Jacques Sapir est directeur d’Études à l’ École des Hautes Études en Sciences Sociales, dirige le Centre d'Études des Modes d'Industrialisation (CEMI-EHESS), le groupe de recherche IRSES à la FMSH

La fin de l’union bancaire?

La fin de l’union bancaire?© Toby Melville Source: Reuters
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Les récentes crises ont lourdement touché l'économie européenne. D'après l'économiste Jacques Sapir, les perspectives de l'Union bancaire sont douteuses. Explications.

Dans le mouvement de baisse que l’on observe sur les principales places boursières européennes, les sociétés les plus attaquées sont les banques. Ceci n’est pas étonnant car une crise bancaire larvée est en train de se développer au sein de la zone euro. Cette crise peut avoir des causes techniques très différentes, d’un pays à l’autre, voire d’une banque à l’autre. Mais, la simultanéité de ces crises est un signe qui ne trompe pas. De même, la réaction des autorités nationales, passant sur le ventre des règlements européens de «l’Union bancaire», est, elle aussi, un signe révélateur.

L’Union bancaire, annoncée à cors et à cri par les européistes de tout poil ne fonctionne tout simplement pas

Cette crise a commencé au Portugal et s’est ensuite propagée en Italie. Dans ce dernier pays, quatre établissements sont en graves difficultés. Le montant des mauvaises dettes (soit des impayés) dans leur bilan dépasse les 15%. Les raisons sont diverses. Pour certaines de ces banques, c’est la situation des petites et moyennes entreprises auxquelles elles avaient prêté, qui est la cause de la montée des «mauvaises dettes». Pour d’autres, il s’agit d’opérations hasardeuses sur les marchés financiers. Mais dans un cas comme dans l’autre, le problème de fond reste le même : la dépression de l’économie italienne, où le PIB par habitant est aujourd’hui au niveau des années 2000-2001. Et l’on voit bien où est l’origine du problème : l’euro.

Plus intéressant encore, la crise s’est étendue à l’Allemagne, avec les difficultés rencontrées par Deutsche Bank, dont les CDS (des assurances de crédit ou «Credit Default Swap») ont fortement augmenté ces derniers jours. Cette hausse des CDS indique l’inquiétude des opérateurs.

La re-nationalisation des sauvetages bancaires sera un clou supplémentaire dans le cercueil de l’euro

La direction de cette banque a multiplié depuis le 8 février les déclarations rassurantes sur sa santé. Mais, on sait bien que si la situation de la banque ne posait pas de problèmes, ces déclarations ne seraient pas nécessaires. On sait aussi que, quel que soit le montant des réserves de liquidités de la banque, si les partenaires de cette dernière perdent confiance, ou ont simplement un doute, sur sa liquidité, l’interruption du crédit interbancaire sera immédiate. Rappelons qu’en 2008 la banque Bear Stearns avait été mise en faillite en 24 heures à cause d'un problème de ce type.

Il est clair que Deutsche Bank est incommensurablement plus importante que ne l'était Bear Stearns. Deutsche Bank est ce que l’on appelle une «banque systémique». Le gouvernement allemand ne pourra pas la laisser faire faillite.

Le problème, c'est que dans le cas du Portugal et dans celui de l’Italie, ce sont les autorités nationales qui ont dû agir. Les sauvetages bancaires, dont on prétendait qu’ils seraient désormais réalisés par la BCE sont en réalité faits par les autorités nationales. L’Union bancaire, annoncée à cors et à cri par les européistes de tout poil ne fonctionne tout simplement pas. On risque de le voir à nouveau avec le cas de Deutsche Bank en Allemagne. La re-nationalisation des sauvetages bancaires sera un clou supplémentaire dans le cercueil de l’Euro.

Source : russeurope.hypotheses.org

DU MÊME AUTEUR : France : Sortir de l’euro pour retrouver la compétitivité

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