La rumeur selon laquelle la Turquie a renoncé à son adhésion à l'UE veut dire qu’elle va trouver aide et amitié ailleurs dans la région, dont la Russie est un élément clé, affirme Peter Schulze, de l'université de Göttingen.
Le président russe Vladimir Poutine et son homologue turc Recep Tayyip Erdogan se sont rencontrés mardi 9 août à Saint-Pétersbourg et se sont mis d’accord sur le rétablissement des relations entre les deux pays. Le ministère allemand des Affaires étrangères a salué cette rencontre, estimant qu’il était important d’avoir une meilleure communication pour résoudre la crise en Syrie.
«Il est bien que, après que la Turquie ait abattu l’année dernière un avion de chasse russe, il y ait à nouveau un rapprochement», a déclaré mardi 9 août Frank-Walter Steinmeier, chef de la diplomatie allemande, au journal «Bild».
Il est indispensable de résoudre les problèmes des relations russo-turques pour qu’on puisse régler la crise syrienne
Peter Schulze explique que la réaction allemande ne l’a pas surpris, arguant que : «C’est un des principes fondamentaux de la politique allemande et de la politique européenne dans son ensemble, je pense, le principe d'un règlement pacifique via des négociations.»
«Naturellement, par conséquent, il est indispensable de résoudre les problèmes des relations russo-turques pour qu’on puisse régler la crise syrienne», a-t-il ajouté.
Les relations russo-turques n’ont rien à voir avec les problèmes actuels des relations entre la Turquie et l’UE
Peter Schulze convient qu’il existe dans ce cadre une petite contradiction, puisque, pour l’Allemagne, la Russie ayant aidé le gouvernement syrien, elle est partiellement responsable de l’aggravation de la situation. Mais l’Allemagne a aussi besoin de la Turquie pour répondre à ses propres exigences.
«Bien sûr, on entend quelques membres du gouvernement, particulièrement ceux du spectre politique intérieure, accuser la Russie», signale l’analyste à RT, ajoutant, cependant, «qu’ il est bien connu que l'intervention russe en Syrie a poussé le processus vers la négociation d’un accord de paix.»
Pour Peter Schulze, la rencontre des présidents russe et turc ne va pas affecter les relations entre la Turquie et l’UE. Les relations russo-turques n’ont rien à voir avec les problèmes actuels des relations entre la Turquie et l’UE, c’est-à-dire l’adhésion de la Turquie à l'UE, les déplacements sans visa, mais aussi la crise de réfugiés à laquelle fait face le bloc.
La Turquie est moins dépendante des actions de l’UE
«Mais la Russie en a profité en acceptant les excuses et en développant les relations avec la Turquie, [qui devient] son soutien enthousiaste au sein de l'OTAN», a-t-il précisé.
«A présent la Turquie est aussi dans une meilleure position parce qu’elle est en train de revenir aux relations d'avant la crise avec la Russie, particulièrement dans le domaine économique et commercial», a insisté l’analyste.
«La Turquie est moins dépendante des actions de l’UE, je dirais même, que la Turquie a renoncé tout à fait à l'adhésion à l'UE. Par conséquent, le gouvernement en place va chercher aide et amitié autour, dans la région. Un jeu où la Russie est un facteur clé», estime Peter Schulze.
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