Le dirigeant russe, qui doit arriver le 18 juin au soir en Corée du Nord en visite d'État, a publié une tribune dans le quotidien nord-coréen Rodong Sinmun, saluant l'amitié qui lie la Russie à la Corée du Nord mais aussi le «ferme soutien» de Pyongyang en Ukraine.
À la veille de ma visite d’État en République populaire démocratique de Corée, j’aimerais partager mes réflexions avec les lecteurs coréens et étrangers du quotidien Rodong Sinmun sur les perspectives de partenariat entre nos États ainsi que leur rôle dans le monde d’aujourd’hui.
Riches de traditions historiques glorieuses, les relations d’amitié et de bon voisinage entre la Russie et la Corée du Nord reposent sur les principes d’égalité, de respect et de confiance mutuels et remontent à plus de sept décennies. Nos peuples gardent précieusement le souvenir de leur lutte laborieuse commune contre le militarisme japonais, honorent leurs héros tombés. En août 1945, les combattants soviétiques se battant coude à coude avec les patriotes coréens, ont repoussé l’armée japonaise du Guandong, libéré des colonisateurs la péninsule de Corée, ouvert au peuple coréen la voie vers un développement autonome et indépendant. Le symbole de la fraternité d’armes entre les deux peuples est le monument sur la colline Moran érigé en 1946 au cœur de Pyongyang pour commémorer la libération de la Corée par l’Armée rouge.
Ayant établi des liens diplomatiques avec ce pays, l’Union soviétique a été la première au monde à reconnaître la jeune République populaire démocratique de Corée. Dès le 17 mars 1949, lors de la première visite à Moscou de Kim Il-sung, le fondateur de la République populaire démocratique de Corée du Nord, l’Accord de coopération économique et culturelle entre l’USSR et la Corée du Nord a été signé, ce qui a donné une assise juridique au renforcement ultérieur de la coopération bilatérale. Notre pays a aidé nos amis coréens à bâtir leur économie nationale, à gérer leur système de santé, à développer leur domaine scientifique et celui de l’enseignement, et à former des professionnels administratifs et techniques.
En ces temps difficiles de la guerre patriotique de libération de 1950-1953, l’Union soviétique s’est précipitée également pour tendre la main au peuple coréen et l’a soutenu dans la lutte pour l’indépendance. Elle a contribué grandement par la suite à rétablir et à renforcer l’économie nationale du jeune État coréen et à restituer la paix.
Ma première visite à Pyongyang en 2000 et la visite de retour du président du Comité de la Défense nationale de la Corée du Nord Kim Jong-il l’année suivante, ont été de nouveaux jalons importants dans les relations de nos pays. Les déclarations bilatérales signées à ce temps-là ont déterminé les priorités et les axes essentielles de notre partenariat multi-facette constructif pour les années à venir.
«Nous apprécions beaucoup le soutien ferme de la Corée du Nord à l’opération militaire spéciale en Ukraine»
Le dirigeant au pouvoir de la République populaire démocratique de Corée du Nord Kim Jong-un suit fermement la ligne tracée par ses prédécesseurs, hommes d’État éminents et amis du peuple russe, Kim Il-sung et Kim Jong-il. Je m’en suis assuré une nouvelle fois dans le cadre de notre rencontre en Russie qui s’est tenue en septembre dernier au cosmodrome Vostotchny.
Aujourd’hui comme à l’époque, la Russie et la République populaire démocratique de Corée développent activement leur partenariat multiforme. Nous apprécions beaucoup le soutien ferme de la Corée du Nord à l’opération militaire spéciale en Ukraine, la solidarité concernant des enjeux clés à l’échelle internationale, la volonté de défendre les priorités et les positions communes au sein de l’Organisation des Nations unies. Pyongyang était notre compagnon d’idées fervent et allié prêt à faire front résolument aux intentions de l’Occident collectif d’empêcher l’établissement d’un monde multipolaire fondé sur la justice, le respect mutuel et la souveraineté autant que sur le respect des intérêts réciproques.
«Les États-Unis et leurs satellites déclarent ouvertement que leur objectif consiste à infliger une défaite stratégique à la Russie»
Les États-Unis d’Amérique font feu de tout bois pour imposer au monde le modèle prétendument fondé sur des règles qui n’est en réalité rien d’autre que la dictature néocoloniale mondiale fondée sur le principe de deux poids deux mesures. Les pays qui ne sont pas d’accord avec une telle approche et qui mènent donc une politique indépendante, se trouvent face à une pression extérieure de plus en plus forte. Les autorités des États-Unis qualifient cette tendance naturelle et légitime à l’autonomie et l’indépendance de menace envers leur domination dans le monde.
