L'amour-haine entre Trump et les médias : aucune confiance mais un besoin mutuel

L'amour-haine entre Trump et les médias : aucune confiance mais un besoin mutuel© Joe Skipper Source: Reuters
Le président américain Donald Trump
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La politique aux Etats-Unis est proche d'une guerre - pour Ted Rall, caricaturiste politique, les médias n'ont jamais été aussi contradictoires face à un président en exercice qu’à Donald Trump – et déconnectés d'une grande partie des Américains.

Le président américain, Donald Trump, a accusé les médias de reportages «malhonnêtes». S’exprimant au siège de la CIA à Langley, en Virginie, il a déclaré que les reporters avaient sous-estimé le nombre de partisans présents à son investiture. Trump a déclaré qu'un réseau avait estimé l'assistance à 250 000 sur le National Mall.

RT : La guerre avec les médias a l'air d'être une caractéristique majeure de la nouvelle administration américaine, quelques jours après son arrivée au pouvoir. Qu'en pensez-vous ?

Ted Rall (T. R.) : La politique américaine n'a jamais été aussi proche de ce qu'on pourrait appeler une guerre, au moins dans son histoire récente. Jamais les médias n'ont été aussi contradictoires avec un président en exercice qu'aujourd'hui. A l'époque moderne le président le plus proche de cela, qui n'a jamais eu des relations très étroites avec les médias, pour dire le moins, était certainement Richard Nixon. Même à l'apogée du scandale du Watergate, alors que les médias étaient tournés avec force contre lui, il n'y avait rien de tel. Désormais, il n'y a même pas le moindre respect ou bon sens de chaque côté, de la même manière qu'il y a aucune sorte de confiance ou de bonne volonté. Si la guerre existe, si la guerre est possible, alors c’est la guerre. A ce stade, il s'agit d'une question de sémantique. Cela ne fait aucun doute : pour ce qui est des relations entre Trump et les médias, nous sommes en terre inconnue.

Les médias ont montré qu'ils étaient déconnectés d'une grande partie des Americains

RT : Pourquoi les médias sont-ils si hostiles au nouveau président américain ?

T. R. : À ce stade il y a beaucoup d'attaques. Certes, si vous êtes le président Trump - vous avez des raisons de penser que les médias ne vous aiment pas. Et les médias n'aiment pas. Ils l'ont épinglé pendant toute la campagne électorale. C'est une relation intéressante parce qu'ils ont fait beaucoup de reportages sur lui ; ils ont fait plus de reportages sur lui que sur n'importe quel autre candidat républicain ; ils ont fait plus de reportages sur lui que sur Hillary Clinton pendant les élections et, désormais, ils se sont retournés contre lui.

Ils le considéraient comme le clown de la classe, celui qui allait être amusant pour quelques citations et pour stimuler les audiences parce que, tout ce qu'il faisait, tout ce qu'il disait, déclarait, a vraiment dopé les audiences. Et puis, ils ont été horrifiés de découvrir qu’il pouvait réellement gagner, et encore plus horrifiés quand il a remporté la présidence. Il y a évidemment une alliance globale avec le Parti démocrate, que beaucoup de représentants des médias respectent, et cela fait partie du problème. Mais c'est aussi beaucoup une question de tempérament.

Cela étant dit, Trump n’a certainement pas fait beaucoup être dans les bonnes grâces des médias. Il n'est pas beaucoup allé à leur rencontre. Il ne s'est pas beaucoup ouvert, il n'a pas été transparent, il n'a pas donné de conférences de presse; il n'a pas donné le genre d'accès auquel les membres des médias qui font des reportages sur les présidents et les candidats s'attendent. Si vous pensez aux précédents, comme George W. Bush, par exemple, quand il s'est présenté aux élections, les médias l'aimaient bien, parce qu'il rejoignait les journalistes à l'arrière du bus. Donald Trump n'est tout simplement pas une personnalité de ce type. Il ne leur fait pas confiance et les tient à distance. Et ils le savent. Les deux camps ne se font donc pas confiance et ne s'aiment pas l'un l'autre. Il en est ainsi depuis longtemps. Mais c'est une relation d'amour-haine, parce que les deux camps ont désespérément besoin l'un de l'autre.

La plupart des gens qui ont soutenu Trump n'ont pas voté pour lui, ils ont voté contre le système

RT : Pensez-vous qu'étant le président américain Trump gagnera cette bataille entre lui et les médias?

T. R. : Le président a beaucoup de pouvoir dans le système américain, surtout à cette époque de l'histoire américaine. Mais, en même temps, je ne serais pas si prompt à dire que Donald Trump va certainement gagner. Les médias ont un pouvoir énorme. Vous ne pouvez pas vraiment gouverner aux Etats-Unis sans au moins un peu d'appui tacite de la part des médias. S'il veut être un président couronné de succès, ou s'il veut rester président pendant les quatre à huit années à venir, il devra faire mieux en termes de gestes vers les médias et former des alliances. Sinon il n'y arrivera pas. La façon dont le système est mis en place ne le lui permettra pas. 

RT : Il semble qu'en faisant tant de reportages sur Donald Trump les médias américains ont agi de manière différente, comparée à la couverture des présidents précédents. Est-ce votre sentiment ?

T. R. : Oui, je pense que c'est vrai - les médias ont montré qu'ils étaient déconnecté d'une grande partie des Americains non seulement lors des élections générales contre Hillary Clinton, mais aussi lors des primaires, par exemple, avec Bernie Sanders qu'ils ont traité comme une curiosité. Ils ont fait la même chose avec Donald Trump. Ils n’ont pas essayé de comprendre les gens qui le soutenaient. La plupart des gens qui soutenaient Trump n'ont pas voté pour lui, ils ont voté contre le système - pour envoyer le message que trop, c'est trop, et qu'ils étaient fatigués d'être ignorés, de voir leurs intérêts être ignorés. Les membres des médias de l'establishment ne le comprennent toujours pas, et le Parti démocrate non plus. Et c'est une partie de la réalité, ici : deux groupes de gens qui ne s'écoutent pas l'un l'autre.

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Les opinions, assertions et points de vue exprimés dans cette section sont le fait de leur auteur et ne peuvent en aucun cas être imputés à RT.

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