Qu'apportera le Brexit du point de vue financier ? Quel avenir pour la Grande-Bretagne après cette décision ? L'économiste Henri Sterdyniak analyse les perspectives économiques du pays.
RT France : Comment la chute des marchés britanniques actuelle va-t-elle influencer l'économie britannique ?
Henri Sterdyniak (H. S.) : Nous ne connaissons pas encore les conséquences du Brexit. Il y des conséquences purement psychologiques. On ne sait pas du tout quel sera l’issue des négociations, comment le Brexit va être mis en place. Les estimations qui sont faites prévoient que grosso modo cela pourrait coûter au PIB britannique de l’ordre de 3% si effectivement les négociations aboutissent à mettre des freins au commerce entre le Royaume-Uni et l’Union européenne et que les institutions financières britanniques perdent le droit de travailler dans l’Union européenne.
C’est même plutôt normal que la livre sterling baisse après un tel événement
RT France : La livre sterling a chuté à son plus bas niveau en 30 ans. Doit-on s’en inquiéter ?
H. S. : Non, ce n’est pas très grave, le taux de change fluctue toujours beaucoup, la livre était surévaluée parce que l’économie anglaise se portait bien. C’est même plutôt normal que la livre sterling baisse après un tel événement. Cela limitera les coups du Brexit pour les entreprises anglaises puisque cela va limiter leur perte éventuelle de compétitivité.
Il n’est pas du tout utile de faire des politiques restrictives en Grande-Bretagne qui ne pourraient qu’aggraver la crise
RT France : Le ministre des Finances britannique George Osborne a proposé la réduction des dépenses et l’augmentation des impôts. Cela va-t-il être efficace dans les conditions actuelles ?
H. S. : Non, ce n’est pas du tout ce qu’il faut faire. Le problème de la Grande-Bretagne est avant tout de soutenir son investissement, d’éviter l’incertitude liée au Brexit. Il n’est pas du tout utile de faire des politiques restrictives en Grande-Bretagne qui ne pourraient qu’aggraver la crise. Il faudrait qu’en Union européenne et en Grande-Bretagne on fasse plutôt des politiques expansionnistes pour compenser l’effet de la hausse de l’incertitude liée au Brexit. Il faut plutôt augmenter les dépenses publiques et baisser les impôts.
Dans les mois à venir, on reste dans l’incertitude
RT France : Peut-on envisager un retour à la normale dans les mois qui viennent ?
H. S. : Non, dans les mois à venir, on reste dans l’incertitude puisqu’il y a grosso modo deux ans pour signer l’accord de départ et pour prévoir l’ensemble des modalités de départ. On risque donc d’avoir plusieurs, deux à trois années, d’incertitude.
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