En frappant la base syrienne en réponse à l'attaque chimique du 4 avril attribuée par le renseignement américain à l'armée syrienne, les Etats-Unis se sont précipités, estime le député radical Jérôme Lambert.
RT France : Dans la nuit du 7 avril, l’armée américaine a procédé à une attaque de missiles sur la base militaire syrienne d’Al-Chaayrate. Est-ce une réponse appropriée à l’attaque chimique du 4 avril dont l’auteur n’est pas encore déterminé par l’enquête ?
Jérôme Lambert (J. L.) : Il faut qu’il y ait une véritable enquête pour que l’auteur et les conditions de cette attaque chimique soient déterminés – à savoir : s’agit-il de gaz utilisés contre la population civile, de bombes syriennes, de dépôts d’armes chimiques touchés, où s’agit-il d’une attaque djihadiste ? Utiliser les armes chimiques est un crime de guerre, mais il reste à savoir qui les a utilisées ; ceux qui l’ont fait devront être sanctionnés.
Cette attaque chimique arrive à point nommé pour discréditer Bachar el-Assad
Cependant, le régime de Bachar el-Assad s’est récemment renforcé grâce à la reprise d’Alep et de vastes territoires en Syrie. Et même les Etats-Unis, l’Europe et la France remettaient le président syrien dans le jeu diplomatique. Cette attaque chimique arrive à point nommé pour discréditer Bachar el-Assad. On ne comprend pas alors pourquoi il aurait utilisé des armes chimiques comme s’il avait été dos au mur.
Je trouve que dans cette situation les Américains ont fait preuve d’une réaction trop rapide. Moi je suis pour qu’une résolution à l’ONU soit votée, une résolution demandant une enquête internationale. Ce qui est difficile, c’est que cette enquête internationale devra être menée dans une zone détenue par l’équivalent d’Al-Qaïda en Syrie, mais une enquête est nécessaire.
Donald Trump a voulu se différencier de Barack Obama qu’il accuse de n’avoir rien fait pendant des années
RT France : Y-a-t-il un risque de dérapage ? Cette attaque américaine peut-elle être le début d’un affrontement plus important en Syrie ?
J. L. : Oui, il y a un grand risque. Même si les Américains ont prévenu la Russie de l’attaque pour que les Russes puissent évacuer les lieux s’ils étaient présents sur cette base [information pas encore confirmée par le ministère de Défense russe, ndlr], il y a tout de même un grand risque de dérapage. Les ennemis de la Syrie et les ennemis de la paix rêvent de ce dérapage, les djihadistes les premiers. Si vous voulez opposer la Russie, les Etats-Unis et l’Europe, vous faites des provocations suffisamment fortes qui profitent aux djihadistes.
RT France : Pensez-vous que cette action américaine signe la fin de la coopération de la Russie et des pays occidentaux en Syrie ?
J. L. : Non, Donald Trump a voulu montrer ses muscles, se différencier de Barack Obama qu’il accuse de n’avoir rien fait pendant des années, mais il faut que cela s’arrête aujourd’hui. Il faut qu’il y ait une enquête [sur l’attaque chimique dans la province d'Idlib] et les choses reprendront leur cours normal.
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