Le Pentagone ne lutte pas pour gagner la guerre en Afghanistan, mais pour éviter de donner l’impression que les Etats-Unis l’ont perdue, a déclaré Brian Becker de Answer Coalition.
L'ambassadeur d'Afghanistan aux Etats-Unis a déclaré que les forces afghanes devaient être capables de faire face à la menace talibane elles-mêmes d'ici 2020.
Cependant, le Pentagone continue à envisager d'y envoyer des troupes supplémentaires. Le général Joseph Votel, commandant du CENTCOM, a récemment déclaré qu'il prévoyait une augmentation du nombre de troupes dispersées en Afghanistan.
«Nous développons une stratégie et nous [en] discutons avec le secrétaire et le ministère en ce moment», a-t-il déclaré au Comité des services armés du Sénat. «Je crois que cela impliquera le déploiement de forces supplémentaires pour s'assurer de pouvoir rendre notre mission de conseil et d'assistance plus efficace».
RT : Ne trouvez-vous pas que l'armée américaine tourne en rond ? Ils continuent de demander une présence militaire accrue, mais la situation sur le terrain évolue-t-elle véritablement ?
Brian Becker (B. B.): La demande du général Votel d’augmenter le nombre de soldats en Afghanistan a été faite presque huit ans exactement après que le président Obama a renforcé la présence militaire sur place, en y envoyant à l'époque plus de 30 000 soldats supplémentaires. Nous voilà huit ans plus tard : la guerre n'est pas finie. C'est désormais la guerre la plus longue de l'histoire des Etats-Unis. Toute augmentation d'effectif en Afghanistan ne sera pas décisive. Le peuple américain ne tolérera pas l'envoi de centaines de milliers de soldats, ce sera donc une augmentation moins importante. Néanmoins, cela ne permettra pas de «gagner la guerre».
Les Etats-Unis ne peuvent pas gagner la guerre en Afghanistan
Le vrai problème, c’est que les Etats-Unis ne peuvent pas gagner la guerre. Le Pentagone sait qu'il ne peut pas gagner la guerre. Il ne se bat plus pour gagner la guerre. Il se bat pour donner l’impression qu'il n’a pas perdu la guerre. De plus en plus de jeunes américains – soldats, marines... sont envoyés en Afghanistan. Certains seront tués ; d’autres seront blessés ; beaucoup d'Afghans mourront. C'est la stratégie. Il n'y a pas de lumière au bout de ce tunnel.
RT: Cette guerre pourrait-elle se transformer en un deuxième Vietnam - une guerre avec peu de chances de succès que le gouvernement américain ne peut pas lâcher ?
B. B. : Un détail de la guerre au Vietnam manque à celle d'Afghanistan : pendant la guerre du Vietnam, entre 1967 et 1972, des millions d'Américains étaient descendus dans la rue pour exiger la fin de la guerre. Il était impossible d’espérer gagner cette guerre. Il y avait donc une forte pression dans le pays pour y mettre fin. Les Etats-Unis ne pouvaient pas gagner la guerre. Les Etats-Unis ne peuvent pas gagner la guerre en Afghanistan. Mais la composante manquante ici, c’est cette énorme pression de l'opinion publique anti-guerre. La raison en est que les planificateurs militaires américains ont veillé à ce que le nombre de victimes américaines soit très faible. Tout le sang coule de l'autre côté. C’est organisé précisément pour éviter que les mouvements anti-guerre ne se développent massivement aux Etats-Unis, et ainsi s'épargner une pression politique importante.
Les Taliban contrôlent plus de territoires maintenant qu’à l’époque du gouvernement afghan
RT : L'indifférence du peuple américain pourrait-elle être le résultat de l'absence d'enrôlement obligatoire, quand les gens pensent que cette guerre a lieu loin de chez eux et ne les concerne pas ?
B. B. : Oui, la combinaison de l'absence d'un service sélectif – une armée de conscrits, où le fardeau d'une guerre étrangère n’est pas porté par la population toute entière – et le petit nombre de victimes américaines, ces deux éléments ont empêché la montée massive de mouvements anti-guerre qui existaient pendant la guerre du Vietnam.
Quand j'étais jeune, tous les ans nous nous disions : «Dans quatre ans, dans trois ans, dans deux ans, j'aurai 18 ans, je serai enrôlé». Chaque famille ayant sous son toit un jeune homme faisait donc face aux questions suivantes : «Soutenons-nous la guerre ? Voulons-nous que notre fils aille se battre ? Peut-être il sera tué ?» Avec l'armée professionnelle, il n’y a plus de cela. Une très petite partie du peuple américain porte le fardeau des opérations extérieures.
Nous sommes en 2017, près de 16 ans après le début de l'invasion américaine de l'Afghanistan, qui a débuté en octobre 2001. Les Taliban contrôlent vraisemblablement plus de territoires maintenant qu’à l’époque du gouvernement afghan. A cette époque, ils ne pouvaient pas contrôler le nord du pays, qui a été sévèrement divisé par les seigneurs de guerre suite à la chute du gouvernement socialiste d'Afghanistan.
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