La polarisation entre partisans d'extrême-gauche et partisans de droite nourrit une atmosphère de haine dans la société américaine. Une situation qui risque de s'aggraver, selon l'ancien diplomate américain Jim Jatras.
RT : Il y a pour l'heure peu d’informations concernant la fusillade en Virginie. Quelle est votre analyse à chaud ? Qui pourrait être derrière cette attaque ?
Jim Jatras (J. J.) : La première chose dont j’ai entendu parler est qu'il était question de démocrates et de républicains. J’ai entendu qu’il y a eu 50 coups de feu, que quatre personnes, des parlementaires et des policiers, ont été blessés. On ne sait rien de la motivation du tireur.
RT : Les témoins disent que le tireur s’est approché d’un entraînement de baseball, en demandant si les gens étaient démocrates ou républicains avant de se mettre à tirer. Sa motivation pourrait être politique...
J. J. : Peut-être. Il est possible que cet individu soit en désaccord avec les républicains ou avec les démocrates, on pourrait évoquer une motivation politique. Mais il est trop tôt pour juger.
Si quelqu’un avait tiré sur les démocrates, nous aurions fait face à une déferlante de commentaires selon lesquels les gens de droite sont ingrats, hostiles. Mais si les républicains ou leurs partisans sont attaqués, ils sont seuls responsables
RT : Beaucoup disent qu'il s'agit là d'une réponse à la politique de Donald Trump et du gouvernement républicain. est-ce crédible ?
J. J. : Il est intéressant que des gens perçoivent cet incident de cette façon. Si quelqu’un avait tiré sur les démocrates, nous aurions fait face à une déferlante de commentaires selon lesquels les gens de droite sont ingrats, hostiles. Mais si les républicains ou leurs partisans sont attaqués, ils sont seuls responsables. Ce sont de pures spéculations. Mais néanmoins, encore une fois, il se peut qu'il ait eu des motivations politiques. On a pu voir des heurts sur des campus universitaires et ailleurs, durant lesquelles des manifestants dits anti-fascistes ont fait preuve d'une violence inouïe envers ceux qui n’étaient pas d’accord avec eux – ce n’est jamais de leur faute, ils agissent ainsi parce que ceux qu’ils attaquent sont «méchants». Certains commencent déjà à parler d’une atmosphère de guerre civile aux Etats-Unis, mais elle ne viendra pas de la droite, elle viendra de la gauche.
RT : L’adjoint au chef de la majorité parlementaire républicaine américaine a été blessé. Pensez-vous qu’il était particulièrement visé ?
J. J. : Il est trop tôt de tirer de telles conclusions. Mais il y une atmosphère de haine entretenue par la campagne médiatique contre le président Trump, et les partisans d’extrême-gauche trouvent une justification à leurs agression contre ceux qu’ils n’aiment pas.
RT : Au regard de la polarisation de la société dont vous avez parlé, la sécurité ne devrait-elle pas être renforcée ?
J.J. : On peut aller dans ce sens. On peut même transformer le pays entier en camp militaire, mais vous ne pourrez jamais écarter tous les dangers en permanence.
Notre pays est très polarisé : certains resteront en faveur de la libre vente d’armes, comme Donald Trump et moi-même, d'autres vont estimer qu'il faut intervenir en ce domaine, mais on ne sait pas si une réglementation raisonnable pourrait changer les choses
RT : Donald Trump lui-même s'affiche comme un défenseur du port d’armes aux Etats-Unis. Cet incident pourrait-il le infléchir sa position ?
J. J. : Je ne crois pas que cela va avoir un impact sur la position du président américain sur ce sujet. Notre pays est très polarisé : certains resteront en faveur de la libre vente d’armes, comme Donald Trump et moi-même, d'autres vont estimer qu'il faut intervenir en ce domaine, alors même qu'on ne sait rien de cet individu et de ses motivations et si une réglementation raisonnable pourrait changer les choses.
RT : Cet incident est-il inattendu ? N'était-ce pas prévisible au regard du contexte politique?
J. J. : Je ne dirais pas que je m’attendais à un tel incident. Mais je n’ai pas été surpris, compte tenu du niveau de violence dans le pays. Nous entendons à l'heure actuelle parler d'attaques à venir de la part de l’opposition, probablement en juillet. J'ai déjà dit que les partisans du soi-disant mouvement anti-fasciste attaquaient les gens exerçant leur liberté de parole, et la situation peut s'aggraver.
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