Les «propos permissifs» d'un article d'Edwy Plenel dédié à la polémique du burkini, pourraient constituer une menace pour les droits des femmes des deux côtés de la Méditerranée, estime le chercheur, docteur en Sciences politiques, Fatiha Daoudi.
RT France : Pourquoi l’interdiction du port du burkini a-t-elle provoqué une telle polémique au sein de la société française ? Un débat semblable existe-t-il au Maroc ?
Fatiha Daoudi (F. D.) : La société française est connue pour être une société de débat et j’estime que ce n’est pas à moi, Marocaine, de me prononcer sur la polémique du burkini en France. Ce qui a attiré mon attention, c’est l’article d’Edwy Plenel dans lequel le burkini est assimilé à un vêtement comme un autre. La notoriété de ce journaliste rend ses propos dangereux pour les droits des femmes.
Le port du voile, de la burqa et du burkini ne peuvent constituer une liberté puisqu’ils réduisent le corps humain à son sexe
Le burkini est un vêtement qui entrave le corps des femmes pour leur permettre d’accéder à un lieu public qui est la plage. Cela a suscité ma réaction qui est une réaction de militante des droits des femmes car les propos permissifs du journaliste pourraient constituer une menace pour ces droits des deux côtés de la Méditerranée. Plusieurs posts sur les réseaux sociaux marocains, dont mon article, ont suscité un débat sur la peur d’une régression, alors même que la Constitution marocaine protège les droits des femmes.
Si l’on commence à permettre le port du burkini, rien n’empêcherait les fous de la religion d’agresser les femmes non musulmanes
RT France : Certains opposants à l’interdiction insistent sur le fait que le burkini constitue une liberté d’expression religieuse pour les femmes et son interdiction serait la violation de ce droit. Etes-vous d’accord ?
F. D. : A mon sens, le port du voile, de la burqa et du burkini ne peuvent constituer une liberté puisqu’ils réduisent le corps humain à son sexe.
RT France : Pourquoi pensez-vous qu’en France «le burkini pourrait constituer un danger pour les femmes, toutes confessions confondues» ?
F. D. : Il me semble que si l’on commence à permettre le port du burkini et l’ouverture des piscines uniquement pour femmes, rien n’empêcherait les fous de la religion d’agresser les femmes non musulmanes sous prétexte qu’elles ne sont pas habillées dans l’espace public selon leurs normes.
Les femmes ont porté, au Maroc, le maillot dans les années soixante et le portent jusqu’à nos jours
RT France : Vous évoquez dans votre tribune les années soixante où les femmes pouvaient librement porter des maillots sur les plages dans les pays musulmans. D’où vient ce retour au burkini ? Pourquoi ?
F. D. : Les femmes ont porté, au Maroc, le maillot dans les années soixante et le portent jusqu’à nos jours sauf qu’elles sont nombreuses à l’éviter de peur de se faire agresser par des personnes sous influence de l’islam wahabite, radical, qui n’a rien à voir avec celui qui a toujours été pratiqué au Maroc.
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