Poursuivi en justice par les familles des victimes des attaques du 11 septembre 2001, le gouvernement saoudien va user de toutes ses ressources pour geler ce procès, estime Abayomi Azikiwe, rédacteur en chef de Pan-African News Wire.
Les familles des victimes des attentats du 11 septembre 2001 à New York ont initié un procès contre l'Arabie saoudite, accusant ses fonctionnaires d'aider les terroristes. Riyad est accusé d’avoir financé Al-Qaïda et les pirates de l'air impliqués dans la tragédie.
De telles poursuites ont été rendues possibles après l'adoption par le Congrès, en 2016, d'une nouvelle loi.
RT: Les familles des victimes de l’attentat du 11 septembre assignent l‘Arabie saoudite en justice. Peuvent-ils gagner ce procès ?
Abayomi Azikiwe (A. A.) : Cela reste à voir. Je suis sûr que le gouvernement saoudien va user de toutes ses ressources pour geler le procès. Il a même apparemment engagé un groupe qui semble être une organisation de défense des intérêts d'anciens combattants pour envoyer un certain nombre d'anciens combattants à Washington. Ils ont séjourné au Trump International Hotels. Ils ont été hébergés dans des chambres à plus de 500 dollars la nuit. Ils ont été encouragés à se rendre au Congrès pour faire pression contre ce projet de loi ou pour demander la révision du projet. C'est une question qui reste délicate aux Etats-Unis, près de 16 ans après les attentats. Il y a encore de sérieuses questions sur l'implication saoudienne dans les détournements des avions, l'effondrement du World Trade Center, les dommages causés au Pentagone, et le quatrième avion qui s'est écrasé en Pennsylvanie.
La soi-disant guerre contre le terrorisme menée par trois administrations successives, est la pierre angulaire de la politique étrangère et militaire américaine
RT: A quels moyens de défense pensez-vous que l'Arabie saoudite aura recours ?
A. A. : Je pense que les autorités saoudiennes doivent être prudentes avec l'opinion publique qui leur est hostile aux Etats-Unis et avec la curiosité que nourrisent les attaques du 11 septembre. Elles vont devoir être très prudentes dans leur façon d'agir, à l'intérieur même du système judicaire [américain]. Dans le New York Post, un article indiquait qu'elles étaient très nerveuses au sujet de l'adoption de ce projet de loi et qu'en même temps, elles étaient très préoccupées par l’issue possible de ce procès. Au tribunal, elles peuvent faire objet d’une «enquête juridique», ce qui signifie que les passages censurés dans le rapport qui a été publié l'année dernière pourraient être examinés. Des documents supplémentaires pourraient être réclamés à la monarchie saoudienne, concernant les personnes impliquées dans les détournements. Ce sont des questions qui préoccupent toujours la population aux Etats-Unis. Et, en même temps, la soi-disant guerre contre le terrorisme menée par trois administrations successives, est la pierre angulaire de la politique étrangère et militaire américaine.
RT : L’année dernière, Barack Obama a opposé son veto à la loi sur les victimes du 11 septembre, arguant qu’elle exposerait à des poursuites les citoyens américains à l'étranger. Son veto a été annulé par le Congrès. Mais ses inquiétudes sont-elles justifiées ?
A. A. : Selon le projet de loi, ceci est dirigé contre les Etats qui sont considérés comme sponsors du terrorisme international, et non pas contre des individus. Et je pense qu’ils ont utilisé l'éventualité que des membres du personnel militaire, du renseignement gouvernemental américain, ou du personnel de la fonction publique pourraient être soumis à des poursuites judiciaires ou arrêtés par des gouvernements étrangers en représailles de l’adoption de ce projet de loi. Mais je ne vois aucune preuve de cela dans cette loi.
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