Les États-Unis et leurs satellites déclarent ouvertement que leur objectif consiste à infliger une défaite stratégique à la Russie. Ceux-ci s’efforcent de faire traîner et attiser davantage le conflit en Ukraine qu’ils ont eux-mêmes provoqué en ayant soutenu et orchestré un coup d’État armé de 2014 à Kiev et ensuite, la guerre dans le Donbass. Cependant, au fil de toutes ces années, ils ont à chaque fois rejeté toutes nos tentatives de résoudre la situation de manière pacifique. La Russie était et sera ouverte à un dialogue sur un pied d’égalité concernant tous les problèmes les plus complexes. C’est ce que j’ai évoqué récemment, lors de ma rencontre avec des diplomates russes à Moscou.
En même temps, au contraire, nos adversaires continuent d’approvisionner le régime néonazi de Kiev en argent, en armes et en renseignement. Ils l’autorisent et l’incitent techniquement à utiliser des armes et véhicules militaires occidentaux de pointe pour frapper le territoire russe et, le plus souvent, délibérément des cibles civiles. Ils menacent d’envoyer en Ukraine leurs contingents militaires tout en cherchant à épuiser notre économie par de nouvelles sanctions et à provoquer les tensions sociales et politiques dans le pays.
«Nous voyons la force, la dignité, le courage avec lesquels le peuple nord-coréen lutte pour sa liberté»
Mais quels que soient leurs efforts, toutes leurs tentatives pour contenir et isoler la Russie ont échoué. Nous continuons avec confiance à renforcer notre potentiel économique, à développer l’industrie, les technologies, les infrastructures, la science, l’enseignement et la culture.
Il est réjouissant que nos amis coréens, malgré les pressions économiques de longue date, les provocations, le chantage et les menaces militaires de la part des États-Unis, défendent leurs intérêts de manière efficace. Nous voyons la force, la dignité, le courage avec lesquels le peuple nord-coréen lutte pour sa liberté, sa souveraineté et ses traditions nationales. Il montre des résultats colossaux, de véritables avancées en renforçant sa défense et sa puissance technologique, scientifique et industrielle. Les autorités du pays avec son dirigeant Kim Jong-un ont souhaité à plusieurs reprises résoudre les différends de manière pacifique. Cependant, Washington, refusant de respecter les accords conclus précédemment, ne cesse de présenter de nouvelles exigences, toujours plus strictes et délibérément inacceptables.
Sans cesse, la Russie a soutenu et continuera de soutenir la République populaire démocratique de Corée et le peuple coréen dans sa résistance héroïque contre un ennemi perfide, dangereux et agressif, ainsi que dans sa lutte pour son indépendance, sa souveraineté et son droit de choisir sa propre voie de développement.
«Nous allons développer des mécanismes de commerce et de paiements alternatifs, échappant au contrôle de l’Occident»
Nous sommes prêts à une coopération étroite afin de rendre nos relations plus démocratique et plus stables. Nous allons développer des mécanismes de commerce et de paiements alternatifs, échappant au contrôle de l’Occident, de faire face ensemble aux restrictions unilatérales illégitimes. En même temps, nous allons construire une sécurité égale et indivisible en Eurasie.
Evidemment, nous allons étendre la coopération intellectuelle. Nous envisageons de renforcer les échanges académiques entre les universités russes et nord-coréennes, de multiplier les voyages touristiques, les échanges culturels, pédagogiques et sportifs. Nous allons donc faire tout ce qui rend plus humaine la communication entre les nations et les peuples dans le sens d’un renforcement de la confiance et de la compréhension mutuelle.
J’en suis fermement convaincu : c’est grâce aux efforts conjoints que nous pourrons apporter notre coopération bilatérale à un niveau encore plus élevé. Cela contribuera au partenariat mutuellement bénéfique et égal entre la Russie et la Corée du Nord, renforcera notre souveraineté, nos échanges commerciaux et économiques, approfondira les contacts intellectuels et finalement améliorera le bien-être des deux peuples.
Je souhaite une bonne santé au camarade Kim Jong-un, ainsi que la paix et beaucoup de succès sur la voie du développement au peuple ami nord-coréen.