Pourquoi le groupe industriel Engie s’efforce-t-il de convaincre l’UE de soutenir la construction du gazoduc Nord Stream 2 ? Le dirigeant d'Engie, Gérard Mestrallet, donne une interview exclusive à RT.
RT : Concernant la coopération énergétique avec la Russie, pourquoi votre société s'implique-t-elle dans le projet Nord Stream 2 ?
Gérard Mestrallet : Le groupe Engie participe déjà au projet Nord Stream 1, en tant que partenaire et investisseur, et nous avons décidé de participer au projet Nord Stream 2 à hauteur de 10%. Selon nous, le Nord Stream 2 contribuera à renforcer la sécurité énergétique de l’Europe Occidentale. Nous faisons donc tout notre possible pour convaincre les dirigeants de l’UE non seulement d’autoriser, mais également de soutenir le début de la construction du Nord Stream 2.
Nous sommes persuadés que cela vaut la peine d’investir en Russie
Depuis quelques temps, la production du gaz est en déclin en Europe et notamment en Mer du Nord - au Royaume-Uni comme aux Pays-Bas. Nous serons donc obligés d’accroître les importations. Il faudra couvrir le déficit à l’aide d'exportations en provenance de Russie, ce qui exige une infrastructure appropriée. C’est pour cela que nous soutenons le Nord Stream 2 et sommes prêts à investir dans ce projet.
RT : Croyez-vous que cela vaille la peine d’investir en Russie ? Qu’est-ce que cela signifie, pour vous, faire des affaires en Russie ?
G. M. : Nous sommes persuadés que cela vaut la peine d’investir en Russie. Malgré les sanctions, l’économie russe est en train de se redresser. Il suffit de voir la dynamique du développement à Moscou, une dynamique qui montre bien l’état sain de l’économie russe. Nous avons récemment fait, avec les dirigeants de plusieurs grandes sociétés françaises comme Total, une déclaration publique incitant l’Europe à développer sa coopération avec la Russie plutôt que d’introduire et prolonger des sanctions. Le parlement français a également adopté une déclaration, il y a peu, dans laquelle le gouvernement est appelé à se débarrasser des sanctions. Beaucoup de sociétés françaises partagent cette idée. Les sanctions devraient être levées.
RT : Que pensez-vous du Brexit ?
G. M. : Je suisprofondément européen.Nous avons essayé de les convaincre de rester dans l'Union européenne, mais les Britanniques ont fait leur choix et il faut le respecter. La Grande-Bretagne est désormais un pays tiers, ce qui a une grande influence sur les questions financières. Paris a la volonté de devenir un centre financier plus actif, en compétition avec Londres. Londres qui, n’appartenant plus à l’UE, étant devenu un centre extérieur, n’offre plus les mêmes privilèges qu'auparavant pour nous.
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