Le numéro 2 du FN Florian Philippot revient sur l'entretien de Donald Trump aux médias européens qui contraste selon lui avec «vingt ans d'interview de pensée unique». En accord avec ses constats, il y voit un vent de changement pour «les peuples».
RT France : Dans son interview donné aux médias européens, Donald Trump encense le Brexit, évoque la création d'un accord commercial avec la Grande-Bretagne et fustige Angela Merkel notamment pour sa politique migratoire. Après cette interview, l'Union européenne doit-elle craindre de ne plus être un allié de choix pour les Etats-Unis ?
Florian Philippot (F. P.) : Cette interview est une très bonne nouvelle pour les peuples. Peu m'importe l'Union européenne, ce qui compte pour moi ce sont les peuples européens. Or, ce que je vois c'est que pour la première fois depuis longtemps vous avez un chef d'état de premier plan qui dit des choses qui sont partagées par le peuple. Donald Trump déclare que le Brexit doit être respecté, car il est le fruit de la décision du peuple britannique et que c'est une bonne chose. C'est un avis que nous partageons aussi dans mon parti. Il explique aussi que d'autres pays devraient suivre le mouvement britannique, c'est probablement vrai et je le souhaite pour la France. Quand il critique la politique migratoire d'Angela Merkel, là aussi il a totalement raison et est en accord avec ce que pensent les peuples. Dans cette interview, le quasi-président des Etats-Unis dit plus de choses sur le fond que vingt ans d'interview de pensée unique, de pensée molle et de bien-pensance de l'ensemble des dirigeants européens et des Etats-Unis. En ce sens, cette interview est très bénéfique.
Ceux qui défendent l'UE et l'OTAN à tout prix, qui sont contre le Brexit ou qui défendent une politique migratoire complètement dingue sont à la remorque de l'histoire
RT France : Ses propos peuvent-ils avoir une résonance chez les citoyens européens à l'heure où plusieurs pays de l'UE vont avoir des élections majeures en 2017 ?
F. P. : Incontestablement. Les premières mesures annoncées par Donald Trump - je pense à la relocalisation de l'industrie automobile aux Etats-Unis, au protectionnisme, au patriotisme économique mais également à ses propos très importants sur la politique migratoire et sur l'OTAN dans cette fameuse interview - montrent aux peuples, à commencer par le peuple français, que ce que leurs élites leur présentaient hier comme néfaste, négatif et impossible, est en réalité possible, positif et va dans le sens du monde. Aujourd'hui ceux qui portent une parole et un projet patriote et souverainiste sont dans le sens de l'histoire. Quant à ceux qui défendent l'UE et l'OTAN à tout prix, qui sont contre le Brexit ou qui défendent une politique migratoire complètement dingue, ils sont à la remorque de l'histoire. Ils se font dépasser par l'histoire. Cette interview les ringardise. Les premières mesures de Donald Trump ringardisent complètement les opposants au patriotisme.
Dans sa forme actuelle, l'OTAN n'a aucune raison d'être
RT France : Donald Trump a décrit l'OTAN comme une institution «obsolète». Est-ce une priorité de refondre cette alliance militaire ?
F. P. : Donald Trump fait un constat très juste et très vrai sur l'OTAN. Au Front national, nous souhaitons sortir la France du commandement intégré de l'OTAN dans laquelle François Fillon et Nicolas Sarkozy nous ont remis en 2008 alors que le général de Gaulle l'avait quitté. Nous, nous quitterons ce commandement intégré pour retrouver une indépendance stratégique. Est-ce que l'OTAN doit subsister ? C’est une vrai question. Mais ce qui est certain c'est que dans sa forme actuelle, l'OTAN n'a aucune raison d'être. Elle n'est qu'un résidu de la guerre froide. Or la guerre froide est terminée depuis 25 ans. Il est évident que si l'OTAN n'évolue pas dans le bon sens, nous n'avons aucune raison d'y rester.
Donald Trump sait qu'aujourd'hui il n'y a aucun espoir d'avoir le moindre travail constructif avec le gouvernement français
RT France : Le président-élu n'a pas évoqué une seule fois la France dans cette interview. Est-ce étonnant ?
F. P. : Je pense que Donald Trump attend qu'il y ait une présidente de la République soucieuse de l'intérêt de son pays et qui n'a pas passé son temps à l'insulter, contrairement aux autres. Il attend, je pense, quelques mois avant de pouvoir travailler sérieusement avec la France. Il sait qu'aujourd'hui il n'y a aucun espoir d'avoir le moindre travail constructif avec le gouvernement français. A mon avis, cela s'explique comme cela. Il faut juste attendre quelques mois et une alternance politique.
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