des accords de Minsk et du cessez-le-feu ne servent qu’à gagner du temps, tout simplement, estime l’expert.
RT : A votre avis, pourquoi Kiev accuse les rebelles de violer le cessez-le-feu alors qu’ils retirent leurs armes du front ?
Alexandre Pavic, analyste politique (A.P.): Parce que la guerre ne s’est jamais vraiment arrêtée. Même le cessez-le-feu et les accords de Minsk ne sont que des mesures tactiques. Le gouvernement de Kiev n’a pas changé son objectif stratégique. Il veut contrôler toute l’Ukraine. Il a fait des concessions quand il a été obligé d’en faire. Mais fondamentalement, il n’a pas la volonté de conclure un accord pondéré qui satisferait toutes les parties. Le dernier exemple en date, c’est ce récent amendement à la Constitution qui doit être présenté devant la Cour suprême ukrainienne. Les représentants des républiques de Donetsk et de Lougansk ne faisaient pas partie de la commission, ce qui ne fait que démontrer qu’on assiste davantage à un grand jeu qu’ à de véritable efforts pour conclure la paix.
Urgent : les #rebelles de #Lugansk retirent leurs armes du front, en #Ukraine
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— RT France (@RTenfrancais) 19 Juillet 2015
RT : Donetsk a été bombardée samedi quelques heures après l’annonce du retrait des armes légères de la ligne de front par les rebelles. Ces deux événements, sont-ils liés ?
A.P. : Bien sûr, tout est lié. Il y a la carotte et le bâton, il y a des stratégies alternatives. Il y a des forces qui ne seraient pas sous le contrôle de Kiev, comme les radicaux de Secteur droit, etc. qui ont en fait publiquement annoncé qu’ils renonçaient à obéir à Kiev. Et lorsque ces derniers attaquent ou bombardent, Kiev peut nier son implication. C’est une recette pour continuer la guerre. Cela me rappelle de très près la situation dans l’ex-Yougoslavie il y a 20 ans. Des dizaines de trêves ont été conclues mais elles ne servaient qu’à gagner du temps pour réarmer, pour réorganiser les troupes et être prêt à la prochaine offensive militaire. Ce qui est vraiment nécessaire, c’est une décision ferme de la part de Kiev, disant : c’est assez ! Nous voulons une Ukraine dans laquelle les population de l’Est et de l’Ouest du pays puissent se reconnaître. Et jusqu’à cela se produise, on aura des offensives suivies de trêves tactiques .
RT : Les rebelles ont retiré toutes leurs forces de la principale zone de conflit dans la région de Donetsk, le village de Chirokino. Mais des paramilitaires refusent de quitter la zone même si Kiev a ordonné le retrait. Y-a-t-il des risques que les paramilitaires restent ?
A.P. : Ils peuvent jouer un rôle très important. Qui peut dire que cela n’a pas été convenu secrètement, à l’avance, entre Kiev et les soi-disant forces radicales ? C’est très plausible. Il faut prendre ces choses au sérieux. Kiev a assez de poids politique, assez de soutien international et de puissance militaire pour écraser ces extrémistes, ces forces radicales s’il le veut. Les faits montrent qu’une telle volonté n’existe pas et c’est là qu’est le problème. Les objectifs ne sont pas affichés de manière transparente et honnête. Si Kiev voulait contrôler Secteur droit, il le ferait.
«#Dernière#bataille» ? Le chef de #Secteur#droit appelle ses hommes à ne plus obéir à Kiev
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