RT est devenu persona non grata sur les réseaux sociaux américains, visiblemet sans raison valable. D'après l'ex-agent du MI5 Annie Machon, il s'agit du «premier revers dans la guerre auto-proclamée contre les "fake news"».
RT France : Facebook a – à tort – bloqué le compte de RT à cause de «droits d’auteur non acquis». A quel point le filtre médiatique du réseau social est-il sensible ?
Annie Machon (A. M.) : C’est le premier revers dans la guerre auto-proclamée par Facebook contre les «fake news». Dans la foulée de la liste présentée par le site obscur propornot, incluant 200 médias du monde entier qui colporteraient de «fausses informations» en offrant une alternative aux entreprises médiatiques américaines – RT y figurait – Facebook et Google ont déclaré soumettre à une censure les médias figurant sur cette liste. Ils utilisent les droits d’auteur comme excuse pour censurer une chaîne d’information légitime et l'empêcher de couvrir les événements qui se passent dans le monde. Mais le reste du monde va les regarder sur d’autres chaînes sans aucun problème.
RT France : Lors du Forum économique mondial à Davos, un représentant de Facebook a confirmé l'engagement pris par le réseau de s'attaquer au phénomène dit des «fausses nouvelles». Cela en fait-il partie ?
A. M. : Cela en fait partie. Il n’y a pas que Facebook et Google qui ont dit qu’ils allaient se battre contre ces prétendues «fake news». L’Union européenne a également publié une directive au mois de novembre annonçant la création d’une agence pour traiter le problème des «fausses informations». Des pays comme la France ou l’Allemagne propagent déjà l'idée qu’il pourrait y avoir du piratage et des activités non démocratique lors de leurs élections cette année. Mais il est intéressant de voir que les droits d’auteur servent de prétexte pour exercer la censure. Depuis des années, je dis que les médias sont utilisés par les gouvernements comme des organisations mandataires.
Il y a un combat en ce moment entre le président élu Donald Trump et les services secrets
RT France : La suspension a été imposée sur le compte Facebook de RT avant l'investiture de Donald Trump et ne sera levée que le lendemain. Est-ce une coïncidence ?
A. M. : Pas du tout. Comme je l'ai dit, c’est le premier revers de cette bataille – la fausse bataille contre les «fausses informations». Rappelons-nous comment ce concept de «fake news» est apparu : d’une manière ou d’une autre, les informations du Comité national démocrate ont été divulguées l’année dernière. Les gens ont reçu cette information et WikiLeaks l’a dit sans équivoque : «Il ne s'agit pas de piratage mais d'une fuite.» Cependant, les grands médias américains ont décidé que c’était un piratage russe et que la Russie avait piraté les élections américaines. Rien n’a été prouvé, sinon que certaines de ces choses étaient fausses et Barack Obama a renvoyé 35 diplomates russes avant Noël sans qu’il n'ait de preuve. Cette fausse guerre contre les «fausses nouvelles» est fondée sur un grand mensonge.
RT France : Par ailleurs, RT a reçu une demande de la part de YouTube exigeant de leur faire savoir si certains de ses employés figuraient sur la liste des sanctions. Aucune justification n'a été donnée. Qu'est-ce qui pourrait motiver cela ?
A. M. : Qui sait ?On tire les ficelles depuis les coulisses, surtout en Amérique. Les grandes entreprises médiatiques et d’internet y prouvent depuis des années qu’elles sont très fortement liées à l’Etat américain et aux services secrets. Nous le savons grâce aux révélations d’Edward Snowden. En Amérique, les agences de renseignement ont accès aux bases de données de tous les géants d’internet et des réseaux sociaux. Il y a un combat en ce moment entre le président élu Donald Trump et les services secrets.
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