Aux États-Unis et en Grande-Bretagne les médias ne sont pas indépendants. Ils sont chargés de guider les décideurs politiques et façonner l'opinion publique, affirme Marcus Papadopoulos, rédacteur en chef chez Politics First.
La Syrie a lancé un appel à l'ONU, affirmant que, jeudi [le 28 juillet], 45 civils ont été tués et 50 blessés lors de frappes aériennes américaines aux alentours de la ville de Manbij près d'Alep. Plus tard, le US Central Command (CENTCOM) a admis que les frappes aériennes avaient «peut-être fait des victimes civiles», mais n'a pas fourni de chiffre dans l'attente d'une enquête.
Le CENTCOM a déclaré que les frappes aériennes visaient les forces de Daesh rassemblées à Manbij. Pendant ce temps, les médias occidentaux sont resté très discrets face à ces attaques présumées qui auraient tué des dizaines de civils.
RT : Pourquoi pensez-vous que les médias occidentaux soient resté silencieux sur cette histoire, malgré un nombre important de victimes civiles ?
Marcus Papadopoulos (M. P.) : Il est très important que les gens comprennent la relation entre les gouvernements et les médias occidentaux. Les médias en Amérique et en Grande-Bretagne ne sont pas indépendants. Ils font partie des élites politiques de Washington et de Londres. Leur responsabilité, leur travail, leur devoir, est de guider ceux qui prennent les décisions en Amérique et en Grande-Bretagne, de les influencer et de recueillir un soutien interne aux objectifs de la politique étrangère américaine et britannique, quel que soit l’endroit du monde dont il s’agit.
Nous vivons dans un monde où ce genre de crimes commis par le gouvernement américain, ne seront pas présentés au public occidental
Pourquoi les médias occidentaux ont-ils à peine parlé des frappes américaines contre les civils en Syrie ? Eh bien, c’est très simple. Les médias occidentaux sont là pour mener les opérations de relations publiques des gouvernements britannique et américain. Ils sont là pour montrer l'Amérique et la Grande-Bretagne en tant que berceaux de civilisation, protecteurs, gardiens des droits de l'homme et de la démocratie. Ce n’est donc pas surprenant qu'ils ne couvrent pas ce qui était un massacre flagrant de civils en Syrie par les forces aériennes américaines.
RT : La Syrie veut que l'ONU condamne les frappes aériennes de la coalition américaine – croyez-vous que cela pourrait arriver ?
M. P. : Non, je ne le crois pas. Qui siège au Conseil de sécurité des Nations unies ? L’Amérique, la Grande-Bretagne, la France, la Russie et la Chine. Si la Russie soumettait une résolution condamnant les attaques en Syrie, rien ne se passerait, car les représentants américains et britanniques, ou leurs ambassadeurs à l'ONU, opposeraient tout simplement leur veto. Donc, malheureusement, nous vivons dans un monde où ce genre de crimes commis par le gouvernement américain, par exemple, ne seront pas présentés au public occidental.
Les médias occidentaux traditionnels font majoritairement partie des élites politiques américaine et britannique
James Kirby, le porte-parole du Département d'Etat, a eu l'audace et le culot de dire que de toutes les armées du monde, l'armée américaine est celle qui prend le plus grand soin des civils en temps de guerre. Eh bien, les gens d'Hiroshima et de Nagasaki pourraient avoir quelque chose à dire à ce sujet, étant donné que les Américains y ont largué des bombes atomiques. Le peuple du Vietnam pourraient avoir quelque chose à dire à ce sujet étant donné que les Américains y ont répandu du napalm. Les habitants de Serbie pourrait avoir quelque chose à dire à ce sujet, étant donné que les Américains y ont largué des bombes à l’uranium appauvri, provoquant de grandes augmentations des cas de cancer. Et bien sûr, les peuples d'Afghanistan et du nord du Pakistan pourraient avoir quelque chose à dire à ce sujet, compte tenu de la guerre menée par des drones américains là-bas, tuant des milliers de civils.
C’est donc vraiment risible, cette façon dont les gouvernements américain et britannique se présentent. Mais, malheureusement, il n'y aura pas de changement dans la façon dont les médias occidentaux évoquent ces atrocités. Nous appellerons un chat un chat : les Américains ont commis une atrocité en Syrie, mais cela ne sera pas exposé, parce que les médias occidentaux traditionnels font majoritairement partie des élites politiques américaine et britannique.
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