L'emploi de José Manuel Barroso par Goldman Sachs provoque de plus en plus d'indignation au sein de l'Union européenne. L’économiste et auteur Keith Boyfield raconte à RT la menace qui pèse sur l'ancien chef de la Commission européenne.
L’ancien président de la Commission européenne sera perçu comme un lobbyiste qui aura beaucoup de mal à exercer de l'influence pour le compte de la banque d'affaires américaine Goldman Sachs.
Il sera en outre l'objet d'une enquête qui s'intéressera à son éthique après qu'il a accepté un poste bien rémunéré auprès de la banque américaine.
Son vieil ami et successeur Jean-Claude Juncker est loin d’être content du choix effectué par Jose Manuel Barroso.
L’UE et Goldman Sachs ont quelque chose en commun : ce sont deux organisations qui ont des problèmes
RT : Pourquoi Jean-Claude Juncker est-il mécontent du nouvel emploi de José Manuel Barroso ? A-t-il vraiment violé les règles de l’UE ?
Keith Boyfield (K. B.) : Je pense qu’il essaie de remettre l’UE en ordre. On pourrait dire que l’UE et Goldman Sachs ont quelque chose en commun : ce sont deux organisations qui ont des problèmes. Goldman Sachs a mené un combat pour améliorer sa rentabilité et le prix de son action n’est remonté qu'à 170 dollars. L’UE, à son tour, est en train de perdre ses membres. On pourrait donc dire que tous les deux ont quelque chose en commun.
RT : Les critiques assurent que la position de l'ex-chef de l'exécutif européen chez Goldman Sachs pourrait renforcer le sentiment anti-européen. Qu’est-ce que cela signifie ?
K. B. : Goldman Sachs emploie depuis longtemps des gens comme Peter Sutherland, qui est un ancien commissaire européen, qui a travaillé comme président de Goldman Sachs International à Londres. Mais je crois que ce modèle, qui consiste à avoir des lobbyistes de haut niveau avec une expérience de travail au sein de la Commission européenne est en train de changer. Les organisations comme Goldman Sachs doivent vraiment anticiper la façon dont elles vont être perçues. Dans beaucoup de parties de l’Europe, on les voit comme l’incarnation du capitalisme et cela ne les rend pas trop populaires.
Un certain nombre d’Etats voudraient se débarasser de Jean-Claude Juncker. Il fait peut-être partie de la génération du passé
RT : Jean-Claude Juncker annonce également que José Manuel Barroso ne sera pas reçu dans les institutions de l’UE comme ancien président, mais comme le «représentant d'intérêts». Est-ce une manière de le sanctionner ?
K. B. : On le considèrera en effet comme un lobbyiste, et je pense qu’il va avoir de gros problèmes à exercer une influence au nom de Goldman Sachs.
RT : Jean-Claude Juncker n’est pas le seul à condamner José Manuel Barroso. A peu près 140 000 personnes ont signé une pétition appelant à ne pas payer la pension à l’ancien responsable. Le problème est-il si grave ?
K. B. : On a menacé de le priver d'une partie de sa retraite. Ce qui me surprend, c’est que Goldman Sachs ait assez d’argent dans ses caisses pour l'indemniser. Je pense que c’est un élément du jeu. Mais la Commission européenne a de vrais gros problèmes, comme Jean-Claude Juncker. Un certain nombre d’Etats voudraient se débarasser de lui. Il fait peut-être partie de la génération du passé. Ils devraient repenser les raisons de l’existence de l’UE, surtout maintenant, avec le départ de la Grande-Bretagne.
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