La santé d'Hillary peut soulever des questions, mais les théories du complot, c'est un peu trop

La santé d'Hillary peut soulever des questions, mais les théories du complot, c'est un peu trop© Brian Snyder Source: Reuters
Hillary Clinton quitte la maison de sa fille Chelsea le 11 septembre 2016
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Ce n’est pas utile de gonfler de façon disproportionnée les préoccupations concernant la santé d'Hillary Clinton, ni de les minimiser au point d'exclure l'existence de tout problème, estime la journaliste Danielle Ryan.

Internet est submergé de spéculations sur l’état de santé d'Hillary Clinton. Les images de la candidate démocrate à la présidentielle américaine qui vacille, incapable de marcher jusqu'à sa voiture qui l'attend est certainement un sujet de préoccupation, mais l'a-t-on exagéré de façon disproportionnée ?

Selon son médecin, Hillary Clinton souffre d’une pneumonie. Même depuis son seul évanouissement de 2012, qui lui a tout de même causé une commotion cérébrale et plus tard un caillot de sang, on a beaucoup spéculé sur les complications dont elle aurait pu souffrir par la suite et les images récentes n’ont pas contribué à apaiser les rumeurs.

Le dernier incident en date, lors de la commémoration des attaques terroristes du 11 septembre à New York, a eu lieu après des semaines de spéculations concernant les raisons de sa toux prolongée et de son «comportement étrange», à commencer par des suppositions sur les blogs jusqu'aux débats dans les grands médias. Certains d'entre eux présentent toutes sortes d'hypothèses concernant un tas de maux potentiels, alors que d'autres essayent de minimiser l'affaire, prétendant que sa santé ne pose aucun problème.

Suivant la personne interrogée, Hillary Clinton est soit un peu délabrée, à un pas de la tombe, ou la cible d’un attentat

Les théories du complot en abondance

Si l'on parcourt les rumeurs les plus populaires : pour certains Hillary Clinton souffre d'une sorte de lésion cérébrale, d'autres la soupçonnent d'avoir la maladie de Parkinson, une tumeur au cerveau voire d'être atteinte de démence. Un médecin de la télévision s'est publiquement inquiété des «soins du niveau des années 1950» qu'elle reçoit, à son avis. Une vidéo-compilation de son soi-disant comportement étrange a été mise en ligne et circule sur les sites anti-Clinton. Un incident en particulier, des images où l'on voit Hillary Clinton être surprise par un journaliste et tourner plusieurs fois la tête a été utilisé pour suggérer qu’elle souffrait d’épilepsie. Des articles sur des blogs sous-entendent que les lunettes de soleil bleutées qu'elle portait le 11 septembre ont aidé à prévenir d’autres épisodes similaires.

Le lendemain l'incident qui s'est déroulé en public, le hashtag #HillaryBodyDouble s'est répandu sur Twitter, des milliers des gens prétendant que la femme qui a quitté l’appartement de Chelsea Clinton à Manhattan et a salué les caméras n’était pas Hillary Clinton, mais un double. Ma préférée, c'est la théorie du complot franchement folle, produite par des sources pro-Clinton (et décrite par le Washington Post), selon laquelle elle a probablement été empoisonnée par Vladimir Poutine.

Donc, suivant la personne interrogée, Hillary Clinton est soit un peu délabrée, à un pas de la tombe, la cible d’un attentat.

Echec de communication

Si c’est simplement une pneumonie — et je suis plutôt d’avis que c'est vrai — Hillary Clinton devrait peut-être envisager d’embaucher un nouveau directeur de communication. Elle a été diagnostiquée le 9 septembre, mais nous ne l'avons appris que le 11, quand elle a vacillé en pleine rue sous les yeux de tout ceux qui possédaient un smartphone et une connexion à internet. Si Hillary Clinton avait pu tenir lors de ces commémorations sans s'évanouir, l'aurait-il jamais mentionné ?

Malgré les rumeurs sur sa santé qui se détériore rapidement, Hillary Clinton a fait preuve ces dernières années d'une endurance impressionnante, surtout pour quelqu'un de son âge. 

Il aurait été beaucoup plus logique de publier le 9 septembre un communiqué indiquant qu'on avait diagnostiqué qu'elle était souffrante et interrompre la campagne quelques jours, au lieu de risquer une tempête médiatique pour d'inutiles raisons de confidentialité. Mais à la place, les questions portant sur sa toux prolongée ont été ignorées au prétexte qu'elle souffrait simplement d'«allergies» et même après qu'elle s'est évanouie, la «chaleur extrême» a tout d'abord été mise en cause. Hillary Clinton aurait pu faire passer sa maladie inaperçue, mais en fin de compte, tout a été dix fois pire. Compte tenu de sa réticence à se prononcer ouvertement sur un certain nombre d'autres problèmes, dont l'utilisation d'une messagerie électronique privée et la coopération entre sa fondation caritative et le département d’Etat pendant lorsqu'elle dirigeait la diplomatie des Etats-Unis, davantage de confidentialité ne risque pas de faire beaucoup de bien sa campagne.

