La première conversation téléphonique entre Vladimir Poutine et Donald Trump qui a eu lieu le 28 janvier, est un premier pas vers la normalisation des relations entre les deux puissances, selon le géopoliticien Dario Citati.
RT France : Que signifie cette conversation téléphonique entre Donald Trump et Vladimir Poutine ?
Dario Citati (D. C.) : Il s’agit d’un premier pas dans le rétablissement des relations cordiales entre la Russie et les Etats-Unis. Il s’agit d’une pratique diplomatique normale, puisque cette conversation suit celles que Donald Trump a déjà eues avec les autorités politiques du Royaume-Uni, de la France et de l’Allemagne. Bien évidemment, le contenu est beaucoup plus important, parce que la Russie a été protagoniste, malgré elle, de la campagne électorale aux Etats-Unis.
RT France : Quelles peuvent être les conséquences pour l’Europe du rapprochement éventuel entre la Russie et les Etats-Unis ?
D. C. : Il faut comprendre à quelle Europe nous faisons référence, puisque le Royaume-Uni c’est aussi l'Europe, mais il est quasiment en dehors de l’Union européenne. Les pays européens représentent des intérêts, mais l’Union européenne c’est différent. Pour certains pays – la France, l’Italie – il s’agit d’un signe positif, puisque tous les pays qui ont eu une attitude modérée à l’égard de la Russie vont avoir maintenant des occasions pour promouvoir leur position dans l’Union européenne. Mais cela dépend de chaque pays. Je crois qu’il s’agit d’un refroidissement vis-à-vis des pays de l’Europe orientale qui ont une position très critique à l’égard de la Russie.
Si cela dépendait seulement de Donald Trump, les sanctions pourraient être abolies
RT France : Donald Trump s’est mis d’accord avec Vladimir Poutine pour coopérer sur le dossier syrien. Pensez-vous que cette coopération aura effectivement lieu ?
D. C. : Je pense que oui. Dans la vision de Donald Trump il y a des moments de clarté, comme il y a des moments encore à éclaircir, mais on a vu que l’attitude très critique dans la lutte contre le terrorisme islamiste et à l’égard de l’islamisme radical au-delà de celle-ci, a été de fait démontrée dans ses premiers actes. Je pense que la coopération avec la Russie, qui est devenue un acteur incontournable au Moyen-Orient, va avoir lieu, mais cela ne signifie pas que ce serait de même sur tous les autres sujets, tels que par exemple la Crimée et l’Ukraine.
Donald Trump ne s’intéresse pas à étudier ce qui s’est passé en Ukraine
RT France : Comment Donald Trump va-t-il maintenir le cap vers la coopération avec la Russie vue l’opposition dans son propre camp au sein du parti républicain ?
D. C. : Si cela dépendait seulement de Donald Trump, même les sanctions pourraient être abolies. Donald Trump ne s’intéresse pas à étudier ce qui s’est passé en Ukraine, alors qu'en ce qui concerne la Syrie il est intéressé de coopérer avec la Russie.
Evidemment, la ligne de scission avec les membres du Parti républicain va dépendre de l’attitude de Donald Trump sur d’autres sujets liés à la Russie. Si dans le cas de la Syrie il va faire trop de concessions, il va devenir plus difficile d’avoir une position de coopération au sujet des sanctions. Il faudra que cette volonté de rétablir les relations rentre dans une attitude des Etats-Unis visant à conserver son statut de puissance et l’abolition des sanctions ne pourra être possible si sur le premier sujet Donald Trump cède aux exigences de Moscou.
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