Le parti anti-migrants AfD, participant aux élections allemandes pour la première fois, a réalisé un score surprenant malgré les tentatives de le dénigrer comme «parti nazi». Peter Boehringer, porte-parole du parti, évoque l'évolution à venir.
Dans le cadre des élections régionales allemandes, la CDU (Union chrétienne-démocrate) d'Angela Merkel a reçu un coup de semonce de la part des citoyens allemands le 4 septembre dans le Land d'origine de la chancelière. Alors que les sociaux-démocrates sont restés en tête, les conservateurs de Merkel sont arrivés troisièmes derrière l’AfD.
La CDU a recueilli seulement 19% des voix, contre 23% aux élections de 2011. Le Parti socio-démocrate (SPD) a recueilli 30%, soit une baisse de 5% par rapport au score d’il y a quatre ans.
L’AfD, qui a recueilli 21 % lors de sa première participation à un scrutin dans ce Land, se positionne aujourd'hui pour emporter des sièges au Bundestag l’année prochaine.
Ce qui est encore plus important, c’est le consensus général des vieux partis qui sont toujours pro-Euro, pro-UE et partagent]d’autres points de vue en matière de politique internationale
RT : Les principaux partis allemands ayant jusqu'à présent refusé de travailler avec l'AfD, il est peu probable qu’il joue un rôle au sein du gouvernement. Pour être réaliste, que peut-il atteindre en étant dans l'opposition ?
Peter Boehringer (P. B.) : Tout d'abord, nous avons eu un très bon résultat. Jamais auparavant un parti en Allemagne n’est passé de 0 à 20% d’un coup. Nous avons pris des voix aux quatre grands partis du passé, de tous les côtés du spectre politique. La CDU de Merkel a fini derrière nous avec 19%, et le Parti vert a même complètement abandonné. Ainsi, le dénigrement de l'AfD comme «parti nazi» – ou quelque chose de ce style –, va vraiment cesser maintenant, personne ne peut plus le dire sans se ridiculiser. Nous ne favorisons pas la xénophobie ou quelque chose [de ce genre]. Nous avons nombre d'autres sujets sur lesquels travailler avec les autres [partis]. Ce n’était pas une élection fédérale, il n’est donc pas question de savoir si nous allons travailler avec eux. La majorité n’est, bien sûr, pas acquise. Nous avons 21%, ce qui est beaucoup, mais ça n'est pas encore la majorité. Pourtant, ce qui est encore plus important, c’est à mon avis le consensus général des vieux partis qui sont toujours pro-Euro, pro-UE et [qui partagent] d’autres points de vue en matière de politique internationale – en particulier concernant l'Europe orientale –, qui ne sont pas acceptables.
Il faut un grand changement dans la mentalité de ces vieux partis, en particulier sur l'immigration et sur les politiques étrangère et européenne
RT : Votre parti a été qualifié d’islamophobe, de xénophobe et de nationaliste. Comment se débarrasse-t-on d’étiquettes comme celles-ci ? Dans quelle mesure les autres partis pourraient être d'accord pour travailler avec vous ?
P. B. : Avec le temps, cela sera nécessaire, mais il faut un grand changement dans la mentalité de ces vieux partis, en particulier sur l'immigration et sur les politiques étrangère et européenne. Tout est illégal ici. Nous sommes le parti qui défend le droit et la loi. Donc, quelque chose doit changer. Nous devons gagner encore plus de voix. À l'heure actuelle, il ne serait pas réaliste à la fois de notre côté et pour les autres parties de former un gouvernement de coalition. Mais cela peut changer très rapidement, comme nous l'avons vu hier [en passant] de 0 à 20%.
RT : Quel doit être ce changement de mentalité au sein de ces vieux partis pour qu’ils soit possible de travailler avec vous ?
PB : Tout d'abord, nous devons revenir à une gestion régulière des frontières, nous devons mettre un coup d’arrêt définitif à l'immigration clandestine [que] certains, en Europe centrale et en Allemagne, qualifient d'invasion. Il n'y a pas un seul parlementaire à Berlin en ce moment qui est prêt à l’arrêter. Donc, quelqu'un doit s’en charger.
RT : «Invasion» n’est-il pas un mot trop fort pour ces réfugiés qui ne possèdent vraiment rien ?
PB : Bien sûr, ce sont des réfugiés. Mais il y a énormément d'aide, ce serait impossible sans l'abolition de lois importantes – comme la convention de Dublin – qui aurait mis un coup d’arrêt à l'immigration dès le départ. Il y a beaucoup d'ONG qui promeuvent cette invasion.
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