Pourtant, malgré les rumeurs sur sa santé qui se détériore rapidement, Hillary Clinton a fait preuve ces dernières années d'une endurance impressionnante, surtout pour quelqu'un de son âge. En tant que secrétaire d'Etat, elle a parcouru 956 733 miles dans les airs, pour se rendre dans 112 pays. Cela ne veut pas dire que quelque chose de plus grave ne peut pas lui arriver, mais seulement qu'il serait normal que temps à autre, elle souffre d'une grippe ou une angine, compte tenu notamment des conversations incessantes qu'un candidat à la présidentielle se doit de tenir, sans compter les discours. Les campagnes présidentielles sont incroyablement épuisantes. Beaucoup de trentenaires ne seraient pas assez en forme pour en sortir sains et saufs, sans parler des sexagénaires.

Cela n'a pas été inhabituel pour les présidents de souffrir de maladies graves, et souvent, de ne pas le divulguer pleinement

Une longue tradition

Est-il possible que ce soit plus grave que ce que nous savons, s'agissant de la santé de l'ex-première dame ? Bien sûr. Cette vidéo récente n'a fait que rendre un peu plus concrètes les préoccupations existantes et cela justifie que l'on pose des questions. Le mari d'Hillary, l'ancien président Bill Clinton, a même déclaré dans le passé que c’était le droit du public de connaître l'état de la santé du président. Mais pour replacer les rumeurs sur la santé d'Hillary dans leur contexte, tout au long de l'histoire américaine, il n'a pas été inhabituel que certains présidents souffrent de maladies graves, et souvent, qu'ils ne l'avouent pas clairement.

Dwight D. Eisenhower a eu une crise cardiaque, souffrait de la maladie de Crohn et d'un anévrisme coronaire qui aurait pu se rompre à tout moment. Cela ne l'a pas empêché d'être réélu. Lyndon B. Johnson a subi une opération de la vésicule biliaire. Franklin D. Roosevelt était si malade que l'un de ses médecins avait écrit dans une note qu'il doutait que le président puisse survivre à un second mandat. John F. Kennedy souffrait du dos, de l'estomac et de graves problèmes au côlon, ainsi que d'abcès et d'un taux de cholestérol élevé. Ronald Reagan s'est vu retirer de l'intestin une tumeur cancéreuse. Moins grave, mais plus embarrassant au niveau public, George H. Bush a vomi sur le Premier ministre japonais en 1992. Son fils, George W. Bush, s'est étranglé avec un bretzel et s'est évanoui sur un canapé en regardant la télévision. Dès lors, même si Clinton souffre de quelque chose de plus grave, elle s'inscrirait dans une tradition qui dure depuis longtemps.

Nous savons qu'une pneumonie lui a été diagnostiquée. Après, tout est conjoncture

Par ailleurs, il y a aussi une autre figure sur la scène mondiale qui polarise les rumeurs concernant sa santé : Vladimir Poutine. Selon diverses sources peu fiables, Poutine a eu un cancer, des accidents vasculaires cérébraux, il souffrirait du syndrome d'Asperger et est régulièrement accusé de disparaître dès qu’il prend quelques jours de congé.

L'adversaire d'Hillary Clinton, le républicain Donald Trump a promis de publier les résultats d'un «examen médical détaillé» dans les prochains jours. Les responsables de campagne de la candidate démocrate ont également promis de divulguer sous peu «les dossiers supplémentaires [sur son état] de santé ». Son porte-parole a déclaré qu'il n'y avait «aucune information non divulguée» et que cela «se limitait à une pneumonie». Sans doute les deux candidats seront désireux de confirmer leurs aptitudes physiques lors du premier débat face à face qui se tiendra le 26 septembre, mais il est peu probable qu'une attestation de bonne santé du médecin de Trump fasse beaucoup pour booster sa campagne ou nuire à Hillary Clinton, à moins qu'elle ne commence à prendre l'habitude de s'évanouir en public.

Il n’est utile ni de gonfler de façon disproportionnée les préoccupations concernant la santé d'Hillary Clinton, ni de les minimiser au point d'exclure l'existence de tout problème. Nous savons qu'une pneumonie lui a été diagnostiquée. Après, tout n'est que conjecture.

Lire aussi : Le Parti démocrate envisagerait-il de trouver un remplaçant à Hillary Clinton ?

Les opinions, assertions et points de vue exprimés dans cette section sont le fait de leur auteur et ne peuvent en aucun cas être imputés à RT.

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