Il est décevant que les conservateurs exploitent les questions de sécurité pour obtenir des votes, regrette l'ancien conseiller anti-terroriste du ministère de l'Intérieur britannique, Jahan Mahmood.
A la suite des attaques terroristes sur le pont de Londres le 3 juin, celle de Manchester le 22 mai et celle qui a eu lieu en face du Parlement au mois de mars, le Premier ministre britannique Theresa May a déclaré qu’une modification des règlements était nécessaire pour priver les extrémistes de marge de manœuvre.
«Nous ne pouvons pas donner à cette idéologie l'espace sécurisé dont elle a besoin pour se répandre, mais c'est précisément ce qu'internet et les grandes entreprises font avec les services en ligne», a déclaré Theresa May.
Les élections législatives britanniques ayant lieu dans quelques jours seulement, il n’y a pas d’unanimité parmi les partis politiques concernant l’octroi de pouvoirs supplémentaires à la police, ce qu’exige le Premier ministre britannique Theresa May.
Theresa May doit parler d’un ton ferme, elle a une échéance électorale toute proche, elle doit se présenter comme un leader digne
RT : Chaque fois qu'il y a une attaque, le même scénario se répète : les attaquants se révèlent connus des services de renseignement, les politiciens font des déclarations provocatrices et la sécurité est renforcée. Et puis une autre attaque a lieu. Existe-t-il un moyen de briser ce cycle ?
Jahan Mahmood (J. M.) : Cela a été très difficile jusqu’à présent. Je ne pense pas que les autorités aient vraiment progressé grâce à leur stratégie antiterroriste. Les mesures préventives ont un rayonnement insuffisant. C’est en nous unifiant que nous pouvons remédier à cela : les médias, le gouvernement, les entreprises technologiques et les membres du clergé doivent envoyer un message cohérent et solide à travers les communautés et la société. Mais cela n'empêchera jamais un individu isolé de commettre l'irréparable, comme nous l'avons vu trois fois en trois mois. Le bilan des Tories [conservateurs] en termes de sécurité est très faible. Je ne me sens personnellement pas en sécurité au vu de ce bilan. Pourtant, le ministre de l'Intérieur est devenu le Premier ministre alors que, en partie, ses mesures se sont révélées défaillantes. Il est pour le moins paradoxal que les conservateurs exploitent les questions de sécurité à des fins électorales alors qu'ils ont échoué si lamentablement dans ce domaine. Comment vont-ils pouvoir régler ces problèmes la veille des élections alors qu’ils ont échoué tout au long de ces dernières années?
RT : Cette fois-ci, Theresa May a adopté un ton plus dur, arguant qu'il y avait trop de tolérance envers l'extrémisme dans la société britannique. Pourquoi cette prise de conscience est-elle aussi tardive ?
J. M. : Elle doit parler d’un ton ferme, elle a une échéance électorale toute proche qui la contraint à se présenter comme un leader digne... En général, le ton monte dans les discours des politiques, à l'approche d'élections majeures, pour redescendre immédiatement après, afin de rassurer les communautés et la société. Au final, en dépit de ces gesticulations, on ne peut que constater que le bilan de Theresa May n'a pas été très bon. Et le fait que trois incidents aient eu lieu en trois mois sous son mandat est des plus inquiétants.
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