Italie contre Allemagne : un débat sur Nord Stream 2 divise l’UE
Le Premier-ministre italien Matteo Renzi est le dernier à se prononcer contre le projet de gazoduc Nord Stream 2 soutenu par Berlin. Il entend discuter du projet lors du sommet de l’UE jeudi, selon Financial Times (FT).
D’après le FT, les Italiens estiment que le projet de gazoduc Nord Stream 2, défendu par le gouvernement d’Angela Merkel, va à l’encontre de la politique de sanctions contre la Russie. L’Italie aurait accusé l’Allemagne de placer ses besoins économiques avant la diplomatie collective.
«Nous sommes solidaires dans les sanctions, mais d’un autre côté quelques pays ou sociétés voudraient doubler [la taille de] Nord Stream», a déclaré un responsable italien.
Dix pays européens s'opposent à l'extension du gazoduc #NordStreamhttps://t.co/sLpolg8S9Tpic.twitter.com/qp6c1U2sy5
— RT France (@RTenfrancais) 27 Novembre 2015
La semaine dernière, Matteo Renzi a bloqué la prolongation automatique des sanctions contre la Russie. Selon le FT, cette initiative a été encouragée par l’irritation italienne envers l’insistance allemande de faire avancer le projet Nord Stream 2.
Des analystes donnent d’autres explications pour justifier l’irritation de Rome. Le groupe italien Eni était l’un des grands investisseurs dans le projet de gazoduc South Stream. Le projet a été annulé par Gazprom, fin de 2014, en raison des problèmes continus rencontrés par le projet en Bulgarie alors que l’Italie devait en être le principal bénéficiaire.
Suite à l’annulation de South Stream, Moscou a ensuite développer le projet de gazoduc Turkish Stream, via la Turquie. Mais après qu’Ankara a abattu un bombardier russe à la frontière turco-syrienne, ce projet semble bel et bien bloqué pour une durée indéterminée.
Dès lors, Nord Stream 2 devient nécessaire pour la Russie et l’Allemagne de façon à pallier les problèmes de transit du gaz destiné à l’Europe via l’Ukraine. Le ministre russe de l’Energie, Alexandre Novak, a mis en garde l’Allemagne et la France que Kiev pourrait faire face à une pénurie de gaz cet hiver. Cela signifie en clair que les autorités ukrainiennes pourraient ponctionner une partie du gaz russe à destination de l’Europe qui traverse leur territoire et engendrer une crise du gaz similaire à celle de 2006. Cette année-là, certains pays européens avaient dû affronter une pénurie de gaz en raison, justement, des ponctions opérées par Kiev sur le gaz qui leur était destiné.
En savoir plus : La Russie prévient la France d’une éventuelle pénurie de gaz en Ukraine
En septembre dernier, Gazprom a signé un accord pour entamer la construction du gazoduc Nord Stream 2 qui comprendra deux tubes, comme Nord Stream 1. Ils achemineront 55 milliards de mètres cubes de gaz supplémentaire chaque année vers l’Allemagne en passant sous la Mer Baltique.