Les tensions dans les relations irano-américaines se sont aggravées après l'entrée en fonction de Trump mais sa rencontre avec Vladimir Poutine pourrait apaiser les tensions, estime Sharmine Narwani, écrivain et expert en Moyen-Orient.
Des centaines de milliers de personnes se sont réunies cette semaine dans plusieurs villes à travers l’Iran à l’occasion de l’anniversaire de la révolution islamique de 1979 qui a mis fin à la monarchie soutenue par les Etats-Unis et abouti à la création de la République islamique d’Iran.
Toutefois, toutes les bannières agitées par la foule n'étaient pas consacrées à l’Iran. Diverses images négatives de Donald Trump et du drapeau américain ont également été brandies. Cela témoigne de la récente montée d'un ressentiment contre les Etats-Unis, liée à la ligne dure envers Téhéran adoptée par l’administration Trump.
RT : Où pensez-vous que cette récente aggravation des tensions entre l’Iran et les Etats-Unis nous mènera ?
Sharmine Narwani (S. N.) : Le Moyen-Orient a toujours été imprévisible, même dans des circonstances favorables. Avec le chaos qu’on observe dans le monde entier actuellement, il est encore plus difficile de faire des prévisions. Si nous avions affaire à des acteurs sains d’esprit dans une situation raisonnable, nous pourrions présenter des arguments rationnels. Je me demande dans quelle mesure les Etats-Unis pourraient se confronter réellement à l’Iran. Davantage de sanctions ne vont pas faire changer le comportement de l’Iran et les menaces ne semblent pas avoir fait de différence.
Vladimir Poutine va établir leurs priorités mutuelles au Moyen-Orient, en particulier en Syrie, et souligner que l’Iran est essentiel dans la guerre au sol pour lutter contre le terrorisme
Lorsque l’Iran a procédé à un essai de missile en janvier, il n’a pas reculé à cause des menaces américaines et, mercredi dernier [le 8 février], ils ont lancé un autre missile justement depuis le même site. Un affrontement direct ne semble pas possible. Il y a des conséquences beaucoup plus inattendues qui pourraient arriver aux Etats-Unis s’ils portaient des coups contre l’Iran.
Donald Trump semble même avoir changé d'avis concernant l'accord sur le nucélaire, sur lequel il avait promis de revenir. Je pense qu'il est possible que la situation se calme et je crois que cela pourrait bien arriver après une rencontre entre Vladimir Poutine et Donald Trump, où le président Poutine va en quelque sorte établir leurs priorités mutuelles au Moyen-Orient, en particulier en Syrie, et souligner que l’Iran est essentiel dans la guerre au sol pour lutter contre le terrorisme.
RT : Lors de la campagne, Donald Trump avait promis moins d'ingérence des Etats-Unis dans les affaires d'autres pays. Comment le peuple iranien ressent-il l'influence de Donald Trump les relations irano-américaines ?
S. N. : Je pense que les Iraniens, comme les Américains, ne savent pas vraiment où Donald Trump veut aller avec tout cela. Il n’a pas semblé donner la priorité à l’Iran dans sa campagne. Il a prêté attention à Daesh, à l’OTAN et au rapprochement avec la Russie. Les menaces contre l’Iran sont venues d'ailleurs, plongeant dans la confusion beaucoup d'acteurs sur la scène internationale. On va voir. Mais l’Iran est sur ses gardes. Les Iraniens sont sur leurs gardes, comme nous l’avons vu avec ces manifestations. Ils ne renoncent pas, même s’il y avait des affiches encourageantes, disant que nous n’avons pas de problème avec le peuple américain, c’est juste les menaces du gouvernement que nous observons maintenant.
L’administration Obama a toujours menacé l’Iran et ses intérêts, en accroissant les sanctions jusqu'à un niveau jamais vu auparavant et en intervenant dans le programme nucléaire civil iranien
RT : Il y avait de grands espoirs après la signature de l’accord nucléaire en 2015, des sanctions ont été assouplies... Pourquoi fait-on marche arrière aujourd’hui ?
S. N. : Nous avons l'impression que Donald Trump est en train de renier un grand rapprochement irano-américain. En fait, l’administration Obama a toujours menacé l’Iran et ses intérêts, en accroissant les sanctions jusqu'à un niveau jamais vu auparavant et en intervenant dans le programme nucléaire civil iranien. Je le vois juste comme un changement d’administration, et on a vu beaucoup de sondages et de gesticulations dans les premiers jours. Il n’y a encore eu aucun changement significatif. Nous sommes encore en phase de discussion. Il faut attendre pour voir comment tout cela se manifestera.
Lire aussi : Trump a tort, «l'Etat terroriste numéro un» c'est l'Arabie saoudite, pas l’Iran
Les opinions, assertions et points de vue exprimés dans cette section sont le fait de leur auteur et ne peuvent en aucun cas être imputés à RT.