En France, la menace terroriste suscitée par l'idéologie islamiste subsiste. Mais pour lutter contre elle, il faut renforcer les effectifs de police, plutôt qu'engager des militaires, estime Eric Coquerel, coordinateur du Parti de gauche.
RT France : Il y eu une attaque devant le Louvre ce matin [3 février]. Ce fait veut-il dire que la France est toujours en danger face aux attaques terroristes ?
Eric Coquerel (E. C.) : Il est évident qu’à partir du moment où la France est engagée contre la source du terrorisme, c’est-à-dire Daesh et tous les groupes se référant à ce type d’idéologie qui continue à sévir au Proche et au Moyen-Orient, il y a toujours une menace terroriste. Malheureusement, c’est une vérité et ce n’est pas une nouvelle.
Si tant est que ce soit une attaque décidée ou suscitée par des groupes comme Daesh, c’est presque un aveu de faiblesse par rapport à il y a quelques mois
RT France : De quelle manière peut-on lutter contre cette menace terroriste ? Les mesures de sécurités fonctionnent-elles bien en France, vu que le terroriste a été arrêté par les forces de l’ordre ?
E. C. : D’abord, il faudra faire une enquête afin de savoir à quel type d’attaque on a assisté. Parce que la personne n’avait manifestement pas d’explosifs, c’était une attaque à l'arme blanche. On avait déjà connu ce genre d’attaque dans le passé. C’est évidemment regrettable et dangereux, mais ce n’est pas de même ampleur, qu'une attaque kamikaze, que l’attaque du Bataclan, ou même que l’attaque avec un camion à Nice.
Si tant est que ce soit une attaque décidée ou suscitée par des groupes comme Daesh, c’est presque un aveu de faiblesse par rapport à il y a quelques mois. Ou alors c’est effectivement la preuve que, après des années de politique d’austérité vis-à-vis des services de renseignement, de démantèlement, ils commencent à faire des progrès en la matière. Mais il faut quand-même attendre la fin de l’enquête pour savoir exactement de quoi il retourne, si on a affaire à une attaque concertée et voulue par Daesh.
Nous continuons à penser que le rôle des militaires est d’être sur le terrain militaire et qu’il vaut mieux mettre des forces de police nécessaires
RT France : Cette situation ne montre-t-elle pas que les mesures de sécurités introduites en France, comme l’état d’urgence ou l’opération Sentinelle, sont efficaces ?
E. C. : Ce n’est pas ce qui est le plus efficace. En tout cas, pas l’état d’urgence. Vous connaissez notre position : nous nous y opposons. On peut très bien lutter contre le terrorisme en respectant l’équilibre des pouvoirs entre la justice et la police. Je crois plutôt que des progrès ont été réalisés dans la prévention, le fait de démanteler les réseaux avant qu’ils n’agissent. Il y a très clairement eu des années d’errements sous Nicolas Sarkozy, où on a assisté à un affaiblissement, mais aussi dans les premières années sous François Hollande. Il y a eu, par simple nécessité, des moyens supplémentaires mis en œuvre de façon continue et ils reposent aussi sur la qualité des personnes.
Cela ne signifie pas que toute attaque terroriste de grande ampleur est forcément écartée de manière définitive, mais je pense que c’est surtout là que les progrès ont eu lieu. L’état d’urgence n’a rien à voir avec le fait que ce matin le terroriste, ou la personne susceptible d’avoir commis un acte terroriste, a été arrêtée. Nous continuons à penser que le rôle des militaires est d’être sur le terrain militaire et qu’il vaut mieux déployer les forces de police nécessaires, qui ont l’habitude de maintenir l’ordre sur place, plutôt qu'une opération Sentinelle. Même si je rends hommage aux soldats qui ont agi ce matin, ces mesures ne sont pas efficaces.
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