La collaboration entre les services secrets russe et occidentaux est insuffisante, le principe du chacun pour soi n'étant pas efficace contre les menaces modernes – l'ex-officier du MI5 Annie Machon commente l'explosion au métro de Saint-Pétersbourg.
RT: Une bombe a explosé dans le métro de Saint-Pétersbourg aujourd’hui. Qui pourrait être derrière cela ?
Annie Machon (A. M.) : Nous avons vu des attaques différentes partout sur la planète au cours des dernières années. Cependant, je dirais que celle-ci porte les marques d’un attentat inspiré par Daesh. Je le place particulièrement dans le contexte de l’intervention russe en Syrie, à Alep-Est. Daesh a répété qu’il allait répliquer à un moment donné. Il y a de fortes chances que ce soit le cas.
Il s’agit d’une menace globale qui nécessite une réponse globale
RT : Pourquoi, d’après vous, c’est la ville de Saint-Pétersbourg qui a été attaquée ?
A. M. : C’est une sorte de coup publicitaire. Le président Poutine est dans cette ville ce jour-là et c’est sa ville natale. A ce niveau-là cela ressemble à la récente attaque de Londres. Pourquoi a-t-elle eu lieu devant le palais de Westminster ? Parce que c’est le siège du Parlement. Donc cela se passe de plus en plus souvent. La chose qui m’intéresse c’est que s’il s’agit d’une bombe artisanale, cela marque une rupture par rapport aux techniques des loups solitaires utilisées récemment à travers l’Europe, avec des méthodes très rudimentaires. Cela rappelle beaucoup plus les horribles attaques de Bruxelles d’il y a un an, où il y a eu des attaques à bombe à l’aéroport et au métro avec l’utilisation du shrapnel. Ces actions ont provoqué un maximum de victimes parmi les civils.
RT France : Nous avons récemment vu de nombreuses attaques contre d’autres villes européennes. Y a-t-il assez de coopération entre les services russes et ceux de l’Occident ?
A.M. : Il doit y avoir beaucoup plus de coopération. On espérait tous qu’après l’élection du président Trump il y aurait plus de travail commun avec la Russie, d’accords avec la Russie, et d’efforts pour stopper l’extrémisme islamiste et le terrorisme dans le monde entier. Mais il subit une pression à cause des soi-disant hackers russes, c’est pourquoi il est beaucoup plus difficile pour lui de construire des relations de travail efficaces avec la Russie. Cette coopération avait commencé à se construire après la fin de la guerre froide, mais malheureusement, nous assistons depuis 25 ans à un recul dans ces relations.
Plus nous coopérons, plus nous contribuons à notre sécurité commune et le mieux c’est pour chacun parmi nous
RT : La Russie a été accusée d’un certain nombre de choses récemment, y compris de piratage et d’ingérence dans des élections à l’étranger. Certains pourraient éviter de communiquer des informations à la Russie à cause de cela. Mais quand il s’agit de la sécurité en général, peut-on avoir recours à une telle logique ?
A. M. : Absolument pas. Chacun veut être en sécurité dans le pays où il habite, être sûr de ne pas être attaqué dans le métro ou dans les rues pour des raisons politiques ou terroristes. Il y a eu des attaques dans le monde occidental et en Russie au cours des dernières années. Il s’agit d’une menace globale qui nécessite une réponse globale. «Ca c'est mon problème, ça c'est le tien», cette attitude du chacun pour soi ne marche pas contre les groupes qui peuvent propager leurs idées à travers le monde via internet, radicaliser rapidement les jeunes et provoquer de tels dégâts avec des outils très basiques. Même si dans le cas de Saint-Pétersbourg on parle d’une attaque plus sophistiquée par rapport à celle de Londres, il peut très bien s’agir d’une seule personne ayant téléchargé des informations sur la fabrication de bombes artisanales. C’est très dur de se battre contre cela, quel que soit le pays où vous travaillez. Donc, plus nous coopérons, plus nous contribuons à notre sécurité commune et mieux c’est pour chacun.
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