Les anciens responsables du renseignement sous l’administration Obama ont témoigné le 8 mai devant le sous-comité sénatorial sur la présumée ingérence russe dans les élections américaines et sur les possibles liens qu'aurait Donald Trump avec la Russie.
Même si on n’a vu aucune preuve tangible étayant ces accusations, l’ancien directeur du renseignement national, James Clapper, estime que la Russie célèbre son succès.
Reste que James Clapper a reconnu qu’il n’y avait aucune preuve démontrant que Moscou ait influencé le vote le jour de l’élection. L'ex-directeur a également déclaré qu’il n’y avait pas eu de publication de données du Parti républicain par le site lanceur d'alertes WikiLeaks au cours de la campagne présidentielle.
RT : Il semble que l’audience a été concentrée sur la démission de Mike Flynn, ce qui est une question annexe. Mais la question principale n’était-elle pas de savoir s’il existait effectivement des liens entre l’équipe de Trump et la Russie ?
Ray McGovern (R. M. G.) : Il y a très peu de preuves. Pour commencer, je veux dire que j’avais cinq ans le jour de la victoire en 1945 et j’ai entendu des félicitations tout autour. J’avais dix ans, lorsque le sénateur [Joseph] McCarthy tenait ces audiences. Et je me souviens de vives disputes dans mon salon entre ceux qui pensaient que le sénateur McCarthy avait raison sur la «menace rouge» et ceux, plus convaincants, qui estimaient que c’était faux, que c’était une chasse aux sorcières.
Regarder cette audience aujourd’hui c’était une honte pour moi. C’est une sorte de manifestation de ce qu’on appelle l’Etat profond dans notre pays. La CIA, la NSA et le FBI travaillaient en coulisses, manipulant ces sénateurs, dont le porte-parole, le président du Sénat, Chuck Schumer, a annoncé il y a deux mois : «Vous savez, Trump est très stupide pour s’opposer à la CIA ou la poursuivre. Rachel Maddow [journaliste de MSNBC] a demandé : «Que voulez-vous dire?» – «Eh bien», a répondu Schumer, que «la CIA a plus de moyens qu'il n'en faut pour répliquer».
Donc, j’ai pensé que Donald Trump était un homme d’affaires avisé, mais maintenant il a fait quelque chose de très stupide. Qu'est-ce qui se cache derrière tout ça ? Vous avez Clapper qui reconnaît qu’il a menti sous serment il y a quatre ans, quand il a nié qu’il y avait une écoute illicite des Américains.
Et vous avez Sally Yates [procureur général nommée par Obama mais limogée par Trump]. Sally est un personnage sinistre, parce qu’elle a fait une chose tout-à-fait correcte, en refusant d’approuver les mesures anti-immigrantion et anti-islam de Donald Trump, mais elle a semblé trop zélée, parce que quelqu’un a dit : «Nous avons Michael Flynn maintenant ! Et vous ne pouvez pas garder le secret – vous devez informer la Maison Blanche.» Et ensuite – tout à fait par hasard – cela a fuité dans le Washington Post. Ils ont pris Flynn et cela a constitué leur première victoire contre les plans du président Trump et sur son intention clairement exprimée de tendre la main à la Russie.
Ils ont réussi deux grandes choses. La première, c'est qu'ils ont pu expliquer pourquoi Hillary Clinton avait perdu – à cause des Russes. Il n’y a pas de preuves, mais ça doit être la Russie. La seconde, c'est qu'ils ont pu blâmer Trump pour ses liens avec la Russie, jusqu’au moment où le président américain – sentant que tout le monde le considérait comme la marionnette de Vladimir Poutine – a utilisé le premier prétexte, avec cette attaque chimique en Syrie, pour se dépêcher de dire : «Je ne suis pas le fantoche de Poutine. Je suis mon propre maître et je peux ordonner le tir de 59 missiles de croisière, sans que quiconque le conteste !»
Ils poussent donc malicieusement Donald Trump, qui n'est pas très malin, à agir en matière de Défense pour lui montrer qu'il n'est pas la marionnette du président russe. L'occasion de réduire à néant une précieuse chance de rapprochement, pour un jour de détente au moins entre la Russie et les Etats-Unis, constituée par le 72e anniversaire de la Seconde Guerre mondiale que nous avons gagnée ensemble.
RT : En ce qui concerne le rapport du renseignement américain sur l’ingérence russe présumée dans les élections américaines, croyez-vous que suffisamment de preuves ont été trouvées pour étayer ces accusations ?
R. M. G. : Le rapport public sur le sujet est une honte pour le renseignement. Les gens disaient que dix-sept agences de renseignement approuvaient cela. Même James Clapper a admis, qu’il ne s’agissait pas des 17 agences, mais que des trois : le FBI, la NSA et la CIA. Et un petit groupe de personnes a été constitué pour rédiger ce rapport qui ne contient aucune preuve d'ingérence russe.