Le projet de modification du Code du travail «détruit tout ce qui a été construit depuis 200 ans», alors que les manifestations contre cette initiative législative rencontrent «beaucoup de répression policière». Les membres de la CGT s'expliquent.
Fabrice Angei, membre du bureau confédéral de la CGT :
RT France : D’après vous, quels sont les traits négatifs du projet de la Loi Travail ? Pourquoi manifestez-vous en faveur de son retrait ?
Fabrice Angei : Ce projet détruit tout ce qui a été construit par la lutte des salariés depuis 200 ans, et le Code du Travail qui donne des garanties aux salariés. Cela veut dire que ce projet-là, c’est le libéralisme à tous crins , c’est le fait de donner les pleins pouvoirs à l’employeur pour qu’il puisse réglementer la vie du salarié durant le travail mais aussi hors du travail, en modifiant le nombre d’heures travaillées. Il [l’employeur] a désormais le pouvoir de licencier quasiment du jour au lendemain un salarié sans qu'il n'ait commis aucune faute, du simple fait qu’il ait des difficultés économiques.
Donc l’employeur et les actionnaires n’ont que peu de risques, et le risque, ce sont les salariés qui le portent.
C’est une loi de régression sociale qui nous ferait retourner au XIXe siècle
En mettant à mal tous les droits [relatifs] à la sécurité, à l’emploi, aux protections sociales, aux garanties qu'ont gagnées les salariés. C’est pour cela aussi que les jeunes manifestent, parce qu’ils ne veulent pas une société de précarité.
Depuis le début du mouvement, il y a eu beaucoup de répression policière
RT France : Si ce projet de loi est adopté, même sans modifications, quelles seront les actions de la CGT ?
Fabrice Angei : Nous, on se bat pour que ce projet de loi ne soit pas adopté, et ce qu’on constate aujourd’hui, c’est qu’on a un gouvernement qui est en recul, sur la défensive, qui est très fragilisé. Le rapporteur de la loi a déclaré qu’à ce jour, il y avait une grande probabilité qu’il n’y ait pas de majorité au sein du groupe socialiste pour voter ce projet de loi, et par conséquent, dans l’état actuel, ce projet a toutes les chances de ne pas être voté.
Aujourd’hui le rapport de forces, y compris de l’opinion, est du côté des salariés et des jeunes.
Sophie Binet, Secrétaire générale adjointe de l'Union générale des ingénieurs, cadres et techniciens (UGICT-CGT) :
RT : Nous savons que plus d’une centaine de personnes, des militants, ont été arrêtés par les forces de l'ordre. Y a-t-il une violence affichée par les forces de l'ordre ?
Sophie Binet : Depuis le début du mouvement il y a eu malheureusement beaucoup de répression policière, que ce soit en direction des syndicalistes, des salariés ou des jeunes. Notamment, il y a deux semaines un lycéen a été battu très violemment par des policiers devant son lycée. Malheureusement pour le gouvernement, maintenant on peut filmer. Une vidéo a donc circulé sur les réseaux sociaux et a permis de démontrer que le lycéen n’avait rien fait, qu’il était déjà à terre et que la violence était totalement gratuite. On sait qu’il y a beaucoup d’autres endroits en France où des répréssions policières totalement injustes se sont produites contre des manifestants, des jeunes et des salariés étaient mobilisés.
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