Pour le politologue Bassam Tahhan, l'Etat islamique ne pourrait pas tenir si les Occidentaux souhaitaient vraiment sa disparition. Explications.
RT France :D’après le dernier rapport du Centre d'étude sur la radicalisation et la violence politique (ICSR) les finances de Daesh sont en déclin. Croyez-vous que c’est effectivement le cas ?
Bassam Tahhan (B. T.) : Oui, c’est sûrement le cas étant donné que certains puits de pétrole ont été bombardés. Par ailleurs, une chose que ne cite pas le rapport et qui est très importante, c’est que Daesh prélève beaucoup d’argent auprès des habitants, à peu près une dizaine de millions d'habitants sur une surface égale à peu près la moitié de celle de la France. Evidemment, ces gens-là ont tendance à fuir et ils passent de plus en plus vers la Syrie, l’Irak libérés, la Jordanie... car en plus d'être surtaxés, ils se font voler, violer. Donc, l'un des points faibles de la chute, pour l'Etat islamique, c’est la disparition des habitants, de l'un des peuples qui sont supposés être gouvernés par Daesh. On peut remarquer que même ceux qui ont soutenu Daesh au début, s'en mordent les doigts. Il est vrai également que, comme le dit le rapport, au début, les musées ont été pillés. On a pratiquement pillé tout ce qui pouvait être emporté, démonté, vendu mais il y a une fin à tout.
Cependant, ce n'est pas seulement le bombardement des puits de pétrole qui a nui à cette économie mais également le bombardement de tous les moyens de transport. Un bombardement qui a surtout été effectué par les Russes plutôt que par les Américains.
Si Daesh tient toujours, c’est qu’il a des relations commerciales
RT France : Mais où passe tout cet argent que gagne Daesh ?
B. T. : Daesh arrive à faire parvenir son argent en Occident, à avoir des transactions. Cela remonte aux temps où la Turquie achetait le pétrole de Daesh, le revendait et servait de plaque tournante financière pour l'Etat islamique et les groupes extrémistes afin d'envoyer de l’argent à l’étranger, aux familles des djihadistes par exemple. Le système banquier ou financier est très complexe à démonter et à surveiller. Ceci dit, je crois que la Turquie reste complice.
RT France : D’où tenons nous toutes ces informations sur l'état des finances de Daesh ?
B. T. : Nous avons beaucoup de renseignements très précis sur la fortune et les dépenses de l'Etat islamique. Permettez-moi d’accuser sans aucune hésitation la Turquie et les Etats-Unis. Je ne vois pas comment on aurait pu savoir au dollar près ce que possèdait l’Etat, ce qu’il dépensait et ce qu’il gagnait chaque jour. En outre, il y a tout de même des lacunes dans ce rapport qui reste un peu vague. On se demande comment Daesh continue à exploiter le pétrole. Il a perdu quelques puits de pétrole en Syrie et en Irak. Tout cela, dans le rapport, n’est pas très clair.
RT France : Malgré tous ces rapports, nous avons du mal à savoir ce qui se passe à l’intérieur de l'Etat islamique. Сomment fait-il pour tenir économiquement ?
B. T. : S’il tient toujours, c’est qu’il a des relations commerciales. Nous avons appris que, par des intermédiaires, Daesh achetait des actions en bourse. Et là, je crois qu’il faut souhaiter bonne chance aux services secrets pour découvrir l'intégralité de ce réseau financier de Daesh à l’étranger.
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