La possible victoire de Virginia Raggi dans la course à la mairie de Rome témoigne de la montée de son parti anti-establishment, juge Dario Citati, directeur du Programme de recherche «Eurasie» de l'Institut des hautes études en géopolitique de Rome.
RT France : Virginia Raggi, candidate du mouvement anti-partis Cinq Etoiles, a remporté le premier tour des élections municipales à Rome. Ce résultat était-il prévisible ?
Dario Citati (D. C.) : C’est une victoire à la fois prévisible et étonnante. Etonnante parce que cette candidate n’était pas très connue avant sa campagne électorale et elle n’a pas compté sur sa popularité personnelle. Et prévisible parce que la situation à Rome est très compliquée, il y a un sentiment de contestation envers la politique en général et le mouvement Cinq étoiles était déjà favori. Il faut ajouter aussi que la droite a adopté une stratégie qui ne s’est pas révélée très compréhensible, il y a eu des confusions entre le parti de Berlusconi et la Ligue du Nord. Donc l’ensemble des supporters de la droite ont exprimé leur désaffection pour la politique et la stratégie manquée de la droite, ce qui a également déterminé la victoire de Raggi.
RT France : Que signifie sa victoire au premier tour pour le paysage politique italien ? Quel est votre pronostic pour le deuxième tour ?
D. C. : Je pense qu’il est possible qu’elle gagne au deuxième tour. A la différence d’autres partis antisystème en Europe, le mouvement Cinq étoiles ne se positionne ni à gauche ni à droite mais plutôt au centre. Dans ce mouvement, il y a un mélange de positions de droite et de gauche donc il peut capter les votes des «modérés» et non seulement des gens qui contestent la politique actuelle.
Sur le plan national il est difficile de dire en quelle mesure la victoire de Virginia Raggi pourrait changer la situation parce que Rome est une ville compliquée à gouverner et donc n’importe quelle personne qui se trouve à la tête de cette ville doit faire des compromis dans sa gestion. Mais c’est certainement un signe de l’avancée de ce parti au niveau national.
RT France : Le résultat de Virginia Raggi pourrait-il témoigner de la montée des idées eurosceptiques en Italie ?
D. C. : Non, pas du tout. Le mouvement Cinq étoiles ne fait que peu d’égard à la politique étrangère et son euroscepticisme est très modéré. Sur la politique étrangère, les aspects les plus marquants du mouvement c’est sa position favorable à l’immigration, l’idée d’une économie soutenable, une économie verte, une collaboration avec la société civile. Il y a très peu de points en commun avec les mouvements qui se disent eurosceptiques. Je ne pense pas que la victoire de Raggi pourrait augmenter l’influence des idées eurosceptiques en Italie.
RT France : En ce qui concerne le niveau européen, les idées des eurosceptiques retrouvent-elles plus d’écho aujourd’hui ?
D. C. : On parle de l’euroscepticisme mais en réalité il y a tout simplement des positions critiques envers l’Union européenne qui est très centralisée, à la différence d’une vision de l’Europe qui respecte davantage la volonté de la souveraineté des peuples. Dans ce sens-là on appelle «eurosceptiques» même des mouvements qui ne sont pas forcément contre l’intégration européenne en tant que telle mais qui voudraient un changement dans sa politique.
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