Hillary Clinton fait tout son possible pour que ses relations avec Vladimir Poutine se détériorent davantage, ce qui pourrait un jour lui coûter cher, assure la journaliste Danielle Ryan.
Soyons honnêtes : Hillary Clinton et Vladimir Poutine ne sont pas exactement les meilleurs amis du monde. Mais Hillary Clinton semble vouloir rendre la situation encore plus compliquée et marquer des points politiques.
Les relations entre les Etats-Unis et la Russie ont déjà atteint leur niveau le plus bas depuis 25 ans
La candidate démocrate à la présidence des Etats-Unis devrait prendre au sérieux les relations avec la Russie. Si elle remporte l'élection au mois de novembre, les relations entre Washington et Moscou resteront la priorité de la politique étrangère. Elles ont déjà atteint leur niveau le plus bas depuis 25 ans. Cela va donc sans dire, que quand il s'agit de la Russie, Hillary Clinton ne mâche pas ses mots.
Celle qui a passé quatre ans à la tête de la diplomatie américaine aurait dû faire mieux qu'insulter en public le président du pays avec lequel elle risque de devoir travailler étroitement. Pourtant, on dirait que cela lui a complètement échappé. Au lieu de cela, elle a préféré renforcer la paranoïa anti-Moscou à un point tel qu'il ne serait pas surprenant qu'elle publie, dans le cadre de sa campagne, une nouvelle version de Red Channels, un pamphlet des années 1950 qui nommait et critiquait les personnalités publiques soupçonnées de sympathiser le Kremlin.
Grand parrain du nationalisme suprématiste et blanc ?
L'insulte la plus marquante qu'Hillary Poutine a adressé à Vladimir Poutine en 2014 avant de devenir candidate à la présidentielle, c'est de l'avoir comparé à Adolf Hitler. Vous pouvez imaginer que cela n'a pas été très bien accueilli dans un pays qui célèbre chaque année, le 9 mai, la victoire sur le nazisme. Hillary Clinton a continué depuis à produire un flot de commentaires sur «les Russes» et la façon de les traiter. Interviewée par Christian Amanpour, elle s'est moquée des mouvements et de la voix du président russe. Un comportement qu'on peut à peine qualifier de digne pour le chef de la diplomatie d'un pays.
En attisant la peur des Russes, Hillary Clinton se livre à une forme d'alarmisme qu'elle trouve détestable chez Donald Trump
Mais les choses ont pris récemment une tournure bizarre, quand Hillary Clinton a appelé Vladimir Poutine le «grand parrain» du mouvement global de nationalisme suprématiste blanc. Vous avez raté quelque chose ? Je résume. C'est pour la raison suivante : Donald Trump a dit quelques bonnes choses à propos de Vladimir Poutine. Donald Trump veut améliorer les relations avec Moscou. En Russie, il y a des nationalistes d'extrême droite. Du coup, Donald Trump fait partie de la cohorte globale des suprémacistes blancs dirigée par Poutine. C'est simple.
Le fait qu'Hillary Clinton s'attende à ce que ses partisans exécuteront cette gymnastique mentale pour soutenir cette idée est surprenant. Ironie du sort, en attisant la peur des Russes, Hillary Clinton se livre à une forme d'alarmisme qu'elle trouve détestable chez Donald Trump. Bien sûr, ce n'est peut-être pas aussi mauvais que de traiter les immigrés mexicains de violeurs, comme Donald Trump l'a fait, mais les racines de tout cela –l'utilisation de la peur et de préjugés en vue de manipuler les électeurs et de les distraire – sont les mêmes.
Vladimir Poutine n'a pas encore appris à insulter le peuple américain comme le font les dirigeants politiques américains
Pour être juste, Vladimir Poutine fait également de temps en temps des commentaires pas vraiment flatteurs sur Hillary Clinton. Par exemple, en réponse à sa comparaison avec Adolf Hitler, le président russe avait dit qu'Hillary Cinton n'était pas connue pour être «gracieuse dans ses déclarations» et qu'il valait mieux «ne pas discuter avec les femmes», un commentaire indéniablement sexiste pour les oreilles occidentales. Il a ajouté que quand les gens «poussent les limites trop loin», c'était un signe de faiblesse, pas de force. La différence principale est que ces commentaires-là, quoi que l'on en pense, ont toujours été fait en réponse ou en riposte, à des propos prononcés précédemment contre sa personne.
Vladimir Poutine n'a pas encore appris à insulter le peuple américain comme le font les dirigeants politiques américains. En effet, il a plusieurs fois fait des compliments aux Américains, admirant leur créativité, leur ouverture d'esprit qui a donné des «résultats aussi remarquable» pour le développement de leur pays.
Par ailleurs, nous avons Barack Obama qui dit des choses comme «la Russie ne fait pas n’importe quoi» et «personne ne se précipite à Moscou». Il y aussi John McCain, ancien candidat à la présidentielle, qui indique que la Russie est une «station de gaz se faisant passer pour un pays». Le manuel américain de diplomatie doit sûrement expliciter le terme «respect» de la manière suivante : Vous nous respecterez et vénérerez, mais n'attendez pas la même chose de nous.
Tous les chemins mènent à Moscou
Mais revenons à Hillary Clinton. Dans son esprit, il semble qu'actuellement, tout soit lié aux Russes. Fuites de courriels du Comité national démocrate qui mettent en lumière la corruption au sein du parti ? Les Russes. Son adversaire ? Agent russe. WikiLeaks ? Le front russe. Le mouvement global des suprémacistes blancs de la droite ? Dirigé par la Russie. Qu'est-ce qui va suivre ? Je suis déçue par la corruption au sein de la Fondation Clinton et du département d'Etat, c'est les Russes qui m'ont forcée ?
Au lieu de sortir un pansement, Hillary Clinton entend prendre une hache
La campagne d'Hillary Clinton a maintenant pour base deux choses qui ne la concernent aucunement : 1. Convaincre les électeurs que son adversaire est pire qu'elle. 2. Accuser la Russie de toutes les révélations embarrassantes. Depuis plusieurs semaines cela a été au cœur de sa stratégie de campagne. Pourquoi ? Parce que sa campagne a traversé autant de scandales qu'il est raisonnable de passer moins de temps à régler ces problèmes réels et se focaliser plutôt sur les distractions.
Quand le 8 novembre viendra et qu'Hillary Clinton remportera, si l'on en croit les sondages, l'élection présidentielle, comment prendra-t-elle son téléphone pour appeler Moscou ? Ne pense-t-elle pas que sa longue campagne s'appuyant sur la russophobie aura endommagé des relations qui sont indispensables ? Au lieu de sortir un pansement, Hillary Clinton prendra-t-elle une hache ? C'est stupide, irréfléchi et dangereux. Imaginez si aux moments les plus critiques de la guerre froide, les présidents américaines avaient dénigré les dirigeants soviétiques et estimé que le recours à la diplomatie avec ces Russes déplorables ne valait pas vraiment la peine. Imaginez ce qui aurait pu se passer s'ils avaient décidé de se désengager et de se moquer d'eux en public. La guerre froide aurait pu se terminer sur une note résolument différente.
Il est peu probable que le peuple américain veuille une sorte de confrontation sérieuse avec la Russie qui possède des armes nucléaires, mais les points politiques qu'Hillary Clinton marque aujourd'hui à peu de frais, en jouant la carte russe pourraient en fin de compte lui coûter bien plus cher.
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