Un accord a été trouvé au finish avec la Wallonie, qui pourrait débloquer le traité CETA. Spécialiste des questions européennes, Pierre Lévy, qui avait analysé les enjeux de ce projet, revient sur cette annonce de dernière minute.
On respire enfin ! La dramatique prise d’otages qui tenait en haleine Bruxelles, les chancelleries européennes, le gouvernement canadien, et tout ce que la planète compte d’élites mondialisées (c’est-à-dire raisonnables), a pris fin.
De même, le soulagement est immense au sein de la grande presse occidentale, qui n’avait cessé, ces derniers jours, de montrer à quel point la résistance de la Wallonie au projet de traité de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada (CETA), était absurde, lamentable et mortifère.
Seul désaccord persistant : celui des peuples. Mais, comme d’habitude en matière européenne, on ne va pas se laisser arrêter par ce genre de détails
Ce 27 octobre, le ministre président wallon a fini par donner son feu vert au CETA. Il est vrai que les pressions n’ont pas manqué pour lui faire entendre raison : ses amis sociaux-démocrates, à commencer par le président de l’europarlement, Martin Schulz ; les homologues chrétien-démocrates et libéraux de ce dernier ; les gouvernements, toutes couleurs politiques confondues, des vingt-sept autres pays de l’UE ; la Commission européenne ; les syndicats patronaux, ainsi que les experts et think tanks de tout poil, par exemple l’Institut Montaigne, qui rappelait qu’en cas d’échec, le Kremlin triompherait discrètement.
Bref, on ne pouvait tolérer plus longtemps qu’une «micro-région» qui «représente 0,45% du commerce transatlantique avec le Canada» (comme le soulignait Arnaud Leparmentier dans Le Monde daté du 27/10/16) prenne 500 millions d’Européens «en otage».
Du coup, le processus de signature devrait reprendre, même si la date (initialement fixée au 27 octobre) du déplacement à Bruxelles du Premier ministre canadien, Justin Trudeau, n’est pas encore connue.
Ensuite, il y aura un processus de ratification, exigeant là-aussi le feu vert des 28 Etats membres. Mais en cas d’accident à ce stade, rien ne serait désespéré : ainsi, l’accord UE-Ukraine attend toujours la ratification du Parlement néerlandais, puisque le référendum populaire du 6 avril dernier s’était opposé au texte. Qu’à cela ne tienne, le traité Bruxelles-Kiev est appliqué à titre provisoire, et rien n’empêche ce provisoire de durer.
Bref, entre Bruxelles et Ottawa, les choses se débloquent. Plus question de laisser Vladimir Poutine arroser au champagne les déboires des Occidentaux.
Seul désaccord persistant : celui des peuples (comme l’ont rappelé récemment les grandes manifestations en Allemagne). Mais, comme d’habitude en matière européenne, on ne va pas se laisser arrêter par ce genre de détails.
Les opinions, assertions et points de vue exprimés dans cette section sont le fait de leur auteur et ne peuvent en aucun cas être imputés à RT.