Pour le maire adjoint de Vienne Johann Gudenus, la politique migratoire menée par le gouvernement autrichien contredit ce qui devrait être son objectif principal : protéger la population.
RT : Le ministre autrichien des Affaires étrangères et de l’Intégration a dénoncé l'isolation culturelle et linguistique des écoles maternelles islamiques et fustigé l’utilisation de l’argent des contribuables pour leur financement. Partagez-vous son avis ?
Johann Gudenus (J. G.) : Je le partage, certes. Mais je me demande pourquoi le ministre des Affaires étrangères et de l’Intégration change d’avis. N'est-ce pas son parti qui a voté pour le financement de ces jardins d’enfants et écoles ? C’est sa politique qui a favorisé les mouvements de musulmans et d'islamistes radicaux en Autriche. Désormais, à des fins électorales, il change d’avis et reprend certains points du programme du Parti de la liberté. Une telle hypocrisie est pour le moins surprenante.
La politique entreprise par Victor Orban en Hongrie était normale, raisonnable
RT : L’Autriche donne un tour de vis à sa politique migratoire. La réaction de l’Union européenne, prenant pour cible la Pologne, la Hongrie et la République Tchèque qui refusent d'accepter les quotas de réfugiés, vous préoccupe-t-elle ?
J. G. : Je suis inquiet car je pense que, par exemple, l'action de Victor Orban en Hongrie est normale et raisonnable. Je suis irrité par les politiques autrichiennes, par ce qui a été fait par le ministre Sebastian Kurz : il a soutenu l'ouverture des frontières, l’accueil le plus large possible aux réfugiés, le renforcement de l’islam. Mon parti soutient l’idée d’interdiction de l’islamisme radical, et j’espère que les électeurs arriveront à distinguer qui l'envisage sincèrement et qui se borne à copier un programme à des fins électoralistes.
RT : Le président de la Commission européenne, Donald Tusk, a récemment parlé de migrants économiques «illégaux», au lieu d'user de son terme habituel d'«irréguliers». Ce changement de terminologie symbolise-t-il un virage de la politique migratoire de l’UE ?
J. G. : Je crois que lesdits pays du groupe de Visegrad ont pris le bon chemin. Faire de la politique, c’est protéger son propre peuple. Les gens vous élisent, votre obligation est de les protéger. Les gouvernements allemand et autrichien ont pris la mauvaise direction en acceptant de plus en plus d’immigrés illégaux. Cela a provoqué une hausse de la criminalité, des viols. Des citoyennes de ma ville, Vienne, ont désormais peur de se promener seules la nuit. Ce n’était pas le cas auparavant, c'est une évolution récente.
RT : Le ministre autrichien des Affaires étrangères a proposé en mars d’ouvrir des centres pour réfugiés hors de l’Union européenne. Pensez-vous que cela permettrait de régler la crise migratoire ?
J. G. : C’est une très bonne proposition, qui fait également partie de notre programme. Il y a deux ans, son parti et lui-même proposaient exactement le contraire : accepter plus de réfugiés, arguant que l’islam faisait partie de l’Autriche. Il est important de construire ces camps pour que les gens puissent retourner dans leur pays lorsque leurs problèmes seront réglés.
90% d'entre eux ne sont pas des réfugiés au sens de la Convention de Genève
RT : Le Premier ministre bulgare a récemment dit que l’Europe devrait totalement fermer ses frontières aux réfugiés. Des mesures aussi radicales pourraient-elles mettre un terme à la crise ?
J. G. : Il faut comprendre ce que recouvre le terme de «réfugié». Car 90% d'entre eux ne sont pas des réfugiés au sens de la Convention de Genève. Ce sont des migrants économiques et sociaux, qui cherchent une vie meilleure. On peut le comprendre, mais je ne vois pas pourquoi notre système de protection sociale devrait payer pour tout le monde.
L’Afrique a sa propre Convention sur les réfugiés. En cas de guerre ou de mauvais traitements dans des pays du continent, personne ne devrait avoir à en partir, car il y a d'autres pays africains où l'on peut vivre en paix et en sécurité. Mais personne n’en parle. Si on construit des camps où les gens peuvent vivre en paix, où ils peuvent élever et éduquer leurs enfants, travailler, et ensuite retourner dans leur pays pour le reconstruire, ce sera là une manière beaucoup plus humaine de procéder.
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