Martin Schulz et Angela Merkel vont s'affronter pour obtenir le poste de chancelier allemand. L'historien John Laughland est indigné par ces gens qui «dupent les électeurs» et «ont le culot d'appeler cela la démocratie».
Selon une boutade bien rôdée des eurosceptiques, les institutions européennes sont des maisons de retraite pour des politiciens désavoués par leurs propres électeurs.
Ainsi, le président du Conseil européen, Donald Tusk, a été choisi par ses collègues après avoir perdu les élections polonaises de 2014, remportées par les conservateurs du Parti du droit et de la justice. De même, le président de la Commission européenne depuis 2014, Jean-Claude Juncker, un homme d'une médiocrité criante, n'a pu s'installer à Bruxelles qu'après avoir été évincé de son poste de premier ministre du Luxembourg (population : 500 000 personnes) suite à des fuites dans la presse affirmant que lors des réunions gouvernementales, il était souvent ivre au point de ne pas pouvoir les mener.
Désormais, ce sont les Etats qui fournissent aux politiciens ratés des institutions européennes la possibilité de se rechaper comme des pneus usagés
Avec l'annonce de la candidature de Martin Schulz, jusqu'à récemment président du Parlement européen, au poste de chancelier pour le Parti social-démocrate lors des élections législatives allemandes de septembre, c'est le phénomène inverse qui se produit. Désormais, ce sont les Etats qui fournissent aux politiciens ratés des institutions européennes la possibilité de se rechaper comme des pneus usagés. Lors du scrutin de cet automne, c'est donc le nain de jardin qui veut se recycler comme nouveau seigneur du château, et ceci parce que le ballon sauteur qu'est Sigmar Gabriel, président du parti social-démocrate, a avoué ne pas être à la hauteur de la tâche.
Pourtant en 2014, Martin Schulz a échoué dans sa tentative de conquérir le poste prestigieux de président de la Commission européenne. Cet échec a sans doute découlé en partie de la suffisance avec laquelle il parlait de son futur mandat à l'indicatif et non au conditionnel. («Wenn ich Komissionspräsident werde...», «quand je serai président de la Commission...»)
Son mandat au Parlement européen arrivant de tout façon à son terme, ce n'est que très tardivement que celui qui a été député européen pendant près d'un quart de siècle s'est subitement découvert la vocation de faire de la politique au plan national.
Сet homme, qui dépense chaque année un million d'euros pour son entourage personnel, a eu l'effronterie d'accuser d'autres députés européens de détournement de fonds européens
Pendant les cinq dernières années comme président du Parlement européen, Martin Schulz s'est fait principalement remarquer par son arrogance, son agressivité à l'égard de ses ennemis politiques et pour la vie somptueuse qu'il mène aux frais du contribuable, avec ses deux limousines, deux chauffeurs, deux huissiers en frac, un secrétaire du protocole et ses trente-cinq collaborateurs. Cet homme, qui dépense chaque année un million d'euros pour son entourage personnel, a eu l'effronterie d'accuser d'autres députés européens, notamment ses ennemis eurosceptiques du Front national, de détournement de fonds européens en employant des cadres du parti comme attachés parlementaires.
Le barbu chauve a, de surcroît, le toupet de se présenter comme un homme du peuple qui serait «protégé» de tout élitisme par le fait qu'il vivrait toujours dans un quartier populaire de la ville dont il a été longtemps le maire. Le Parlement européen, au demeurant, n'a de parlement que le nom : c'est le seul parlement au monde qui n'élit pas son gouvernement et qui ne lui demande pas de comptes, la Commission européenne étant, statutairement, totalement indépendante et non élue.
Il est peut-être superflu de rappeler que Martin Schulz, tout comme son adversaire Angela Merkel, est un ennemi acharné de la Russie. Sous sa présidence, le Parlement européen a voté deux résolutions majeures, l'une sur l'Union européenne de défense, l'autre sur la propagande russe et islamiste. Toutes deux ont le même but : édifier l'Union européenne comme un rempart contre la Russie. C'est exactement la politique d'Angela Merkel, l'un des faucons les plus durs en Europe lors de la crise en Ukraine, qui veut, elle aussi, soutenir une construction européenne chancelante par une politique de la peur de Moscou. Il est sans doute aussi superflu de rappeler que Martin Schulz avait qualifié Donald Trump de «populiste sauvage», «un homme clairement irresponsable» et «un problème pour le monde entier» lors de la campagne électorale américaine. S'il gagne les législatives, le futur chancelier Schulz sera bien obligé d'avaler son chapeau.
La politique allemande et la politique européenne en général ne sont qu'une fumisterie sinistre où les gens du système font semblant de ne pas l'être pour duper les électeurs
Le pire dans le choix de Martin Schulz en tant que candidat à la chancellerie allemande, c'est le fait qu'il le doit, tout comme son élection à la présidence du Parlement européen en 2012, à une combine politique. Voici à peine quelques semaines, on parlait de Martin Schulz comme potentiel ministre allemand des Affaires étrangères, à la place de Frank-Walter Steinmeier qui, en raison d'un petit jeu de chaises musicales, partira bientôt occuper le poste symbolique de président de la République fédérale d'Allemagne.
Martin Schulz avait donc le choix : être soit le collaborateur, soit le concurrent d'Angela Merkel. Le même homme pouvait très bien remplir les deux tâches qui sont interchangeables. Tout cela n'est que la énième preuve, comme si nous en avions besoin, que la politique allemande et la politique européenne en général, ne sont qu'une fumisterie sinistre où les gens du système, qui sont fondamentalement d'accord les uns avec les autres, font semblant de ne pas l'être pour duper les électeurs. Pire, ils utilisent les armes de ce système pour se maintenir au pouvoir et pour exclure, principalement par la diabolisation mais parfois aussi en utilisant des moyens judiciaires, ceux qui s'y opposent. Et ils ont le culot d'appeler cela la démocratie.
Du même auteur : Trois éléments frappants dans les négociations de la paix en Syrie à Astana
Les opinions, assertions et points de vue exprimés dans cette section sont le fait de leur auteur et ne peuvent en aucun cas être imputés à RT.