Les chiffres des victimes de la guerre des drones américaine ne peuvent être précis, parce que Washington veut qu’aussi peu d'informations que possible soient rendues publiques, affirme Russell Whiting de la Campagne pour le désarmement nucléaire.
Les États-Unis ont admis que leurs drones militaires avaient tué des dizaines de civils dans plusieurs pays. C’est la première fois que l'administration d’Obama publie des informations affichant un bilan aussi significatif.
C’est la nature de la guerre – les civils sont inévitablement pris entre deux feux
RT: Selon les estimations officielles entre 64 et 116 civils ont été tués... Pourquoi les chiffres ne sont-ils pas plus précis?
Russell Whiting (R. W.) : Je pense que la raison pour laquelle les chiffres ne peuvent être plus précis, c’est tout simplement la nature de la guerre des drones : ces drones sont évidemment sans pilote, contrôlés depuis des milliers de kilomètres. Souvent, ils font des raids de bombardements dans des pays avec lesquels ni les États-Unis ni les autres pays ne sont en guerre. Ils n’ont aucun fondement juridique pour s’y trouver et, de toute évidence, c’est dans l'intérêt de ces pays de faire en sorte qu'aussi peu d'informations que possible au sujet de ces raids que possible ne soient rendues publiques.
RT : Des journalistes d'investigation disent que plus de 250 civils ont été tués. Comment expliquez vous l’incapacité de la Maison Blanche à expliquer la différence entre ces chiffres ?
Lorsque l’on nie pendant plus d'une décennie tuer des civils, il est assez difficile d’annoncer qu'il y a des milliers de morts
R. W. : Dans le rapport qui a été publié par le groupe d’action Reprieve, nous lisons que les Etats-Unis ont même envisagé de changer la définition de ce qu'ils entendent par «civil» en menant ces raids. C’est la nature de la guerre – les civils sont inévitablement pris entre deux feux. Inévitablement, lorsque de grandes quantités d'explosifs sautent en plein air, c’est incroyablement difficile d'être précis dans les chiffres, surtout lorsqu’il s’agit d’une région où vous n’avez pas de forces sur le terrain, quand vous n’avez aucun soutien. Quant aux infrastructures, dans un grand nombre de pays de ces régions, y compris dans des endroits comme la Syrie et la frontière pakistano-afghane, où les Etats-Unis utilisent historiquement des drones - il y en a très peu pour soutenir les efforts de sauvetage qui peuvent être nécessaires.
Curtis Doebbler, un militant pour la paix et avocat spécialiste en droit international en matière de droits de l'homme, estime que «lorsque l’on nie pendant plus d'une décennie tuer des civils, il est assez difficile [d’annoncer] qu'il y a des milliers de morts».
Doebbler pense que les chiffres sont probablement plus dans les milliers. Il croit que le gouvernement américain ne veut pas dire avoir «tué tant de civils parce que [dans le cas de] chacun de ces civils tués il y a[urait] probablement une grave violation du droit international».
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