Le nouveau ministre israélien de la Défense va-t-il faire résonner les tambours de la guerre ?

Le nouveau ministre israélien de la Défense va-t-il faire résonner les tambours de la guerre ?© Ammar Awad Source: Reuters
Avigdor Lieberman (gauche) et Benjamin Netanyahou (droite)
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La nomination du néo-conservateur Lieberman au poste de ministre de la Défense d'Israël inquiète plusieurs pays. L'Etat hébreu va-t-il se lancer dans une nouvelle guerre ? se demande l'analyste politique Catherine Shakdam.

Israël a un nouveau ministre de la guerre…pardon un nouveau ministre de la Défense, pour l’amener vers des eaux plus sûres et plus calmes, ou du moins c’est ce que dit le conte. En fait non, le conte d’Israël a depuis longtemps abandonné toute ambition pacifique, du moins pas avec les Palestiniens.

Lieberman ne souhaite qu’une chose : annihiler ce qu’il perçoit comme une menace à l’intégrité d’Israël

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Le paysage politique d’Israël est en train de changer. Jusqu’ici, je pense que tout le monde est d’accord. La vraie question est : vers quoi mène ce changement ? Et plus important encore, quel impact aura ce changement sur l’équilibre géopolitique de la région ? Maintenant qu’Avigdor Lieberman est en charge de l’avenir militaire d’Israël, beaucoup de capitales du Moyen-Orient s’inquiètent, essayant d’évaluer quelles pourraient être les prochaines attaques des néo-conservateurs.

Mais vont-ils frapper ? La nomination de Lieberman pourrait en dire plus sur la volonté du Premier ministre Benjamin Netanyahou de maintenir son emprise sur l’avenir d’Israël, que sur n’importe quelle ambition d’appeler à la guerre. Pour l’instant en tout cas. Israël vient juste de faire la guerre à Gaza (été 2014). Selon le cycle de la guerre de Tel Aviv, on peut espérer 12 à 18 mois de paix relative, je dis bien relative. Difficile de regarder Gaza et la Cisjordanie et de ne pas voir un peuple sous occupation militaire. Le conflit israélo-palestinien remonte à 1948…Et aucune véritable résolution n’a encore tenu. Mais nous n’allons pas discuter de cela aujourd’hui.

«Les graines du fascisme» sont en train d’être plantées avec l’ascension de Lieberman

Aujourd’hui nous allons parler du changement de ministre en Israël.

Donc oui, Lierberman est le plus néo-conservateurs de tous les néo-conservateurs, la coqueluche de l’extrême droite, nationaliste autoproclamé qui ne souhaite qu’une chose : annihiler ce qu’il perçoit comme une menace à l’intégrité d’Israël.

Un homme célèbre pour, entre autre, «son agressivité envers les Etats arabes voisins, exige que son peuple prête serment de loyauté, et pour soutenir la déchéance de nationalité de centaines de milliers d’Israéliens arabes, ce qui lui a fait dépasser les bornes», a écrit Nathan Guttman.

Lieberman est un fils d’Israël dans toute sa splendeur : vaincre tout le monde, peu importe le prix…tout ça au nom du bien général

L’ancien Premier ministre Ehud Barak, qui a également brigué un mandat de ministre de la Défense sous Netanyahou, a prévenu que «les graines du fascisme» sont en train d’être plantées avec l’ascension de Lieberman.

Le ministre Lieberman est un fils d’Israël dans toute sa splendeur : vaincre tout le monde, peu importe le prix…tout ça au nom du bien général, évidemment.

Ce fut Robert Fisk, journaliste d’enquête renommé, qui, dans un article pour le quotidien britannique The Independent publié en 2009, écrivit : «Les Irakiens avait l’horrible Saddam…pour des raisons de bon sens je ne parlerai pas de l’étrange dirigeant de la Libye et maintenant les Israéliens ont Avigdor Lieberman, un homme qui dépasse même Ariel Sharon».

Et si la nomination de Lieberman n’avait absolument rien à voir avec la guerre ? Essayons de voir Israël de façon objective – oubliez une minute la politique étrangère, et essayez de voir les choses du point de vue du Premier ministre Netanyahou.

