Christophe Caupenne est ancien négociateur de l’unité d’élite du RAID et le fondateur du cabinet Caupenne Conseil. Il dirige plusieurs sociétés de sécurité privé.
RT France : Les attentats du 13 novembre ont-ils eu une incidence sur la sécurité privée ?
Christophe Caupenne : Oui on a clairement constaté une multiplication des demandes, dans une urgence à laquelle il est parfois difficile de répondre, puisque depuis les attentats de novembre nos demandes ont augmenté de plus de 60%. Les dirigeants se sont rendu compte que des pans entiers de dispositifs de sécurité n’étaient pas adaptés et que ceux qu’ils croyaient en place ne l’étaient pas. Ils ont découvert des failles dans leurs procédures, dans leurs systèmes ; et c’est donc surtout face à ce constat de vulnérabilité que nous agissons : nous avons beaucoup de demandes d’audits de sécurité avec préconisation. Par exemple, que faire si un tireur rentre dans un bâtiment et déclenche une fusillade ? Les gens ne savent pas quoi faire : est-ce qu’on évacue ? Est-ce qu’on confine ? Les dispositifs actuels ne prévoient rien à ce sujet.
RT France : Y –t-il des demandes spécifiques post attentats ?
Christophe Caupenne : Beaucoup de nos clients veulent en priorité se remettre aux normes en matière de sécurité. Infrastructures, équipements de vidéosurveillance…La traçabilité est aussi extrêmement importante concernant tous ces dispositifs techniques car il ne suffit pas de constater : aujourd’hui la justice a besoin de preuves. On ne peut pas juste dire « il a commis des actes. » Il faut pouvoir prouver aux magistrats et aux enquêteurs que l’individu incriminé a fait du repérage par exemple. Nos systèmes de verrouillage qui permettent de sanctuariser des zones entières en cas de pénétration d’un bâtiment par un individu dangereux sont aussi très demandés. En général les tireurs ne s’embêtent pas, ils passent par l’entrée générale car de toute façon ils veulent faire le maximum de victimes. Donc nos dispositifs permettent au personnel d’accueil de verrouiller les entrées avec un bouton dès qu’un individu suspect est repéré. On peut bloquer les tourniquets, les ascenseurs….L’essentiel c’est d’avoir un dispositif qui permettent d’agir le plus rapidement possible. Ça se joue souvent à quelques secondes vous savez !
RT France : Que faut-il faire concrètement, si un individu armé entre dans nos bureaux ?
Christophe Caupenne : Le gouvernement a mis en place un système d’affichettes avec des pictogrammes qui sont basés sur trois principes : d’abord tenter de fuir la zone où se déroule l’agression, avec la nécessité d’empêcher que d’autres personnes se rendent dans la zone à risque.
S’ÉCHAPPER, SE CACHER, ALERTER, des instructions pour réagir en cas d’attaque terroriste >> https://t.co/dMayQn85U4pic.twitter.com/dLImHFgzLn
— Gouvernement (@gouvernementFR) 4 Décembre 2015
Donner l’alerte le plus vite possible dès qu’on est à l’abri pour que les forces de l’ordre puissent intervenir et enfin éviter que le tireur pénètre dans l’endroit où on s’est retranché et se barricader ou se cacher derrière des murs porteurs. Les américains eux sont allés plus loin après les attentats sur le World Trade Center : pour eux, il faut envisager sauter sur l’agresseur pour le neutraliser. Dans cet esprit, nous proposons aussi des cours d’auto défense, mais nous nous faisons surtout le relais des mesures du gouvernement. C’est très important d’avoir une cohésion des mesures et de ne pas surenchérir avec des propositions qui risqueraient d’angoisser davantage les gens. Après bien sûr, nous avons des réponses personnalisées pour chaque demande.
RT France : Pour résumer, quelles sont les priorités de vos clients depuis le 13 novembre ?
Christophe Caupenne : Les audits viennent en premier, avec les études de vulnérabilité. Ensuite nous avons la réalisation des procédures, avec la mise en place de mesures adaptées aux nouvelles menaces, et en 3ème position, nous avons la formation du personnel et des agents de sécurité. Autrefois on pensait qu’avoir un vigile suffisait, et puis on s’est rendu compte que ça ne servait à rien d’en avoir si ces gens n’étaient pas formés aux nouveaux besoins. Par exemple, si on dit à un agent de ne laisser personne entrer avec un objet suspect, il faut au préalable définir ce qu’on entend par objet suspect. Nos formations permettent d’élargir les compétences du personnel de sécurité.
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