Tout ce qui intéresse ce Premier ministre c’est le pouvoir, pas les idéologies politiques ou le bien d’Israël

Alors que Netanyahou est toujours en haut de la pyramide politique d’Israël, sa base électorale n’est plus aussi importante qu’avant. Son poste de Premier ministre est désormais fragilisé, et il a absolument besoin d’agrandir son filet de sécurité, s’il veut battre le record du plus long mandat de Premier ministre, record que détient l’ancien Premier ministre David Ben Gourion.

Ne sous-estimez pas les ambitions politiques aveugles de Benjamin Netanyahou. Cet homme ne se voit qu’à travers le pouvoir qu’il a sur son peuple. Au bout du compte, tout ce qui intéresse ce Premier ministre c’est le pouvoir, pas les idéologies politiques ou le bien d’Israël.

Benjamin Netanyahou a donc dû piocher dans l’extrême droite pour gagner du temps et peut-être se racheter aux yeux de sa propre faction politique : le Likoud.

La guerre sera toujours au cœur de la politique d’Israël – la constante qui a permis- et permettra très probablement la survie de cet Etat

Laissez-moi vous expliquer sous un autre angle – Benjamin Netanyahou est dans une impasse. Sa popularité a baissé : même son discours habituel sur la guerre n’est pas parvenu à distraire les Israéliens du ralentissement de leur économie. Si l’Etat juif tient encore debout, courtoisie du patronat de la super puissance militaire américaine, l’état de son économie laisse à désirer. Entre l’augmentation des prix, le népotisme, les histoires de corruption et les abus de pouvoir, Benjamin Netanyahou a vu quelle tempête pouvait le frapper. Ajoutez à cela la frustration des capitales européennes face aux problèmes d’étiquetage des produits provenant de colonies illégales, ainsi que des demandes insistantes des Etats-Unis et de la France pour la paix avec la Palestine, et vous avez un Premier ministre désespéré.

Je ne dis pas qu’Israël est en train de perdre son soutien étranger, je ne fais que pointer le fait que la politique de Benjamin Netanyahou pourrait avoir exaspéré plus d’un dirigeant étranger.

Voici l’analyse qu’en a fait Aaron David Miller de CNN: «Le gambit de Netanyahou avec Lieberman reflète avant tout le désire du Premier ministre de créer une coalition qui lui permettra de garder son poste de pouvoir».

Depuis sa naissance, cet Etat a été en guerre : avec ses voisins, avec la Palestine, avec le Moyen-Orient, avec n’importe quelle nation qui remet en cause sa politique

Je suis de tout cœur avec lui ! Israël n’a pas besoin d’un Lieberman pour faire la guerre d’ailleurs. Israël a déjà un Netanyahou pour ça. J’irai même jusqu’à dire que la guerre sera toujours au cœur de la politique d’Israël – la constante qui a permis- et permettra très probablement la survie de cet Etat.

Israël ne connait que la guerre. Depuis sa naissance, cet Etat a été en guerre : avec ses voisins, avec la Palestine, avec le Moyen-Orient, avec n’importe quelle nation qui remet en cause sa politique.

Avigdor Lieberman n’est que le produit d’une idéologie politique ancrée dans la guerre, la suprématie ethnique et le sectarisme. Quelle nouvelle violence cet homme pourrait-il bien amener ?

Oui bien sûr il y a toujours le risque d’une montée de la violence contre les Palestiniens et les Israéliens arabes – mais là encore la tendance d’Israël à faire couler du sang est bien connue, et ce problème a été suffisamment abordé.

Israël est loin, très loin, d’en avoir fini avec le Moyen-Orient. Cependant CETTE réalité a peu de chances de changer avec la chaise musicale de Tel Aviv. Israël n’est pas dirigé par le Lieberman ou le Netanyahou de ce monde, mais par le courant idéologique qu’ils soutiennent. Nous devrions nous concentrer sur l’idéologie et non pas sur ses expressions. 

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Les opinions, assertions et points de vue exprimés dans cette section sont le fait de leur auteur et ne peuvent en aucun cas être imputés à RT.

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